Qui ne connait pas la chanson du « Bon Roi Dagobert » qui a mis sa culotte à l’envers » ? C’est un classique ! Les enfants l’entonnent, en rigolent et les parents se bidonnent.
Mais, savez-vous qui était Dagobert ? Ce que contient réellement le texte complet de la chanson ? Et pourquoi Louis XVI était-il la personne visée par cette chanson moqueuse ?
L’histoire derrière « Le Bon Roi Dagobert » en vidéo !
Durée de la vidéo : 6 minutes
Qui était Dagobert ?
Commençons par l’essentiel. Qui est l’idiot de la chanson ? Qui était Dagobert ? Je vais faire vite, car vous le verrez, le caractère de Dagobert compte finalement peu dans la chanson.
Dagobert Ier est un roi de la dynastie mérovingienne. Il appartient donc à la même dynastie que Clovis, et arrive au pouvoir un siècle après Clovis.
Pendant ses 9 années de règne, Dagobert effectue un bon job. Je ne suis pas spécialiste de sa vie, mais en recherchant des informations pour faire cet article, j’ai lu qu’il était un bon administrateur, qu’il avait la réputation d’être juste et de toujours travailler pour l’unification du royaume franc.
Une fois la journée de travail finie, le bon Dagobert craque un peu. Il est connu pour ses excès, notamment en matière de conquêtes féminines. Il a fait répudier sa première femme, Gomatrude, a épousé une seconde nommée Nanthilde, et a eu de multiples maîtresses.
En conclusion, on peut dire que le roi Dagobert est un roi qui a bien régné, sans parvenir à entrer dans les mémoires, et qu’il avait quelques vices. Bref, il est comme 90% des rois et des présidents français !
Alors, pourquoi est-on si méchant avec lui ? Car oui, si vous ne connaissez pas la chanson par cœur, vous imaginez qu’il s’agit d’une blague enfantine. En réalité, le texte est une suite d’attaques.
Quels sont les passages les plus insultants de la chanson ?
La culotte à l’envers vous fait rire ? La chanson complète est longue avec plus d’une vingtaine de couplets et l’on ne retient souvent que le premier qui est :
« Le bon roi Dagobert
A mis sa culotte à l’envers ;
Le grand saint Éloi
Lui dit : Ô mon roi !
Votre Majesté
Est mal culottée.
C’est vrai, lui dit le roi,
Je vais la remettre à l’endroit. »
Dans chaque couplet suivant, Dagobert est raillé. Il est mal fagoté, il n’est pas propre, il lui manque quelque chose, il est fainéant, il est méchant et il demande sans cesse de l’aide à saint Eloi. Quel beau parti !
Je précise que Dagobert n’est pas seul dans la chanson. Son nom revient autant que celui de Saint Eloi.
Saint Eloi était un évêque qui a été le ministre des Finances de Dagobert Ier. Canonisé, il est considéré comme un saint. Donc, pendant que Saint Eloi repose au Paradis, des Français l’utilisent pour se moquer de l’église, de Dagobert et lui promettre l’enfer.
En effet, la fin de la chanson est tout simplement la promesse d’un trajet direct vers l’enfer. Je vous la cite :
« Le bon roi Dagobert
Craignait d’aller en enfer ;
Le grand saint Éloi
Lui dit : Ô mon roi !
Je crois bien, ma foi
Que vous irez tout droit.
C’est vrai, lui dit le roi,
Ne veux-tu pas prier pour moi ?
Quand Dagobert mourut,
Le diable aussitôt accourut ;
Le grand saint Éloi
Lui dit : Ô mon roi !
Satan va passer,
Faut vous confesser.
Hélas, lui dit le roi,
Ne pourrais-tu mourir pour moi ? »
Pauvre Dagobert qui a mis sa culotte à l’envers pour finir en enfer. Bon, j’imagine qu’une fois les flammes ardentes lui brûlant les fesses, il n’en a que faire de son bas mal mis !
C’est le moment de comprendre qu’on ne lui veut pas forcément du mal à ce pauvre roi déjà momifié depuis bien longtemps. Les créateurs de la chanson se fichent complètement de Dagobert. Ils l’utilisent pour viser le roi contemporain : Louis XVI !
La chanson a été écrite en 1987 et vise le roi contemporain : Louis XVI !
Le texte de la chanson « Le Bon Roi Dagobert » a été écrit en 1787, soit deux ans avant la Révolution française et plus de mille ans après la mort du véritable Dagobert. Vous vous doutez bien que venir se lâcher sur un homme mort depuis des siècles ne serait pas devenu le hit de l’été.
Dagobert est la victime utile. On met sur le devant de la scène un roi qui est peu connu du peuple et qui est considéré par les intellectuels comme un fainéant.
Bon, il y a peut-être eu un loupé historique de la part des paroliers, car le premier des fameux « rois fainéants » arrive après la mort de Dagobert… Oui je sais, je fais le « Monsieur je sais tout ».
En plus de sa fainéantise supposée, Dagobert a une autre tare énorme pour les esprits révolutionnaires : il est le premier roi à avoir été inhumé dans la nécropole de la basilique Saint-Denis. Le choisir et intégrer Saint-Eloi dans la chanson est une attaque directe contre l’église.
Tous les traits que l’on prête à Dagobert permettent de rendre ridicule la monarchie. En disant que Dagobert est gros, bête, voleur, on accuse Louis XVI de l’être.
Vous vous dites alors : « Mais pourquoi ne pas faire la chanson « Le Bon Roi Louis XVI » si c’est lui qu’on vise ? ». Ce n’est pas une réflexion stupide.
Je vous réponds : « En 2023, un retraité a été condamné pour avoir mis une banderole dite « Anti-Macron » sur sa propre clôture. Alors, que se serait-il passé pour le gugus qui insultait le roi en pleine monarchie absolue ? »
Là, en cas de problème, il a l’argument de l’ingénu : « Mais, non je n’insulte pas mon beau roi Louis XVI, je me moque d’un autre. » La chanson évite donc la censure dans la rue, la violence contre le créateur, et devient populaire.
Elle a ensuite été de retour plusieurs fois et adaptée pour se moquer de Napoléon, puis de Napoléon III, avant de devenir une chanson que l’on entonne avec les enfants pour les faire rire.
Qui sait, peut-être que l’Internationale sera la comptine tendance en 2200 ? Ou peut-être est-ce le temps de remettre au goût du jour le « Bon Roi Dagobert » pour se moquer de nos gouvernants actuels ?
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).