Avez-vous déjà entendu la légende de Louis XI, le roi fou, tyrannique, prenant du plaisir à torturer ses ennemis intimes ? Il les aurait enfermés pendant des années dans des cages en fer pour les laisser pourrir comme un légume oublié dans votre frigo.
Tout comme les cacahuètes présumées de Madame Macron, cette légende est fausse et colportée par quelques haineux.
Découvrez dans l’article qui était réellement Louis XI, que sont les fillettes du roi selon la légende et que sont-elles en réalité. Puis, pourquoi et qui l’a accusé d’être un tel monstre ?
La vérité sur les fillettes du roi en vidéo !
Durée de la vidéo : 10 minutes
Qui était Louis XI ? Comment a-t-il régné ?
Je vous fais le résumé en deux minutes, avant de passer au sujet le plus intéressant : les fillettes !
Entre Saint-Louis, Louis XIV et Louis XVI, il est difficile de se faire un chiffre parmi la litanie des Louis restés célèbres. Donc, j’imagine que vous n’êtes pas beaucoup à bien connaître Louis XI.
Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il nait en 1423. Il ne devient roi qu’en 1461 et le restera jusqu’en 1483. Son règne est donc long : 22 ans !
Politiquement, il a affiché des qualités de diplomate exceptionnelles. Si les historiens d’aujourd’hui rendent hommage à cet aspect de sa personnalité et le qualifie même de monarque moderne, ses contemporains le critiquaient.
Il vivait à la fin du Moyen Âge, à une époque, où négocier au lieu de découper l’ennemi est une tare. Donc pour eux, ses discussions secrètes et ses alliances dynastiques n’étaient pas des coups de génie, mais un comportement de lâche.
Cela ne l’empêche pas d’être autoritaire. Quand on regarde certains de ses portraits, il a davantage la tête d’un Coluche à qui l’on aurait volé sa bouteille de vin que d’un gentil roi pieux et aimant du peuple.
Il a multiplié les impôts comme un Président de la Vè République et s’est fait beaucoup d’ennemis, notamment du côté des Bourguignons. Il essaie durant tout son règne de limiter la puissance des seigneurs pour renforcer la royauté.
À sa mort en 1483, le pouvoir du souverain en France est plus fort. C’est la grosse tendance de son règne.
Je m’arrête là, car je sais que votre intérêt n’est pas de savoir la biographie de Louis XI.
Abonnez-vous à mon infolettre gratuite (2 email/semaine max)
Soyez averti par mail des sorties de mes vidéos et créations, et recevez mes recommandations historiques !
Je déteste le spam et ne partagerai jamais votre mail à un tiers.
Les fillettes présumées de Louis XI
De la torture, du sang, vous avez cliqué sur ma vidéo pour cela ? Entrons dans le vif du sujet avec les fillettes présumées du roi et les rumeurs les plus folles à son sujet.
Tout d’abord, sachez que l’on écrivait plutôt les « Fillettes du Roy », mais je garde l’orthographe moderne dans cet article pour un objectif de meilleure visibilité sur les moteurs de recherche. En effet, la plupart des personnes recherchent « fillettes du roi ».
Pendant longtemps, la culture populaire n’a pas regretté Louis XI et sa pacification du royaume. On ne fête pas la fin de la Guerre de Cent Ans survenue peu de temps avec son règne. On préfère peindre et maudire son portrait sanguinaire.
Les pires légendes ont vite circulé. Louis XI aurait été un homme aussi vil que Caligula, Ivan le Terrible et Henry VIII.
Rusé, fourbe, Louis XI aimait faire mal.
Les complotistes d’autrefois ressortaient les mêmes délires que ceux d’aujourd’hui. Le démoniaque Louis XI aurait fréquemment bu du sang d’enfant pour soigner ses maladies. Cela rappelle le complot de comptoir actuel, avec l’adrénochrome consommé par les fameuses élites qui vous veulent du mal…
Pour s’amuser et entendre les plaintes des torturés, Louis XI aurait aussi installé des cachots dans sa chambre. En même temps, ne dort-on pas mieux quand on entend pleurer sa femme enfermée dans sa cave ?
Et bien sûr, Louis XI aurait raffolé des fillettes !
Louis XI n’est pas Dutroux. Les fillettes ne sont pas des gamines devenues des esclaves sexuelles. Les fillettes du Roi (ou du Roy) sont des références à de petits cachots.
L’idée n’est pas nouvelle puisque les cages de fer ne sont pas une invention datant de l’époque de Louis XI. Dès l’Antiquité, des illustres hommes comme Alexandre le Grand ou Tamerlan ont enfermé des adversaires.
Selon la légende, les fillettes de Louis XI étaient particulièrement horribles.
Parmi les malheureux à avoir subi ce supplice, l’évêque de Verdun, Guillaume de Haraucourt, est souvent cité en exemple. Il aurait passé près de 15 ans dans une cage mise dans une tour de la Bastille.
Pesant deux tonnes et ayant nécessité le travail d’une vingtaine d’ouvriers pour sa construction, la cage de la Bastille est décrite comme grillagée, avec des plaques de fer.
Certaines cages étaient en fer, d’autres en bois. L’évêque avait la chance d’avoir la sienne posée au sol. D’autres étaient moins heureux avec des cages suspendues à un crochet. Ainsi placées, les cages bougeaient dès que le prisonnier tentait un mouvement. C’était un supplice !
En avançant dans les siècles, la légende s’empire. Les supposées cages deviennent tellement étroites que les prisonniers ne peuvent pas tenir debout. Les durées de détention explosent et certains vivent quinze ans dedans sans jamais en sortir.
Depuis plusieurs minutes, je vous parle de légende. Est-ce que cela signifie qu’aucune cage en fer n’a existé ? Non !
Il y en a eu. Pour voir à quoi elles ressemblaient, le mieux est de se rendre au château de Loches qui servait de prison d’Etat sous Louis XI. Une reproduction très bien faite d’une cage y est exposée.
Vous découvrez une cage petite, mais suffisante pour tenir debout, avec des toilettes et une trappe pour faire passer les plats. Vous êtes donc loin de la cage en fer qui pend dans les caves d’un château, avec un Jacquouille qui vous pique les côtes avec une lance en bois.
Les quelques cages petites qui étaient utilisées servaient surtout au transport des prisonniers, pas à une détention longue. D’ailleurs, vous imaginez bien que n’importe quel homme serait mort en quelques mois dans des cages si horribles.
L’erreur n’est donc pas de croire que les cages ont existé. Cela a été le cas, même si elles étaient moins horribles. L’erreur est de les appeler les « Fillettes du Roy ».
Les véritables fillettes du Roy ne sont pas des cages en fer
En effet, les fillettes du Roy sont bien plus simples. Il s’agit d’attaches en fer que l’on met aux chevilles des prisonniers. Les deux attaches sont reliées entre elles et alourdies par un gros boulet.
Avec ça aux pieds, il devient impossible de courir et de s’évader. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas avoir envie de tenter l’échappée, puisque des variantes permettent de relier tout le corps avec les chaînes pour créer une camisole moyenâgeuse terrible.
Parmi les malheureux célèbres qui ont subi les fillettes du Roy, il y a le Cardinal de la Balue.
Proche de Louis XI, Jean de la Balue est accusé de trahison. Il aurait intrigué avec le grand ennemi, Charles le Téméraire, le duc de Bourgogne. Pour cet acte, il est emprisonné près de 12 longues années.
Après sa libération, il dira lui-même que fillettes du Roi sont les attaches aux pieds et au cou. Vivre ainsi aussi longtemps serait aujourd’hui considéré comme une torture abjecte. Au Moyen-Age, c’est dans les standards de l’époque.
Donc, retenez bien, les fillettes ne sont pas des petits cachots en fer, mais des attaches.
Mais, alors comment en est-on arrivé à dessiner un Louis XI cruel et sadique ?
Pourquoi accuse-t-on Louis XI d’être un cruel sadique ?
Connaissez-vous l’expression « L’histoire est écrite par les vainqueurs. » ? Cette phrase est jolie. Mais, avant la généralisation de l’imprimerie, l’histoire était surtout faite par les écrits. Il n’y avait pas mille sources disponibles pour un même événement. Donc, il suffisait d’un ou deux vilains qui ne vous aiment pas pour vous créer une réputation éternellement pourrie, et bien sûr, il n’y avait pas les fact-checkers de Libération pour venir sauver vos miches…
Cette légende est née des écrits de Philippe de Commynes, de Thomas Bazin et de quelques autres chroniqueurs.
De Commynes a été chroniqueur du duc de Bourgogne, avant de passer dans le camp de Louis XI. Quand ce dernier meurt, Charles VIII, le fils de Louis XI, arrive au pouvoir et un conflit entre eux débouche sur un emprisonnement de plusieurs mois de de Commynes à Loches.
Quant à Thomas Basin, c’est un évêque qui avait adhéré à la Ligue du Bien Public, une coalition qui comprenait Charles de France et Charles le Téméraire pour lutter contre Louis XI.
Avec deux profils de ce type, vous vous doutez bien qu’ils n’allaient pas envoyer des fleurs au roi !
Il est même surnommé « Universelle Aragne ». Diabolique, l’araignée complote, trahit et fait souffrir pour son bon plaisir.
La réputation d’un roi cruel a pris de l’ampleur sous la plume d’autres écrivains.
Honoré de Balzac décrit cet horrible souverain et Victor Hugo en fait des caisses. Il va jusqu’à décrire dans son roman « Notre-Dame de Paris » les fillettes du roi comme des horribles cages avec « des petites portes qui ne servaient qu’à entrer ». Son roman est publié en 1831, soit près de trois siècles après Louis XI, et le mensonge revit de plus belle.
Il faudra attendre le travail plus récent d’historiens comme Jean-Marie Cauchie pour lire un portrait de Louis XI plus réaliste.
J’ai mentionné quelques qualités factuelles en début d’article. Il avait aussi plein de défauts. Personne n’est parfait, et surtout pas lui !
Il a intrigué très tôt contre son père. Doté d’une santé fragile, il puait terriblement et souffrait le martyre. Il était terrifié par la mort et craignait d’être trahi par ses proches.
Mais, tout ça ne fait pas de lui un horrible monstre qui enferme ses ennemis dans des cages inhumaines !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).