La TERRIBLE loi de Richelieu contre les duels à mort de l’aristocratie !

Quel petit garçon n’a pas rêvé de duels en s’imaginant l’épée à la main pour venger l’honneur de sa sœur ou pour le plaisir de faire mal au vilain qui a piqué vos billets ?

Mais, le duel n’existe plus et le duel a souvent été mal vu. En 1626, Richelieu finit même par l’interdire et par condamner à mort ceux… qui risquaient de mourir à cause d’un duel. Sacré paradoxe, non ?

Attendez les arguments et les chiffres, vous comprendrez pourquoi Louis XIII et Richelieu en sont venus à cette décision, car elle est plutôt logique !

Qu’est-ce qu’était un duel ?

J’imagine que le duel existe depuis aussi longtemps que l’homme. Nos lointains ancêtres devaient probablement se mettre des taloches dans la face dès qu’une face poilue se moquait d’une autre dans la caverne.

Mais, dans cet article, je vais me focaliser sur les siècles qui, par leur amour démesuré du duel, ont débouché sur son interdiction : ceux de la Renaissance.

Durant le XVIe ou le XVIIe siècle, le duel se fait principalement à l’épée ou à la rapière. Ce sont des armes proches, mais différentes.

L’épée est large, lourde et porte des coups plus puissants. Vous êtes donc davantage dans un duel de sauvages qui se fracassent le crâne et qui découpent un bras laissé au sol.

La rapière a une lame plus fine et vous êtes plutôt dans l’estoc, un coup avec la pointe qui s’enfonce dans le corps de l’opposant. Avec une rapière, vous ne pouvez pas découper le vilain d’en face, mais vous pouvez le trouer comme du gruyère. Les combats ressemblent alors à ce que l’on peut voir dans les Trois Mousquetaires, mais les protagonistes ne s’amusent pas, ne font pas des discours pendant le duel et risquent vraiment leur vie.

Pour quelles raisons participait-on à un duel ?

Pour l’honneur ! L’aristocratie française de l’époque n’est pas composée de grands noms qui font honte à leur lignée en se cachant dès qu’un coup de canon se fait retentir… Ces familles paient leur tribut dans les batailles.

duel judiciaire a la renaissance

Une bonne partie de ces membres est donc dans les métiers d’armes. D’ailleurs, il y a souvent des répartitions décidées par le patriarche dans la fratrie, entre ceux qui prennent l’épée et ceux qui prennent la robe (et deviendraient donc religieux). Et pour ceux qui prennent l’épée, défendre son honneur et celui de la famille est une priorité.

Mais, qu’est-ce que l’honneur ? Quels actes nuisent à votre honneur ? Et bien, beaucoup de choses !

Vous pouvez provoquer un duel ou être provoqué pour des motifs qui paraissent légitimes comme une dette de sang, une grosse dette financière ou des insultes impossibles à calmer avec une simple mandale dans la face du vilain.

Mais, parfois, les motifs sont un peu débiles comme la drague d’une femme mariée, une blague qui n’a fait rire personne ou un regard de travers dans un couloir !

Et quand on vous provoque, vous avez deux seules réactions possibles : soit vous vous écrasez et vous devenez la risée de la cour et la honte de votre famille, soit vous acceptez et un duel possiblement à mort s’engage.

Il n’y avait pas la troisième voie que l’on promeut toujours désormais : « Chérie, cela ne sert à rien de se battre et de risquer de mourir pour rien. Oui, il m’a insulté de tous les noms, il a frappé le chien et kidnappé le gosse, mais si chacun se faisait justice, le monde serait invivable. »

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Cette mentalité à la Laurent Voulzy de « changer le monde, changer les choses, avec des bouquets de roses » n’est pas l’état d’esprit du XVIe. On sait alors que le monde est violent et que toute vie se termine par la mort, alors autant la passer en gardant sa fierté et son honneur.

J’ajoute aussi que Dieu peut aussi entrer en ligne de compte. En effet, plus vous remontez dans le passé, plus les gens se disaient que c’était Dieu qui décidait du vainqueur à travers les armes. Avec cette mentalité, on pourrait se dire que Dieu adorait notre grand Marcel Cerdan sur un ring, puis a changé d’avis le jour où il est monté dans l’avion.

À une époque où la réputation est plus importante que tout, rares sont ceux qui refusent un duel. Certains lascars deviennent les terreurs de la cour en possédant des réputations de grands duellistes. Sauf que les terreurs qui vident la noblesse de leurs forces vives, ce n’est pas une bonne chose pour l’avenir d’un royaume !

Les duels deviennent un vrai fléau pour l’aristocratie. Il n’y a qu’une solution possible : les interdire !  

Pourquoi décide-t-on d’interdire les duels ?

Les rois n’ont pas voulu abolir le duel, car ils étaient avant-gardistes sur le côté « Les Droits de l’Homme » et « chaque vie compte ».

Ils ont juste constaté qu’à chaque bataille, quand ils s’étonnent de l’absence de tel ou tel noble, l’excuse sur le carnet de liaison est souvent un truc stupide comme : « Tué en duel pour Robert de la Grosse Paire parce qu’il n’a pas répondu à son « bonjour » ».

Les mecs en surplus de testostérone qui sortiraient aujourd’hui la rapière au moindre « Wesh, calme-toi » sont souvent de vaillants soldats. Ils rêvent de bravoure et placent l’honneur au-dessus de tout. Défier ainsi la mort est beau sur le papier. Mais, ils oublient un peu vite que leur principale mission est de protéger le roi et le royaume. Leur mort prématurée en grand nombre est un risque pour le roi et la sûreté du territoire.

Si tous les Louis décèdent en duel, qui restera-t-il pour se battre contre les Charles anglais ou les Felipe espagnols ?

Nous n’avons pas de chiffres exacts sur l’impact des duels, mais j’ai trouvé quelques estimations. On pense qu’à la fin du XVIe siècle, près de 500 hommes français mourraient chaque année dans des duels. C’est énorme. Sur une bataille comme celle de Rocroi en 1643, quatre ans de duels vous enlèvent potentiellement enlever 1/6 ème des effectifs de l’armée française !

L’interdiction a également un autre but : montrer que la justice était un rôle du roi. Lui seul et, bien évidemment, les tribunaux peuvent décider d’une condamnation à mort. Certains duellistes ont donc été condamnés dans l’histoire pour crime de lèse-majesté, puisqu’ils avaient volé le droit de justice donné par Dieu au roi.

Les duels sont interdits par Richelieu en 1626

L’interdiction des duels de Richelieu est celle que l’on retient le plus dans l’histoire. Mais, je me dois de mentionner que ce n’est pas une nouveauté.

Saint-Louis dès le XIIIe les voyait d’un mauvais œil. D’autres comme Philippe le Bel souhaitaient limiter l’usage des duels judiciaires à des crimes graves comme le blasphème, le meurtre, l’inceste ou la sodomie. Oui, vous avez bien entendu : si j’ai bien compris, sous Philippe le Bel, un viol classique ne débouchait pas sur un duel, mais une sodomie pouvait. Comme quoi, les subtilités judiciaires ne sont pas qu’une invention moderne.

La première « grande » interdiction survient en 1566 sous Charles IX. L’effet est très limité puisque les hommes continuent de dégainer l’épée à la moindre frustration. Vous imaginez bien qu’un homme prêt à mourir pour une mauvaise blague sur sa moustache qui pousse comme un prépubère n’en a que faire d’un édit lui réduisant sa liberté. Il ne vit pas à notre époque de règlements de copropriété interdisant une serviette qui sèche sur le balcon ou d’arrêtés municipaux spécifiant la hauteur maximale de la haie sur votre terrain pour lequel vous payez déjà des impôts de dingues… 

Louis XIII et Richelieu décident donc de sortir le bâton plutôt que la carotte. Il faut dire que Richelieu hait les duels depuis que la mort de son frère, Henri du Plessis, dans un duel en 1619.

louis xiii et richelieu
Louis XIII et le Cardinal de Richelieu

Au départ, Louis XIII exige la peine de mort. Pas de blabla inutile, pas de demi-mesure : si tu sors la rapière, c’est la morgue.

Puis en 1626, un autre édit est publié. La peine de mort est possible, mais contrairement à la pub sur les médicaments génériques, ce n’est pas automatique. Des condamnations moindres existent. Cela parait cohérent ; c’est quand même bête de tuer tous les gonzes parce qu’ils ont risqué de mourir…

Cet édit de 1626 n’est donc pas une nouveauté. Mais, le souhait et les moyens de l’appliquer le sont.

Faire un duel pouvait vous causer une condamnation à mort

Un bon exemple de cette application est le sort réservé à François de Montmorency-Boutteville. Le bon François a la terrible habitude de se comporter comme un gitan en boite de nuit. Touchez sa banquette et il sort une lame de sa poche.

Ce cher François de Montmorency-Boutteville se fiche totalement des règlements en vigueur et aurait participé à plus de vingt duels dans sa vie. Plusieurs fois, il se bat, fuit la justice et se retrouve condamné par contumace. Puis, en 1627, rebelote en plein Paris. Avec quelques compagnons, il affronte plusieurs adversaires dans une rue parisienne. C’est un affront au roi !

Il est arrêté en compagnie de François de Rosmadec des Chapelles, un autre participant de la bagarre. Ils sont envoyés à la Bastille, puis jugés. La justice n’est pas clémente : condamnation à mort par décapitation.

Les demandes de grâce faites par des membres de la noblesse ne trouvent aucune écoute. Le message doit être clair. Les deux hommes finissent décapités sur la place de Grève à Paris le 22 juin 1627.

Les duels ne sont pas arrêtés pour autant !

Mais, est-ce que ces condamnations à mort et ces lois ont signifié la fin des duels ? Non, les vrais esprits libres ne se dressent pas à coups de menaces.

En plus, la culture populaire du XVIIe siècle ne s’amuse pas devant les films Marvel ou en lisant « 50 Nuances de Grey » , mais avec des pièces de théâtre comme « Le Cid » de Corneille dans lesquelles les duels sont omniprésents.

Quelques décennies plus tard, Louis XIV est obligé de resserrer les boulons et de ressortir une interdiction.

Mais, même lors de la Révolution ou dans les écoles militaires à l’époque de Napoléon Bonaparte, une offense peut se terminer sur un duel.

La mortalité se réduit toutefois au fur et à mesure. Autour de 1900, les duels ressemblent presque à des duels d’escrime.

Sur Internet, vous pouvez trouver des images de duels comme celui de Léon Blum et Pierre Veber ou de Charles Maurras et Paul Granier de Cassagnac en 1912. Mais, quand vous regardez les images, vous comprenez que des bagarres de lycéens sont plus violentes… À la première goutte de sang, les lames sont rangées.

Le duel a perdu de sa saveur et le déclin se fera jusqu’au ridicule combat au fleuret entre les députés René Ribière et Gaston Defferre en 1967. Il est considéré comme le dernier duel pour l’honneur.

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