Le nom de Marguerite de Bourgogne ne vous dit rien ? Corrigeons le tir. Reine consort de Navarre sur une courte durée, la pauvre Marguerite a été maltraitée et emprisonnée jusqu’à sa mort. Pourquoi ? Ses actes sont terribles : elle a osé commettre l’adultère ! La folle a trompé le fils du roi et l’a payé cher.
Découvrons qui elle était, son adultère présumée et les conséquences terribles sur sa fin de vie.
Le drame de Marguerite en vidéo !
Durée de la vidéo : 12 minutes
Qui était Marguerite de Bourgogne ?
Marguerite de Bourgogne est née en 1290. Elle est la fille de Robert II, qui est duc de Bourgogne, et d’Agnès de France, elle-même fille de Saint Louis. Son lignage sent bon la réussite et son début de vie le confirme.
Elle grandit dans l’une des plus puissantes familles de France et bénéficie d’une éducation qui n’a rien à voir avec un lycée professionnel d’aujourd’hui. Avec un tel rang à la naissance, l’objectif de son éducation est de lui apprendre les bonnes manières, à être une femme douce, pieuse et cultivée, afin de se marier avantageusement.
En 1305, la mission est un succès. Elle épouse Louis, le fils de Philippe IV le Bel, qui deviendra roi sous le nom de Louis X.
Ce mariage est un beau coup diplomatique. Il resserre les liens entre la couronne de France et le duché de Bourgogne.
Si l’on se projette quelques secondes dans l’avenir, Marguerite deviendra même reine de France à l’avènement de Louis X en 1314. Mais, ne pensez pas qu’elle a profité de ce jour. Quand elle prendra la couronne, elle vivra en prison. Une reine en prison, oui ça a existé et ça n’a pas bien fini !
Je suis sûr que beaucoup de questions émergent dans votre tête. Que s’est-il passé entre son mariage digne d’un téléfilm de TF1 et son enfermement comme une vulgaire criminelle ? Un péché. J’ai même envie de dire : LE péché horrible pour toute femme !
Marguerite est accusée d’adultère : les détails de l’accusation
En 1314, un scandale éclate à la cour de France. Vous connaissez peut-être cet événement sous le nom « L’Affaire de la Tour de Nesle ».
Avec son mari Louis, Marguerite n’a pas tiré le bon lot. Il est surnommé le « hutin », car il aime l’embrouille. Il est impossible de sortir à l’auberge avec lui sans finir dans une querelle de forains. La même énergie ne semble pas l’accompagner jusqu’au lit conjugal puisqu’il délaisse sa femme.
Cette dernière se distrait comme elle peut et passe beaucoup de temps avec ses belles-sœurs, Blanche et Jeanne de Bourgogne. Ces dernières ont épousé Philippe et Charles, les autres fils de Philippe le Bel, et donc, si vous suivez bien, les frères de Louis.
La légende prend du piquant quand Isabelle, la sœur des trois larrons, vient en visite en France. La pauvre est mariée avec un Anglais et s’ennuie comme un rat mort. Comme tout le palais, elle a déjà entendu les rumeurs qui affirment que Marguerite, Blanche et Jeanne sont volages. Elle y croit probablement. Mais, cela ne l’empêche pas d’offrir des aumônières aux trois femmes.
Tout s’emballe quand quelque temps plus tard, Isabelle se rend compte que ces aumônières sont portées… par deux hommes ! Il s’agit des frères Gauthier et Philippe d’Aunay. Ce sont de beaux chevaliers.
Comment les cadeaux personnels offerts à ses belles-sœurs peuvent-ils terminer sur ces deux gugus ? Le raccourci est rapide : ils doivent être leurs amants et les filles ont été sottes au point de leur donner !
Toujours désireuse de se faire bien voir par papa Philippe, Isabelle se confie à lui. L’homme qui a été capable de faire arrêter un pape et de détruire l’ordre des Templiers ne va pas reculer face à ce petit défi. Quand tu as fait brûlé vif Jacques de Molay, tu ne crains pas de piéger tes belles filles et de mettre la honte à tes fils incapables de satisfaire des femmes au pieu !
Il fait surveiller tout ce beau monde. Le couperet tombe en avril 1314. L’enquête sauve Jeanne. Elle ne trompe pas son mari. Toutefois, puisqu’elle connaissait l’adultère et qu’elle n’a rien révélé, la petite cachottière est placée un temps sous surveillance au château de Dourdan, avant de revenir vivre auprès de son mari.
En revanche, le résultat est implacable pour Marguerite de Bourgogne et Blanche. Les deux ont bien eu une liaison avec les beaux gosses, Gautier et Philippe. Elles les reçoivent, mangent, boivent et surtout, couchent avec eux dans la Tour de Nesle. Vous comprenez maintenant pourquoi cela s’appelle « L’Affaire de la Tour de Nesle ».
La lapidation ne fait pas partie des mœurs françaises. On n’aime pas balancer des pierres. Les pierres, nous les taillons et nous les mettons dans des murs et cela devient des cathédrales et des châteaux.
En plus, nous avons des règles : un procès doit avoir lieu avec des preuves, des plaidoiries et des sanctions.
Bien sûr, il y a n’y a pas que Marguerite de Bourgogne qui est jugée. Il y a 4 accusés : les femmes qui ont osé rendre cocus des fils de roi et les amants qui ont plus réfléchi avec leur sexe que leur cerveau. Ce seront eux qui récolteront toute la sauvagerie du Moyen Âge !
Les deux hommes avouent leur crime. Ils savent très bien ce qu’ils risquent et ont d’abord tenté de nier. Mais, les enquêteurs ont un outil miracle pour obtenir des aveux : la torture ! Je suis sûr qu’avec les tortures de l’époque, ils auraient même fini par avouer des relations sexuelles avec toute la basse-cour royale !
Les femmes sont jugées au Parlement de Paris. Leur arrivée dans la salle est un choc. Marguerite a dépassé la vingtaine depuis peu. Elle est dans ses plus belles années et pourtant, elle arrive tondue, la mine déconfite et la peur au ventre. Au lieu de porter une belle robe digne de son statut, elle porte la bure, ce vêtement difforme de religieux. Blanche est dans le même état.
Le verdict est sans surprise : tous condamnés. Les deux femmes sont condamnées à la prison à vie et les deux hommes à la mort.
C’est là que je suis obligé de faire un petit virage de quelques secondes. Mon article concerne Marguerite de Bourgogne, mais je ne résiste pas à l’envie de raconter la fin horrible des amants.
La sentence survient rapidement pour Gauthier et Philippe d’Aunay. En avril 1314, ils sont tout d’abord roués. Cela ne signifie pas « rouer de coups ». Nous sommes bien plus inventifs que cela. Il n’est pas question de créer une mêlée comme lors d’une bagarre de cité.
Les hommes sont attachés à un objet en forme de roue. Généralement, les condamnés étaient écartelés avant le supplice de la roue, mais je n’ai pas trouvé cette confirmation dans mes lectures. Ce qui est sûr, c’est qu’une fois sur la roue, le délire commence.
Ils sont écorchés vifs. On leur enlève de grands morceaux de chair. Puisque les vilains ont commis le péché par le zizi, ils vont périr par le zizi ! Ils sont émasculés. Les membres qui ont osé pénétrer l’intimité de femmes mariées sont balancés aux chiens.
Je ne sais pas comment un chien digère un sexe sanguinolent, mais mes chiennes ayant déjà du mal avec du pain et de l’herbe, je me pose des questions à faire pâlir mon véto !
Ensuite, on met du plomb chauffé sur leur corps et puisque l’on n’est quand même pas des monstres, on les décapite. Et vlan, les souffrances sont finies. Mais, pas l’humiliation de leurs noms et de leurs corps. Les restes font le tour de la capitale et finissent pendus jusqu’à leur pourrissement.
Je ne sais pas à quel point Blanche et Marguerite étaient jolies, mais je suis à peu près sûr que les deux hommes ont regretté à un moment leurs parties de jambes en l’air. En tant que jeunes chevaliers, ils avaient quand même d’autres options comme maîtresses !
Je reviens à l’héroïne de l’article Marguerite dans quelques instants.
D’abord, j’évacue le cas de Blanche. Elle est enfermée près de 8 ans avant de pouvoir en sortir, en 1322, quand son mari Charles devient roi de France sous le nom Charles IV. Bien sûr, il n’est pas question que le roi se remette avec elle. D’ailleurs, il a déjà trouvé une remplaçante, Marie de Luxembourg.
Il fait donc annuler son premier mariage et se remarie. À la place, Blanche passe de son cachot au couvent. Prenez ça ma petite blanche. Pour votre adultère, vous voilà condamnée à la chasteté jusqu’à la fin de vos jours. D’un autre côté, soyons positifs : cela lui laisse l’opportunité de se racheter pour ses péchés et d’espérer finir au Paradis.
Pour Marguerite de Bourgogne, la fin est moins heureuse. Elle se retrouve enfermée au même endroit que Blanche, dans la forteresse Château-Gaillard. Elle est tout en haut du donjon. Les conditions sont terribles, surtout que l’on ne la traite pas comme dans le quartier VIP de la prison de la santé.
Elle est isolée dans son donjon. Elle ne voit pas sa famille. Elle aimait le luxe, la vie de cour et les rencontres. Elle se retrouve comme une fille kidnappée par un Autrichien.
Quand Philippe le Bel décède, elle ne peut pas espérer la clémence de son mari. Louis le Hutin n’est pas le genre d’homme à oublier l’affront. La situation est même pire. Elle est concrètement la reine de France et vit enfermée dans un donjon. On ne divorce pas comme cela dans la religion catholique, même si votre femme a fait les joies de tous les hommes du village. N’oubliez pas, vous êtes mariés pour le meilleur et pour le pire !
Pour Blanche et Charles, le prétexte du lignage avait permis à l’église de justifier un divorce. Des liens éloignés avaient permis de dire qu’il y avait de la consanguinité.
Pour Marguerite et Louis, le même motif est impossible. Or, Louis devenu roi, il doit se remarier pour avoir une descendance.
Le hasard faisant bien les choses, Marguerite meurt en 1315. Apparemment, elle a été emportée par une maladie, mais les détails ne sont pas connus. Bon, je précise que le hasard a été un peu aidé.
Exposé au froid dans un donjon, à la limite de la folie parce que l’on ne voit personne, dans des conditions hygiéniques déplorables et mal nourri, il est, étrangement, plus courant de tomber malade que dans une chambre confortable.
Sans nous forcer, nous pouvons même penser que Louis X a tout fait pour que sa femme meure « naturellement ». Ainsi, il a le champ libre et se remarie très rapidement avec Clémence de Hongrie. Lui aussi n’aura pas une vie remplie de joie puisqu’il meurt dès 1316. Sa deuxième femme lui a bien offert un fils : Jean. Mais, il y a deux hics : il nait après la mort de son père et il ne vit que 5 jours.
Stoppons le récit de ses beaux destins. L’adultère, les condamnations et les morts, c’est fini pour aujourd’hui !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).