Vous avez l’impression que le peuple français est aujourd’hui violent avec ses gouvernants ? L’histoire nous prouve que nous sommes des bisounours à côté de nos Jean et Marie d’autrefois ! Un bon exemple est le sort réservé à Concino Concini en 1617.
L’Italien s’est fait tuer, mais comme cela n’était pas assez pour soulager toutes les tensions qu’il avait créées, son cadavre a subi un massacre en règle.
Dans ce court article, je vous présente comment nous en sommes arrivés là et je vous dévoile les détails du saccage du cadavre.
Cette affaire Concini prouve encore une fois de plus qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité du peuple français à jouer les sauvages quand les politiques se croient au-dessus de tout. À bon entendeur, salut !
Le massacre de Concini en vidéo !
Durée de la vidéo : 9 minutes
Comment un Italien comme Concini a-t-il pu devenir marquis d’Ancre, Maréchal de France et proche conseiller du pouvoir ?
Pour comprendre comment un Italien a pu devenir si important, nous devons remonter 7 ans avant sa mort. Quand Henri IV est assassiné par le vilain rouquin Ravaillac en 1610, la Reine, l’étrangère Marie de Médicis obtient un double rôle : elle devient la régente du Royaume de France et doit s’occuper d’éduquer le roi de France, Louis XIII, qui n’a que 9 ans.
Nous sommes sur une autre paire de manches que la maman à temps partiel qui se plaint d’aller chercher ses enfants à l’école et de faire des pâtes au microondes le soir. Mais, Marie de Médicis est une femme de caractère. Encore mieux, elle est une femme de pouvoir. Elle va mener sa barque comme un Éric Tabarly.
Pourtant, les places sont chères à la tête du Royaume de France. Personne ne pardonne à Marie de Médicis d’être italienne et de privilégier certaines alliances politiques comme celle avec l’Espagne.
Pour l’aider à gérer le royaume, elle a la bonne idée de s’acoquiner avec un couple d’Italiens : Léonora Dori, que l’on surnomme la Galigaï, et son mari, Concino Concini. Oui, ses parents avaient pensé que cet ensemble prénom + nom, Concino Concini, était joli. Voici une belle preuve que les Italiens n’ont pas toujours bon goût.
Pendant que nos trois Italiens sont les maîtres de la France, notre roi de France joue encore aux Lego. Si aujourd’hui, tout le monde ne comprend pas encore que certaines alliances de cœur, d’école ou de loge suffisent pour obtenir un poste important, nos ancêtres ne mettent pas longtemps pour se dire que des mangeurs de pizzas à la tête de la France est une situation inquiétante.
Bientôt, le trio italien devient détesté comme une caravane de gitans qui s’installe dans le champ à côté de chez vous. On ne les connait pas encore, mais on est persuadé d’une chose : ils volent ou vont voler nos sous !
Pour chauffer les hommes du peuple qui exigent toujours la pudeur et la vertu chez leurs autres alors qu’ils rêvent eux-mêmes de culbuter la femme de l’aubergiste sur le bar, les rumeurs les plus folles circulent.
Marie, Concino et Léonora auraient des mœurs sexuelles étranges. Qui couche avec qui ? Ou plutôt, couchent-ils tous ensemble ? Aujourd’hui, cela ferait un navet sur Netflix pour éduquer les enfants à la débauche et à l’absence de morale. Au XVIIe siècle, une telle situation effraie.
Au fil des années, les conflits politiques se multiplient. Je ne les énumère pas. Retenez juste que rien ne s’améliore, sauf la taille des poches du couple d’Italiens. Concini, que l’on francise souvent en Conchine, ne sait plus où mettre tout l’argent qu’il récolte grâce à son influence sur Marie de Médicis.
Il devient un beau cumulard digne d’un politique français du XXe siècle. Il devient marquis d’Ancre, gouverneur de Pérone, de Roye, de Montdidier et termine maréchal de France trois ans seulement après la mort d’Henri IV.
Mais, savez-vous quel est le problème de ces puissants qui se servent sans honte ? Ils ne savent jamais où est la limite et pousse jusqu’à ce que le bouchon explose.
Concini assassiné à cause de son arrogance
Concini se montre d’une arrogance olympique. Lui aussi aurait été capable de balancer à un pauvre « Moi, si je traverse la rue, je vous trouve du travail ». Et bien, mon Concini, tu vas bientôt traverser un porche et tu vas trouver du métal à la place d’un job pourri payé au SMIC !
Cela fait plusieurs années que Louis XIII a vu pousser ses premiers poils pubiens. Sa mère devient encombrante et ne s’écarte jamais totalement pour que le roi gouverne, alors que la régence est officiellement terminée depuis 1614. Il doit faire quelque chose sous peine de finir en roi qui n’a jamais régné. Il n’est pas un dernier roi fainéant mérovingien quand même !
L’affaire n’est pas simple. Il est le roi, mais Concini dispose d’une immense fortune, de forts liens diplomatiques et d’une véritable armée. L’arrestation étant compliquée, il existe une solution plus simple : le meurtre.
Il charge des fidèles de la réalisation de la manœuvre. Parmi eux, il y a le duc de Luynes. Je l’ai déjà évoqué dans ma vidéo sur le Cardinal de Richelieu. Le duc de Luynes a été un ami, un influenceur et même probablement plus, un amant de Louis XIII.
Le 24 avril 1617, Concini vit ses dernières heures. Comme toujours, il est entouré de ses gardes au moment de franchir l’entrée du château du Louvre. Mais, ce coup-ci, il ne rencontre pas des révérences et des sourires d’hypocrites.
Le capitaine des gardes, le baron de Vitry, accompagné d’autres hommes l’abattent. Il reçoit plusieurs balles de pistolet. Puisque les Italiens sont connus pour être de grands simulateurs, Concini est terminé à coups d’épée. Voilà comment les Français traitent la charogne ! Défiguré, avec l’intestin sur le front et un trou dans le corps digne d’un obus de Verdun, Concini est mort !
Notez que les conditions de cet assassinat sont connues, mais les détails sont incertains. A-t-on voulu arrêter Concini avant de le faire tuer ? A-t-il été le premier à dégainer son arme ou s’est-il fait descendre comme un vulgaire caïd de cité à Marseille ?
Une chose est sûre : sa mort fait des heureux. Louis XIII jubile. Il est débarrassé d’un rival important et vient de montrer au reste du royaume que l’enfant est devenu homme. Encore mieux, l’homme est devenu roi !
Sa femme n’est pas assassinée… mais est condamnée à mort !
Je fais une courte parenthèse avant le déluge de sauvagerie sur le cadavre pour évoquer le sort de la femme de Concini.
La Galigaï n’est pas assassinée. Sans son mari, son influence est fortement réduite. Mais, n’imaginez pas que le pardon ou l’ignorance l’attend. Elle est arrêtée, très longuement interrogée sur une période de plusieurs mois et jugée. Le verdict ne fait aucun doute : coupable.
L’Italienne est condamnée pour trahison. Cet acte est terrible, mais ne suffit pas pour en finir avec elle. On ajoute donc le grand classique de l’époque : les juifs ! Elle est accusée de pratiquer la médecine juive. Ne me demandez pas en quoi consiste la médecine juive de l’époque. Je pense que cela n’a rien à voir avec le docteur Cohen qui vous dit quoi manger ou un chirurgien Franco-Israélien qui vous ajoute des implants mammaires en promotions.
Mais, a-t-on vraiment besoin de rentrer dans les détails ? Elle trahit et on vous dit qu’elle se comporte comme une juive, que vous faut-il de plus ? En tout cas, à l’époque, cela vous aurait probablement suffi pour être satisfait de sa sentence : la peine de mort.
Car oui, Léonora n’est pas assassinée, juste exécutée. Elle est décapitée le 8 juillet 1617 et son corps est brûlé.
Quel sort a été réservé au cadavre de Concini ?
Je fais un petit retour en arrière dans le temps. Revenons au mois d’avril, à la mort de Concini. Il n’est évidemment pas enterré avec les honneurs. Mais, dans un premier temps, sa dépouille est respectée puisqu’il est enterré dans une église.
Pour le peuple, l’idée de ne pas pouvoir savater un corps d’Italien qui leur a dit quoi faire pendant plusieurs années est inconcevable :
« Mais bordel, où sont passées nos traditions ? Si l’on commence par accepter des enterrements dignes pour les ennemis, quelle est la suite ? Va-t-on finir par ne plus torturer les condamnés avant de leur trancher la tête ? Ne devenons pas efféminés ! »
Petit exercice drôle : à votre avis, que penserait ce peuple du XVIIe siècle si on leur disait comment on traite nos tueurs d’enfants, nos violeurs et nos terroristes ? Et bien, après avoir purgé quinze ans de prison, ils obtiennent des diplômes d’enfants en échec scolaire et ont le droit de sortir de la prison pour se réadapter avant de retrouver pleinement leur liberté. Tout le monde a le droit à une deuxième chance.
Je suis à peu près sûr que nos ancêtres se découperaient les testicules de peur de voir la France devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Bref, j’arrête ma parenthèse déprimante et je reviens à 1617 et à Concini. Le peuple se rue sur l’église qui abrite son corps et creuse : « Mais, à quelle profondeur se trouve le cadavre puant du Rital ?! ». Le voilà !
On se saisit du corps et on l’emmène pour une tournée dans Paris. La populace décide de faire avec le cadavre tout ce qu’elle n’a pas pu faire avec l’homme vivant. Il est lapidé et frappé à coups de morceaux de bois.
Est-ce que vous avez quelques plaintes de personnes qui sont trop loin pour voir la scène ? En tout cas, la générosité n’est pas morte. Il faut que tout le monde puisse profiter de l’œuvre. Certes, ce n’est pas Mona-Lisa, mais un Massacro-Concino doit être vu par le maximum de Parisiens et de Parisiennes.
Son corps est pendu sur le pont Neuf et on le charcute. Nul doute que nos ancêtres devaient avoir une meilleure connaissance du corps humain que nous autres. J’ai l’impression que toutes mes vidéos sur cette époque se terminent en dépeçage ! Puis, comme à la Saint-Jean, la fête ne serait pas complète sans un petit feu. Les restes de Concini, qui ne sont plus très nombreux, sont brûlés.
Concini était l’homme qui conseillait et manipulait en 1616. Il n’a pas cru les quelques proches qui lui conseillaient de quitter le royaume, car les ennemis se réveillaient et que le peuple grognait. Il a voulu perdurer. Il lui fallait toujours plus de pouvoir et plus d’argent. Et puis, il pensait qu’un homme comme lui était trop grand pour tomber aussi facilement… Quel manque de jugement ! Un an plus tard, Concini était tué et son corps profané.
Vive la France, vive la sauvagerie !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).