Les assassinats politiques qui ont changé l’histoire de France !

Il n’y a pas que les Américains qui commettent des meurtres politiques célèbres ! Nous aussi, Français, savons dessouder ceux qui nous contredisent trop.

Certes, nous n’avons pas d’épisode récent digne d’un John Fitzgerald Kennedy abattu devant la foule. C’est même pire : nous devenons timides. Nos affaires récentes, comme la mort du ministre Robert Boulin en 1979, sont maquillées en suicide.

Il faut donc retourner dans le passé pour revoir un peu de notre panache meurtrier.

J’ai sélectionné 9 assassinats politiques majeurs dans l’histoire de France et je les ai classés par ordre d’importance de façon totalement subjective.

Henri IV – le 14 mai 1610

assassinat henri iv

Mon premier choix me semble obligatoire : l’assassinat d’Henri IV en 1610. Je l’avais déjà longuement traité dans l’une de mes premières vidéos sur la chaîne. Son assassin est François Ravaillac. Ce pauvre type n’est pas un grand intellectuel qui commet un meurtre politique avec un plan stratégique derrière.

C’est un raté issu d’une famille de gens malhonnêtes qui décide de combiner sa folie à un mélange de fanatisme religieux et d’idées politiques. C’est pour cette raison que je le mets dans cette liste, même si le meurtre semble moins politique que d’autres dans ma liste, et je le mets en première place, car tuer un roi de France en pleine rue, ça ne mérite pas une autre place.

Ravaillac voulait tuer un roi de France hérétique qu’il imaginait vouloir tuer les catholiques. Ses coups de couteau infligés rue de la Ferronnerie le 14 mai 1610 sont peut-être la seule chose qu’il a réussie dans sa vie de minable.

Le roi de France que l’on surnommait « Le Vert Galant » laisse le peuple français en deuil. Pour cet acte, Ravaillac remporte l’une des condamnations à mort les plus barbares de notre histoire. Brûlures, amputation, arrachage des tétons, écartèlement… Ce n’est plus une exécution, c’est un récital des talents humains en matière de cruauté !

Je précise que je n’ai pas le temps de traiter entièrement la question dans la vidéo, mais depuis quatre siècles, des spécialistes font, comme pour toutes les morts célèbres, des enquêtes pour trouver l’existence d’un complot plus important qu’un simple meurtre commis par un déséquilibré. Il y a des pistes intéressantes, mais pas de certitudes.

Duc d’Enghien – le 21 mars 1804

Mon choix de mettre Henri IV en première place vous a fait froncer un sourcil ? J’accepte et je suis sûr que le second mettra tout le monde d’accord : la mort du Duc d’Enghien le 21 mars 1804.

Quoique, je vois déjà vos critiques. Le Duc d’Enghien n’a pas été abattu dans la rue comme un vulgaire badaud qui rencontre un brigand. Il a été arrêté et jugé. Ce n’est pas un assassinat. Oui, mais…

Entre nous, même si je fais partie des gens qui aiment l’Empereur, la mort du Duc d’Enghien ressemble-t-elle réellement à un acte de justice ou à un meurtre politique ?

Je conçois que Napoléon en avait assez des royalistes qui faisaient tout pour le faire tomber. Et par exemple, je trouve que guillotiner Georges Cadoudal était logique.

Mais, aller à l’étranger pour arrêter un exilé, le ramener en France, le juger dans une parodie de procès, le condamner sans qu’aucune preuve valable n’existe et le tuer dans la foulée, en pleine nuit, comme un moins que rien…

Pour moi, ce n’était pas de la justice, mais un assassinat politique !

Jean Jaurès – le 31 juillet 1914

assassinat jean jaures

Avançons cent ans plus tard avec un meurtre retentissant : celui de Jean Jaurès le 31 juillet 1914.

Cet homme politique de gauche a laissé son nom dans l’histoire et même un journal que personne ne lit désormais, l’Humanité. Durant sa vingtaine d’années de députation, il a soutenu le régime républicain à une époque où, la République n’était pas vue comme la seule solution possible.

Mais, sa mort n’est pas liée à un royaliste ou un nostalgique du Second Empire. C’est son pacifisme qui l’a tué.

Les années précédant la Première Guerre mondiale, Jaurès n’aboie pas avec le reste de la meute pour menacer les Allemands. Il se bat même contre la loi qui étend le service militaire à trois ans et soutient l’idée d’une grève générale des ouvriers en cas de déclenchement de la guerre.

Son problème est qu’il se retrouve un peu comme un chien qui lèche au lieu de mordre dans un combat canin. Les méchants, ça existe. En plus, le sien en porte le nom depuis sa naissance : Raoul Villain.

Cet étudiant nationaliste abat Jaurès en tirant depuis une fenêtre pendant que Jaurès, en intellectuel typique de gauche, se trouve à 22h dans un café au lieu de dormir comme un mec qui bosse tôt le lendemain.

Malgré ce meurtre avec témoin, Raoul profite d’une justice que l’on peut qualifier de clémente, puisqu’il est acquitté en 1919. On vient juste de gagner la guerre contre les Boches, donc on ne va quand même pas condamner un homme qui a dessoudé un récalcitrant en 14. On pousse même le bouchon un peu loin, en obligeant la veuve de Jean Jaurès à payer les frais de justice. Comme quoi, les décisions incompréhensibles prises dans les tribunaux ne datent pas d’hier !

Une forme de justice ne surviendra qu’en 1936 quand Raoul Villain sera tué par des anarchistes en Espagne.

Duc de Guise – le 23 décembre 1588

assassinat duc de guise

Jean Jaurès est mon assassinat le plus récent. Je reviens dans le passé et plus précisément, le 23 décembre 1588, avec l’assassinat du duc de Guise. Quelle vilénie de tuer un homme aussi pieux que lui la veille du plus beau jour de l’année !

Sa mort est l’apogée du meurtre politique ; c’est la Joconde de la Conspiration.

Henri de Lorraine, qui est plus connu en tant que duc de Guise, n’est pas un tendre et n’est pas le dernier des ambitieux. Il passe toute sa vie dans les intrigues politiques et se rappelle probablement du massacre de la Saint-Barthélemy comme d’une belle fête populaire où enfin, les Français étaient tous soudés… pour buter les protestants comme des vermines !

Quelques années plus tard, quand Henri III se montre trop conciliant avec les protestants, Henri de Guise n’en fait qu’à sa tête. Il mène la ligue catholique, s’engage dans des batailles, des complots et provoque même le roi.

Le problème est que sa ligue est très forte. Et que fait-on quand un adversaire est fort et que l’on n’est pas Rocky Balboa ? On fait un coup bas.

Ce coup bas survient le 23 décembre 1588. Le roi convoque le duc au château de Blois. Est-ce pour une dispute finissant sur un énième désaccord ou, au contraire, est-ce que le roi va lui offrir un avantage pour se le mettre dans la poche ? Aucun des deux !

Il tombe dans un guet-apens ! Un beau 8 contre 1 digne des pires raclures de nos cités françaises. Mais, il faut au moins ça pour un gars de presque deux mètres qui a passé une bonne partie de sa vie à se battre !

Il se fait percer comme un gruyère et meurt. Son corps est brûlé et ses cendres sont jetées dans la Loire. Qui a dit que la question recyclage est une problématique récente ?

Son frère subit le même sort ; il est également exécuté. Voilà comment on réglait les conflits politiques au XVIe siècle !

Louis XVI et Marie-Antoinette en 1793

execution louis xvi

Je passe rapidement sur mon prochain choix : Louis XVI et Marie-Antoinette. Leur exécution est importante dans l’histoire de France, mais je l’ai déjà évoqué plusieurs fois sur la chaîne et je me dis que vous connaissez tous les tenants et aboutissants.

La Révolution française est peut-être l’événement politique le plus marquant de l’Histoire de France, puisqu’il a permis au peuple de comprendre qu’un autre choix que le roi était possible. Même si depuis qu’on a la liberté de choisir, on s’est débrouillé pour faire un peu n’importe quoi…

Toutefois, l’exécution politique du roi et de sa femme était la conclusion d’une histoire bien commencée. C’est pourquoi je l’ai mise si bas dans ma liste. En plus, est-ce qu’un emprisonnement à vie n’aurait pas été plus malin pour avoir un moyen de pression sur les autres monarchies européennes et empêchait les représailles ? C’est un autre sujet passionnant !

Pour faire vite, Louis XVI n’a su ni diriger une monarchie absolue ni se montrer désirable dans une monarchie constitutionnelle. Encore pire, sa fuite à Varennes est une mauvaise farce qui ressemble à un unijambiste qui essaie de semer Marie-José Pérec.

Condamné, il est exécuté le 21 janvier 1793.

Si on fait de l’humour noir, on peut dire qu’l dépasse sa femme Marie-Antoinette d’une courte tête puisque celle que l’on surnommait « Madame Déficit » et qui était charlaccusée de tous les crimes possibles, est décapitée à son tour le 16 octobre 1793.

Deux têtes royales en moins, les révolutionnaires ont désormais le champ libre pour créer un monde parfait fait d’amour et de liberté. Non, je rigole ; ils vont se haïr et se guillotiner entre eux dans d’interminables exécutions politiques !

Le Duc d’Orléans et Jean Sans Peur en 1407 et 1419

Je fais maintenant un tir groupé avec deux morts à douze années de distance : le duc d’Orléans en 1407 et Jean sans Peur en 1419.

Le premier, Louis Ier d’Orléans, est le fils du roi, Charles V. Pour résumer la situation de façon simpliste, en une phrase, disons que : son frère et roi Charles VI est dément et le pouvoir est assuré par la reine Isabeau de Bavière, trop influencée à son goût par le Bourguignon Philippe le Hardi.

À la mort de Philippe le Hardi, le duc d’Orléans tente de se montrer à son tour hardi. Il fait tout pour diminuer l’influence des Bourguignons. Cette envie est vite sanctionnée.

Le 23 novembre 1407, les Bourguignons lui tendent un piège. Il est attiré dans une rue où une dizaine d’hommes l’attaquent et le tuent.

Ce meurtre a été soigneusement préparé par Jean Sans Peur, mon prochain assassiné politique.

Après l’assassinat du duc, le conflit entre les Armagnacs, le parti favorable aux Orléanais, et les Bourguignons s’envenime.

Charles VI ne venge pas la mort de son frère. Il faut attendre le coup de maître du neveu, le futur Charles VII. Le 10 septembre 1419, il rencontre Jean sans Peur pour, soi-disant, apaiser les tensions entre les deux groupes.

Et comment mieux apaiser les tensions qu’en tuant l’autre partie ? Il faut dire que nous ne sommes pas sur de grands noms aux mains douces et à la mentalité d’agneau. Ils ne sont pas du genre à poser un amendement dans une assemblée quand une idée ne leur plaît pas. Ils préfèrent tuer l’instigateur.

Jean sans Peur approche avec l’assurance de son nom, sans peur, à peine protégé. Il doit rouler des mécaniques comme Charles Bronson dans ses films.

Puis, il s’agenouille devant Charles VII qui est alors connu comme le Dauphin puisqu’il n’est pas encore sur le trône. Mais, ce geste de respect ne reçoit pas un sourire en retour ou un geste amical. Les proches du Dauphin lui mettent des coups de hache et d’épées. Et, aussi étonnant que cela puisse être, le corps humain réagit mal à ce type d’agressions…

Jean sans Peur est désormais Jean sans Pulsation Cardiaque. Louis d’Orléans est vengé, mais le royaume de France voit les Bourguignons rejoindre le camp des Anglais et nous le paierons cher.

Jean-Paul Marat – le 13 juillet 1793

meurtre marat

J’enchaîne avec celui qu’Olympe de Gouges avait joliment nommé « avorton de l’humanité » : Jean-Paul Marat. Il y a tellement de choses à dire sur cet homme. Rien ne va.

Cela débute dès son père italien qui est un prêtre converti au calvinisme en Suisse. Puis, ça continue avec le jeune Marat devenu franc-maçon en Angleterre qui fait tous les métiers du Monde : docteur, scientifique, journaliste, écrivain… Même sa gueule est de travers comme la tour de Pise.

Il a le profil parfait du type qui ferait tout pour devenir quelqu’un lors d’une Révolution, et c’est ce qu’il va faire. Si son souhait de renverser la monarchie est acceptable, sa ferveur à pousser au massacre des royalistes l’est moins. Il veut même exécuter tous ceux qui sont déjà emprisonnés.

Pour faire une comparaison plus récente, on peut dire qu’en 1994, il aurait probablement été animateur à la radio des Mille Collines au Rwanda, cette horrible radio qui diffusait à longueur de journée des appels aux meurtres des « cafards » tutsis.

Grâce aux hommes comme lui, les morts s’enchaînent. Prêtres, gardes suisses, aristocrates… On assassine sans hésitation. Pourtant, en septembre 1792, il n’est pas encore satisfait. Il estime qu’il reste encore 40 000 têtes à découper pour terminer la Révolution.

Charlotte Corday décide d’agir. Cette jeune femme de 24 ans veut tuer ce tyran qu’elle considère comme le principal responsable des massacres révolutionnaires. Après plusieurs tentatives, elle réussit enfin à voir Marat le 13 juillet 1793. Ses critiques ne sont pas verbales, elles sont plus pointues. Elle sort un couteau et poignarde à mort Marat dans sa baignoire.

Car oui, Marat était devenu une sorte de zombie avec des plaques et des boutons rouges partout, donc il passait ses journées entre sa baignoire et son lit où il s’enveloppait de mouchoirs humides.

Cet assassinat politique vaut à Charlotte Corday de laisser son nom dans l’histoire de France, et d’être condamnée pour meurtre. Elle est guillotinée le 17 juillet 1793.

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