Tout le monde connaît le charisme et le sérieux de Charles de Gaulle. Qui se l’imagine roi de l’évasion comme Michael Scofield dans Prison Break ? Pourtant, quand certains Français se faisaient volontairement prisonnier pour échapper à l’horreur des tranchées, De Gaulle tentait de s’évader dans un panier de linge sale !
C’est incroyable, et pourtant vrai. Je vous raconte dans cette vidéo les détails des tentatives d’évasion de De Gaulle.
Les évasions De Gaulle racontées en vidéo !
Durée de la vidéo : 21 minutes
Pourquoi De Gaulle était-il prisonnier de guerre ?
Avant d’attaquer les cascades de notre grand Charles, je rappelle brièvement les détails de sa capture.
Le 1er mars 1916, De Gaulle est un capitaine de régiment d’infanterie. Son rôle n’est pas celui d’un officier israélien qui balance des missiles sur Gaza avec des drones. Il est en plein cœur du combat. Comme tout Poilu, il risque sa vie jour et nuit.
Ses troupes sont bombardées pendant des heures. Des échanges de tirs résonnent. C’est la guerre, la vraie, celle qui met en lumière les hommes d’exception.
Lors des combats, De Gaulle tombe dans un trou d’obus. Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle est que, dans ce trou d’obus, il est protégé des tirs. La mauvaise nouvelle est qu’il est tombé dans un trou où se trouvent déjà plusieurs allemands.
Les Allemands sont aussi réactifs que leurs voitures. Un Boche lui met tout de suite un coup de baïonnette dans la jambe et De Gaulle s’évanouit. C’est sa troisième blessure de la guerre.
Disparu, De Gaulle est considéré comme mort par son colonel. Une citation rédigée par Pétain le propose à la Légion d’honneur à titre posthume.
Mais non, mon petit Philippe Pétain, De Gaulle n’est pas mort. Dans moins de 30 ans, il sera même là pour botter ton petit cul de collaborationniste !
Revenons à 1916. Quand De Gaulle se réveille, il n’y a pas une Edith Piaf pour le soigner dans un hôpital de campagne français. Il est au milieu des Rudolf, Heinrich et Hans. C’est un drame. Un mec comme lui, une capture est honteuse.
Il est transporté à l’hôpital de Mayence pour être soigné. On se tue par millions, mais on reste des Européens. On ne se découpe pas à la machette comme des pourritures de l’Etat Islamique.
On soigne les blessés, car si l’on était blessé dans l’autre camp, on aimerait obtenir une telle charité chrétienne.
Les premières tentatives d’évasion ne mènent à rien
De Gaulle est transporté dans des villes qui sentent bons le futur camp nazi : Osnabrück, Neisse, Sczusyn… Mais, comment prononcez-vous ce nom ?
Durant ces étapes, il tente deux fois de s’échapper. Une première fois, il avait comme plan de descendre le Danube en barque. Malheureusement, son expérience de Christophe Collomb échoue rapidement.
La seconde fois, il s’improvise maçon portugais. Il perce un trou dans un mur. N’est pas Joao qui veut ! Il fait trop de bruits et Herr Müller vient le choper.
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Je précise que les mesures punitives des tentatives d’évasion restent softs. Personne n’est un esclavagiste américain qui coupe un pied pour une tentative d’évasion.
Les Allemands en ont marre des tentatives d’évasion de Charles. Il est envoyé en octobre 1916 à Ingolstadt dans une prison dédiée aux officiers alliés qui ont plusieurs fois tentés de s’enfuir.
Entre mâles alpha, les discussions ne concernent pas le manque de leur famille ou l’absence de frites à la cantine. Ils réfléchissent sans cesse aux options possibles pour s’échapper et retourner dans les tranchées pour balancer des obus sur les Boches !
C’est le moment idéal pour lancer la première tentative d’évasion un peu recherchée. Se déguiser ou percer un trou, même John Caffey aurait pu trouver la technique. Charles, tu vaux mieux que ça !
Évasion 1 : Un verre d’acide, quelques pets et en route pour l’aventure !
La prison d’Ingolstadt est une véritable forteresse. Elle est massive, encerclée par des reliefs naturels et remplie de soldats allemands. Pour un Français, c’est un lieu déprimant. Pour un Allemand, c’est une « belle maison solide, sécurité, pour faire enfants et avoir chien ».
De Gaulle observe et comprend que la forteresse est plus compliquée qu’un puzzle 10 000 pièces. En revanche, l’hôpital militaire où vont les malades est différent. Il veut y aller.
Pour un mec comme lui, il n’est pas question de simuler comme une femme qui veut un arrêt de travail.
Il reçoit de sa mère un colis contenant un flacon d’acide picrique. Je vous l’ai déjà dit : la prison allemande pour officiers n’est pas un camp de travail soviétique. Depuis son arrivée, Charles a pu dire à sa famille qu’il n’était pas mort et recevoir les petits cadeaux de maman.
C’est presque un centre éducatif français. La seule différence est que le surveillant n’a pas peur de se faire sodomiser par les pensionnaires.
De Gaulle avale son acide malgré la tête de mort sur le flacon et se retrouve avec tous les symptômes de la jaunisse. Il est aussitôt envoyé à l’hôpital.
Totalement intoxiqué, il ne se plaint pas de ses flatulences qui sentent le médicament. Il cherche tout de suite une solution pour s’évader. Il remarque que le lieu des prisonniers malades est bien gardé, mais que beaucoup de ces malades sont déplacés par des infirmiers.
La solution est simple : une personne déguisée en infirmier doit l’aider dans son évasion. Le pote de fuite est facilement trouvé : le capitaine Dupret. Lui aussi meurt d’envie de quitter ce pays des mangeurs de bretzels pour retourner manger du cassoulet au petit-déjeuner.
La droiture des Allemands ne les empêche pas d’accepter de temps en temps un pot-de-vin. Cela est encore plus vrai en temps de guerre ou si vous vous appelez Von der Leyen.
De Gaulle corrompt un infirmier allemand. Ce dernier lui procure quelques objets de contrebande en échange d’argent. Il débute avec de l’alcool, des timbres, puis demande une carte de la région. L’infirmier accepte. C’est le moment d’aller plus loin et de faire du chantage.
« Ecoute-moi bien mon petit bavarois en blouse. Je t’ai corrompu comme un Judas. Fais tout ce que je demande, sinon je te dénonce et tu finiras jugé au Conseil de guerre. »
De Gaulle n’est pas Adama Traoré. Il ne fait pas du chantage pour obtenir une fellation de la part d’un autre homme. Il demande en échange un uniforme allemand. Chaque époque a ses loisirs. Je ne juge pas. Dieu l’a probablement déjà fait nous.
Il trouve ensuite un allié précieux avec un soldat français qui est employé comme électricien par les Allemands. Ce dernier entrepose dans une cachette des vêtements civils et de la bouffe à prendre durant leur évasion.
Le grand jour survient le 29 octobre 1916. En fin de soirée, Dupret enlève sa joie de vivre, regarde les autres comme s’ils étaient des merdes et crient des « Achtung » à chaque coup de vent. Bref, il devient allemand et enfile le bel uniforme. De Gaulle reste habillé en prisonnier.
Ils arrivent facilement jusqu’à la cachette et s’habillent avec les vêtements de civils. Ils entament alors une petite randonnée de 300 kilomètres. Oui, j’ai bien dit 300 kilomètres. Même quand il s’évade, De Gaulle ne fait pas des trucs de fainéants.
Une semaine plus tard, ils sont au milieu de leur parcours dans un village proche d’Ulm.
Alors qu’ils pensaient que les rues seraient désertes, ils tombent en plein milieu de la foule. Le problème est que Charles… Vous connaissez sa tête ? Il ressemble autant à un Allemand que Trump à un Mexicain. En plus, entre la marche et son intoxication, il avance davantage comme un vagabond que comme un pur-sang arabe.
Pour les plus terre-à-terre, je précise que le pur-sang arabe est un cheval qui a la classe, pas un cheikh du Qatar dans un SUV.
Des passants les remarquent et des gendarmes allemands finissent par les arrêter.
Avaler un truc qui ressemble à du poison, soudoyer un infirmier, marcher 150 km pour se faire attraper par des villageois. Quelle galère ! Le voilà de retour à Ingolstadt.
Qui l’eut cru ? Toutes les routes qui mènent à Rome, mènent aussi à Ingolstadt !
La punition est deux mois de séjour dans un cachot vide, sans fenêtre, avec une promenade de 30 minutes par jour dans une petite cour. Si Salah Abdeslam avait ça, la France serait aujourd’hui condamnée par la cour des Droits de l’Homme !
Pendant quelques mois, Charles de Gaulle ne tente plus rien. La situation n’est pas propice. Il s’occupe comme s’occupe un mec de son standing. Il lit les journaux, et il écrit des notes de synthèse qu’il distribue aux autres prisonniers.
Cela ressemble aux devoirs que je ne faisais pas à l’école. Lui, il fait cette activité pour le plaisir. Charles de Gaulle a été Charles de Gaulle. Moi, je fais des vidéos sur Youtube pour vous divertir…
Évasion 2 : Avec une literie King-Size, ça passait crème.
En juillet 1917, son calme est récompensé. Il est envoyé à la forteresse de Rosenberg. Elle est moins bien gardée qu’Ingolstadt.
De Gaulle ne s’est pas assagi. Dans sa tête, il rêve toujours d’évasion.
Chaque détail important qu’il voit provoque un haussement de sourcil et probablement un : « Hmm, intéressant, j’enregistre l’image dans mon esprit pour m’en resservir plus tard… »
En gros, il analyse l’architecture de la forteresse comme un mec marié depuis vingt ans observe les petits c… sur la plage en été.
Il remarque que quand il pleut, les soldats allemands se transforment en mecs des travaux publics. Ils n’effectuent plus leur travail habituel et se protègent de la pluie.
C’est donc décidé, il va s’enfuir lorsqu’il pleuvra !
Il trouve des complices : Montéty, Tristani, Angot et Prévot.
Le 25 octobre 1917, un orage s’abat. Face à la pluie, ils sourient comme des Bretons et se lancent dans l’aventure. Le début du parcours est simple. Un premier fossé est passé. Ils récupèrent sur le passage une échelle qu’ils avaient fabriquée grâce à des planches de bois qui devaient servir à concevoir une commode.
Le deuxième fossé est franchi, et le rempart est monté. C’est maintenant la grosse étape : descendre la falaise avec des draps. Dans les films, cela paraît simple. Dans la vraie vie, une erreur et vous terminez mort sur le sol plusieurs dizaines de mètres en dessous. En plus, n’oubliez pas qu’ils font leur évasion sous un orage horrible.
Un problème un peu con survient : les draps de lit noués ne sont pas assez longs. Ils perdent du temps précieux. Ils décident un autre passage et la fuite est possible uniquement grâce au sacrifice de Montéty. Il tient la corde pour ses compatriotes qui descendent.
Les cinq complices devenus quatre sont libres. Cette liberté n’est que de courte durée. Comme des pédophiles en liberté conditionnelle, ils retombent vite dans leurs travers et sont découverts. De Gaulle revient à Rosenberg.
Évasion 3 : Charles, tu ne ressembles vraiment pas à un Allemand !
De Gaulle craint d’être renvoyé à Ingolstadt. Il veut agir vite. Ce coup-ci, seul Tristani est d’accord pour l’accompagner.
Pour celle-ci, il fait avec les moyens du bord. Il n’a pas le temps de faire une stratégie à la Kasparov. Il a déjà remarqué que des Allemands travaillent à l’entretien de la prison. L’idée est simple. Il faut descendre dans la cour et se faire passer pour l’un de ces employés.
Le 30 octobre 1917, De Gaulle et Tristani se griment. Ils mettent une fausse moustache et des lunettes. Avouons qu’ils ne se sont pas fait chier. Pour eux, se transformer en homme d’entretien allemand requiert juste une moustache et des lunettes. Cela permet aussi de se dire, que selon de Gaulle, Heinrich Himmler avait une belle gueule de concierge.
Les deux larrons ont scié les barreaux d’une cellule. Ils descendent avec une corde dans la cour intérieure. Encore une fois, ils réussissent à sortir de la prison et les choses se corsent ensuite. Charles en a marre de marcher à chaque évasion comme un Kenyan qui va à l’école.
Les Allemands n’ont pas attendu de devoir déporter des Juifs pour construire des trains. Profitons-en !
Ils montent dans un train pour s’éloigner au plus vite de Rosenberg. Ils n’ont même pas le temps de voir le train démarrer. Des gendarmes les arrêtent. Est-ce étonnant ?
Je ne sais pas quelle tête a Tristiani, mais De Gaulle, même avec une moustache et une raie sur le côté, tu as envie de lui filer une baguette, de lui verser un verre de rosé et de faire des blagues sur les Belges.
Désolé Charles, mais tu as trop une tête de français pour te faire la belle déguisé en Allemand !
Le plus drôle est que De Gaulle ne se laisse pas faire. Il se rebelle comme une racaille face à la police municipale. Quand les gendarmes allemands le touchent, il se révolte et insulte l’un d’entre eux de « cochon ».
Interrogé, il n’assume pas totalement son insulte. Au départ, il dit simplement que le cochon n’était pas destiné à l’Allemand. Puis, lors de son audience, il finit par avouer l’usage du mot en minimisant sa portée.
Si l’on résume, tuer des Allemands dans les tranchées, à coups de baïonnettes, est normal. C’est la guerre. Dire « cochon » à un Allemand lorsque l’on tente de s’évader pour rejoindre les tranchées est un délit.
De Gaulle est jugé pour cette offense et il est condamné. C’est une situation cocasse. Prisonnier de guerre, il est condamné à 14 jours de prison pour outrages.
Évasion 4 : Tricot, Fernandel et la porte d’entrée !
En mai 1918, De Gaulle est dorénavant à la forteresse de Wülzburg. Ses évasions échouent toujours. Toutefois, il y a un bénéfice à sa captivité : il apprend l’histoire architecturale d’Allemagne en faisant le tour des bâtisses anciennes !
Dans cette forteresse de Bavière, il ne veut toujours pas attendre la fin de la guerre tranquillement. Un rebelle ne s’assagit pas sur promesse. Son complice est cette fois le lieutenant Meyer.
Ils volent un uniforme allemand dans un atelier de la prison. Dans le même temps, un membre de sa famille lui envoie, dans plein de colis différents, des accessoires qui permettent de confectionner des habits civils.
À l’époque, un officier français est donc un héros des tranchées, un expert de l’évasion et une couturière de sweatshop.
Le 10 juin 1918, Meyer enfile l’uniforme. De Gaulle porte une valise qui contient ses vêtements. Ils veulent sortir par la porte principale et agir comme si De Gaulle était escorté vers une autre prison. Quel culot !
L’aumônier de la prison est également dans le coup. Il joue le Don Camillo de Fernandel. Il accompagne De Gaulle jusqu’à l’entrée comme s’il lui faisait ses adieux.
Encore une fois, il réussit à sortir de la prison facilement et encore une fois, il se fait arrêter deux jours plus tard par la gendarmerie allemande.
Évasion 5 : Un slip sur la tête pour la patrie !
La dernière tentative a lieu en juillet 1918. C’est ma préférée.
Chaque semaine, le linge de la prison est envoyé à la blanchisserie. Avec sa taille de 1.96 m, De Gaulle ressemble à une girafe. Mais, le panier à linge est tellement grand qu’il peut tenir dedans. La stratégie semble valable !
Les prisonniers qui s’occupent de la corvée du linge acceptent de l’aider. Voir un jeune officier qui fait tout pour retourner combattre dans les tranchées doit leur sembler surprenant. Mais, un tel courage se respecte. Il faudrait être la dernière des merdes pour refuser un coup de main.
De Gaulle monte dans le panier. Ils le referment. Ils ont au préalable trafiqué le panier pour que De Gaulle puisse tenir à la main la fermeture. Le panier n’est donc pas fermé à clé et s’ouvre sans aide.
Ils prennent le panier et le transportent. De Gaulle est au milieu des slibards dégueulasses. Une fois seul dans la blanchisserie, il ouvre le couvercle et s’échappe.
Il sent probablement un mélange de transpiration et d’urine. Nos détracteurs étrangers diront que pour un Français, c’est une odeur normale. Personnellement, j’appelle cela l’odeur de l’effort national !
Charles reprend un train. Il simule d’être malade. Il met un bandeau sur son bouche et espère ainsi éviter toute discussion avec les autres passagers. Des policiers entrent dans le train pour contrôler les papiers. Il est encore pris !
Quelle frustration ! Il vivrait à notre époque, où le contrôle d’identité par la police est vu comme une offense terrible, il aurait pu s’évader jusqu’en Polynésie. Les polices Allemands de 1918 ont encore des droits.
Le linge sale est sa dernière tentative. Il n’a pas abandonné à cause des échecs. Le 11 novembre 1918, l’Armistice est signé. La France et les alliés ont gagné la guerre. Il peut rentrer chez lui sans jouer à l’alpiniste et sans se cacher sous les slips d’un Hermann.
En découvrant toutes ces tentatives, on ne peut que reconnaître la témérité de Charles de Gaulle. Après deux ans à vivre l’horreur de la guerre dans les tranchées, moins plusieurs mois où il était à l’hôpital pour soigner des blessures, il n’a pas vu la détention comme une solution de facilité. Pourtant, les officiers étaient bien traités et beaucoup d’hommes se seraient contentés d’attendre le dénouement de la guerre pour rentrer en vie chez eux.
Mais pour lui, comme pour tous les Français qui ont tout fait pour s’échapper, la France était plus importante que son existence. Il devait se sacrifier pour sa patrie. Charles de Gaulle avait un patriotisme qui ne se fait plus.
Heureusement pour nous, il ne l’a jamais perdu et il sera encore un héros contre les nazis une dizaine d’années plus tard.
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).