Combien de bêtises et de mensonges entend-t-on sur Jeanne d’Arc ?
Certains dires sont des erreurs honnêtes issues d’une longue tradition d’imprécisions. D’autres sont tout simplement le fruit de l’ignorance.
Heureusement mes petits écuyers français, je suis là aujourd’hui pour corriger les 5 plus gros mythos sur Jeanne la Pucelle
Les mensonges sur Jeanne d’Arc en vidéo !
Durée de la vidéo : 9 minutes
Mythe 1 : Jeanne d’Arc était une bergère pauvre
En 1400, en 1800 ou en 2024, il y a un point commun dans notre France : nous aimons transformer en idoles les pauvres et les minorités.
Très vite, Jeannette la Lorraine est devenue une bergère. Une petite pauvre qui entend des voix, perdue dans sa campagne triste.
On imagine qu’elle a quitté sa grange où 3 épis de blés et un cochon régalaient la ribambelle de marmots pondus par sa mère. Puis, elle est devenue la championne qui bat les Anglais, au mépris de la misogynie ambiante.
Stop !!! Quittons un peu l’encyclopédie de l’histoire trop belle pour être vraie.
Jeanne est la fille d’un laboureur. Son père, Jacques d’Arc, n’est pas berger ! Il n’y a donc aucune raison pour qu’elle effectue ce travail.
Et, à l’époque, un laboureur était comme un patron de syndicat aujourd’hui. On l’imagine pauvre, et pourtant, il est blindé !
Les laboureurs étaient des gens aisés. Leur vie n’était pas simple. Il n’y a pas un tracteur John Deere pour labourer tout le champ et des employés roumains pour faire les cueillettes.
Mais, Jacques n’était pas un simple employé agricole et Jeanne a vécu au sein d’une famille qui avait plus d’argent que la moyenne à l’époque.
Mythe 2 : Les voix entendues par Jeanne d’Arc sont exceptionnelles
Les voix de Jeanne d’Arc sont sa signature. À 12 ans, elle n’était pas sur Tik Tok en train de regarder des Coréens qui dansent. Elle pensait à Dieu tous les jours, priait et communiait souvent. Puis, des voix divines sont venues lui parler et elle a entrepris une épopée formidable.
Tout cela est la vraie histoire. Enfin, je vous laisse juger de l’existence de voix qui viennent parler aux petites filles…
Cependant, le mythe est de penser que la situation était exceptionnelle !
Les prophètes et les prophétesses sont récurrents dans cette partie du Moyen-Age.
Marie d’Avignon, Catherine de la Rochelle ou Jeannette du Mans, cela vous dit quelque chose ? Sur le papier, elles ont le même potentiel que Jeanne d’arc !
Elles aussi, elles ne pouvaient pas manger deux biscottes sans qu’une voix surnaturelle viennent taper la discute.
D’ailleurs, la meilleure preuve du caractère fréquent des prophètes est l’accueil de Jeanne auprès du roi. Le Roi Charles VII la reçoit sans qu’elle ne fasse une véritable campagne avant son arrivée. Il a l’habitude de recevoir de telles personnes.
En effet, le roi de France pense qu’il vaut mieux recevoir une mythomane qui vous fait rire que de snober le futur Jésus !
La vraie différence est que Jeanne d’Arc veut réaliser ses voix. Généralement, les prophètes de l’époque sont des petits Joe Dalton. Ils disent « Oui, si tu fais ça et ça, tu seras le plus grand roi ». Mais, au moment de bouger ses fesses, il n’y a plus personne et c’est Averell qui part se ridiculiser.
Jeanne d’Arc n’est pas comme ça. Elle demande au roi de lui fournir des troupes pour qu’elle aille elle-même casser la gueule aux Anglais ! Bravo, Mademoiselle porte… ce qu’elle n’a pas !
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Mythe 3 : Jeanne d’Arc était une chevalière qui tuait plein d’Anglais
Si vous avez vu le film sur Jeanne d’Arc de Luc Besson, dites-vous qu’un prof d’histoire lui aurait mis une raclée à la récré. Ce n’est pas possible !
Je vais éviter de parler du viol en début de film, car il est d’une stupidité folle.
En revanche, cela vaut le coup de soulever un mythe fréquent. Jeanne d’Arc n’était pas le chevalier Bayard ! Elle ne chevauchait pas parmi les rouquins en embrochant le premier qui s’appelait William, John ou tout autre prénom d’Anglais…
Elle était au mieux une stratège, au pire un porte-étendard. N’oubliez pas qu’elle est une femme de 18 ans, sans entrainement militaire, au milieu d’hommes médiévaux.
Je sais que vous êtes névrosé à force de voir des séries Netflix avec des femmes superhéros. Mais, dans la vraie vie, celle du sang et de la force, une Jeannette se fera toujours perforer par un chevalier provenant d’un bled anglais.
A sa décharge, reconnaissons son courage exceptionnel. Elle va dans la mêlée pour gratter des ballons ! C’est le Dimitri Yachvili féminin du Moyen Age. Elle n’hésite pas à montrer l’exemple sans peur de mourir et finit plusieurs fois blessée.
Mythe 4 : Jeanne a été brûlée pour sorcellerie
Jeanne n’a pas été brûlée pour sorcellerie ! Ce n’est pas une sorcière de Salem ! Même si l’insulte ou la rumeur l’a accusé d’être une sorcière, elle a été condamnée par un tribunal d’église pour relapse.
Son procès, je l’ai déjà traité dans un autre article. Sans tout redire, Jeanne avait abjuré après des menaces et des interrogatoires interminables. Elle avait dit qu’elle ne reprendrait plus l’habit d’homme et qu’elle reniait ses voix.
Ces deux comportements étaient jugés hérétiques. Une femme ne s’habille pas en homme. Point. Le 15e siècle n’est pas une société woke. Tu nais avec un sexe, tu le gardes et tu respectes ces codes. Sinon, tu n’es pas conforme à l’ordre naturel des choses et c’est une insulte à Dieu, une hérésie.
Quant à ses voix, les juges et les Anglais disent qu’elles viennent du démon. Oui, ils ne se fatiguent pas trop pour trouver les arguments. Mais, c’est un classique qui fonctionne toujours.
Or, grâce à un piège diabolique imaginé par les Anglais (en gros, ils l’ont tapé et lui ont fait croire qu’elle risquait le viol), elle remet l’habit d’homme et quand on la questionne, elle dit naïvement qu’elle entend bien des voix.
La pauvre, elle ment encore moins bien qu’un député de la République.
Elle n’a donc pas respecté son abjuration. Elle retombe dans ses péchés et est condamnée à mort pour relapse.
Mythe 5 : Jeanne a libéré la France du joug anglais
La dernière erreur est d’imputer le sauvetage de la France à Jeanne d’Arc.
La petite Jeannette a réussi à redorer le blason français. Elle participe à faire couronner à Reims le roi Charles VII. Elle est également un acteur clé de la libération d’Orléans et des villes proches d’Orléans.
Mais, même si j’aime notre Jeanne la Pucelle, elle a échoué à plusieurs reprises. Elle avait promis la libération de Paris. Mais, non, madame. Cela n’est pas arrivé. Essaie encore !
Puis, quand elle chevauche pour aider les habitants de Compiègne, l’initiative est un échec. Résultat, elle est kidnappée.
Elle n’est donc pas un stratège hors pair qui change la France au gré de ses victoires sur le champ de bataille.
La réalité est que Jeanne d’Arc a fait son coup d’éclat à Orléans. C’est remarquable, surtout si l’on se rappelle qu’elle est une fille de laboureur à peine majeure !
Mais, elle n’a pas duré longtemps. C’est le Jean Castex de Charles VII. Il y a une crise, elle se ramène avec son accent bizarre de la campagne. Elle solutionne un premier problème. Puis, elle se loupe sur tout le reste.
On ne peut donc pas dire qu’elle a sauvé la France ! Le mieux est d’affirmer qu’elle a débuté un changement majeur. Elle a redonné de la fierté aux Français durant les quelques mois où elle a connu le succès.
Ce sont Charles VII, ses alliés et son armée qui ont ensuite récupéré les territoires en combattant les Anglais.
D’ailleurs, quand notre Pucelle finit en merguez à Rouen en 1431, Paris et Rouen appartiennent encore aux Anglais ! Henri VI, le roi Anglais est même sacré à Paris six mois après la mort de Jeanne d’Arc.
Donc, non, Jeanne n’a pas sauvé la France.
Donc vous avez retenu ou personne n’a pris des notes ? Je récapitule pour ceux au fond de la classe :
- Jeanne n’est pas bergère
- Jeanne entendait des voix comme beaucoup d’autres personnes à cette époque
- Jeanne n’était pas un chevalier valeureux qui tue tout ce qui bouge
- Jeanne n’a pas été brûlé pour sorcellerie, mais pour relaps
- Jeanne a aidé à la libération d’Orléans, mais elle n’a pas libéré la France !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).