Les 10 pires collaborationnistes français de la guerre 1939-1945

Bienvenue sur l’article des super vilains de notre histoire. La Seconde Guerre mondiale a révélé quelques héros qui nous rendent fiers, une masse populaire passive concentrée sur son quotidien, et la lie de la nation.

Les collabos heureux de suivre la pensée nazie ou d’éprouver un sentiment de puissance n’ont pas manqué de se présenter à l’avance de la scène.

Dans cet article, je vous présente les 10 pires collaborationnistes français qui ont eu entre 1939 et 1945 des comportements suffisamment laids pour mériter leur place en enfer.

Pierre Laval

pierre laval avec petain
Laval et Pétain, le beau duo du FC Collabo.

Quel autre nom aurais-je pu mettre ? Né en 1883, Pierre Laval débute sa carrière politique à l’aile gauche en étant membre de la Section française de l’internationale ouvrière.

Trop droit dans ses bottes pour se comporter un coco en sandales, le palindrome le plus honteux de France opère un virage en 1930 en devenant de droite et anticommuniste.

Au début de la guerre, il s’affiche comme un pacifiste qui souhaite l’arrivée au pouvoir de Pétain afin d’obtenir la paix. La création du régime de Vichy est donc une bonne nouvelle pour notre petit Pierrot.

Il occupe rapidement plusieurs rôles importants et est très proche de certains dignitaires nazis. Sa collaboration est tellement active que certains collègues s’en offusquent. Après quelques tensions politiques, Pétain finit par le limoger en décembre 1940.

Mais, Laval revient vite sur le devant de la scène. Ce serait dommage de gâcher de telles qualités de collabos. En plus, même en pleine guerre mondiale, la France reste la France : la stabilité politique est rare !

En 1942, Laval devient le chef du gouvernement. Son antibolchevisme plait aux nazis et il se plie en quatre pour satisfaire la demande des moustachus allemands qui lèvent le bras au lieu de se serrer la main.

Sous sa direction, Vichy collabore plus que jamais. En juin 1942, il rejoint sa haine des bolcheviques et son désir de collaboration dans un discours resté célèbre.

Pour encourager les Français à aller travailler en Allemagne, il avance les arguments suivants : « Pour construire cette Europe, l’Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d’autres, consentir d’immenses sacrifices et elle ne ménage pas le sang de sa jeunesse : pour la jeter dans la bataille, elle va la chercher à l’usine et aux champs. Je souhaite la victoire allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme demain s’installerait partout. »

Quand les nazis veulent leur quota de juifs, il les assiste, même s’il œuvre pour que les juifs étrangers soient les principales victimes des rafles. Entre 1942 et 1944, plus de 70 000 juifs sont déportés avec l’aide de la police française.

Certains débattront après-guerre de son rôle et de sa motivation à accomplir ces basses œuvres.

En revanche, il est certain qu’il s’est montré actif pour défendre son régime en faisant la chasse aux résistants.

Son pouvoir ne cesse de s’accroitre, surtout que Pétain approche de la barre des 90 ans et montre des signes de fatigue.

Malheureusement pour lui, il a parié sur le mauvais cheval. Les alliés débarquent et Laval déglutit. Après une fuite loupée en Espagne, il est rapatrié en France. Jugé pour trahison en 1945, Laval tente de suicider en avalant du cyanure. Il est hors de question qu’il meurt comme ça. On lui lave l’estomac et on le remet miraculeusement sur pied… Une véritable prouesse qui permet de l’amener sereinement face au peloton d’exécution !

Il est fusillé le 15 octobre 1945.

Philippe Pétain

J’ai récemment publié un article pour dire que tous les soutiens de Pétain n’étaient pas d’affreux collabos. Des maréchalistes soutenaient le héros de la Première Guerre mondiale, tandis que des pétainistes désiraient sa révolution nationale.

Mais, comment voulez-vous que le chef du régime collaborationniste ne soit pas haut dans mon classement ?

petain serre la main à hitler
« Belle moustache, Monsieur. »

Pétain mérite sa présence ici, notamment parce qu’il a fièrement dit qu’il collaborait. Le 30 octobre 1940, il a dit lors d’un discours : « C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. »

Que se serait-il passé sans Pétain aux manettes du régime de Vichy ? Nous ne savons pas, mais que se serait-il passé avec une France qui ne collabore pas ? Nous ne savons pas non plus !

L’homme qui a serré la main d’Adolf Hitler est jugé en juillet 1945 par la Haute Cour de Justice. Déclaré coupable de haute trahison, il est condamné à mort. De Gaulle voulant réunifier la France, et se donner le rôle de l’homme clément, commue sa peine de mort à la prison en perpétuité. Il meurt en 1951, à 95 ans, après une vie qui l’a vu passé du statut de héros à zéro !

René Bousquet

Sa plus belle année de collabo se déroule lors de la saison 1942/1943. Il occupe le poste de secrétaire générale de la police. Une belle réussite pour cet homme qui n’a pas encore 35 ans.

Quand les nazis lui annoncent que les juifs apatrides de la zone occupée vont être déportés, Bousquet ne se contente pas d’acquiescer. Il fait une demande étonnante : « Peut-on aussi déporter ceux présents en zone libre ? »

Monsieur joue au jeu du : « Je te tiens, tu me tiens par la moustache, que celui qui déporte en premier reçoive une photo dédicacée d’Hitler ! ».

Il participe largement à l’organisation des rafles et à la traque des résistants.

René Bousquet avec Pierre Laval.
René Bousquet avec Pierre Laval.

Il est l’un des derniers accusés à être jugé par la Haute Cour de justice en 1949. Il bénéficie d’une clémence étonnante puisqu’il prend seulement une peine de cinq ans de dégradation nationale. Cela correspond à une exclusion temporaire des postes importants.

En gros, pour avoir participé activement à la mort de centaines de personnes, il reçoit une punition de maîtresse d’école :  une tapette sur les doigts et une promesse de ne pas recommencer les meurtres de masse.

Il retombe bien vite sur ses pieds. Proche de François Mitterrand, il retrouve sa Légion d’honneur en 1957 et participe même à des élections législatives. Non, vous ne rêvez pas. Un mec qui a organisé des rafles pendant la guerre se présente tranquillement aux élections 15 ans plus tard !

Son passé ne ressurgira qu’à la fin des années 80, notamment grâce à la persévérance de Serge Klarsfeld et des associations juives et de déportés. Inculpé pour crimes contre l’humanité, il n’ira pas jusqu’au procès, car il est abattu de cinq balles par Christian Didier, un homme considéré « fou » qui voulait chasser du collabo pour venger les victimes des nazis.

Joseph Darnand

Vous connaissez tous l’expression « tête de con ». Cette expression prouve que l’on a souvent la tête de sa personnalité. Joseph Darnand est comme ça. Il a une gueule qui sent le zyklon B.

Après un parcours exemplaire lors de la guerre 14-18, il termine dans le camp adverse une vingtaine d’années plus tard. Dès 1941, il crée le Service d’ordre légionnaire, un groupuscule paramilitaire du régime de Vichy.

darnand au milieu de nazi
Darnand porte fièrement son béret au milieu des siens.

Mais, ce n’est pas assez. On dit souvent que les islamistes convertis sont les pires. Darnand fait la même chose chez les nazis. Malgré son prénom similaire à celui de Staline et son passif dans les tranchées contre les Allemands lors de la Première Guerre mondiale, il intègre les SS.

Pour un homme comme lui, cela doit être la reconnaissance. Fier comme Mbappé qui enfile la tunique du Real Madrid (désolé Kyky pour la comparaison tordue), Darnand fait partie de la tristement célèbre division SS Charlemagne.

Il est condamné à mort en 1945. Il demande sa grâce à de Gaulle. Le général la refuse. Face à ses bourreaux, il entonne un chant de la milice française, le chant des cohortes :

«  À genoux, nous fîmes le serment

Miliciens, de mourir en chantant

S’il le faut pour la nouvelle France

Amoureux de gloire et de grandeur

Tous unis par la même ferveur

Nous jurons de refaire la France. »

Désolé Joseph, mais la France se refera sans parler allemand et sans mettre des innocents dans des chambres à gaz !

Jean Leguay

Un homme nommé Leguay qui collabore avec des nazis est une affaire cocasse en termes de sonorités.

Il est l’adjoint de René Bousquet. Son rôle dans la déportation des Juifs de France vers les camps est donc indéniable. Le comble est que sa femme, Christine, épousée en 1935, avait des origines maternelles juives.

Après la guerre, il est suspendu et ne peut plus exercer son rôle de préfet. Il travaille alors dans le privé aux États-Unis, dans l’industrie, la distribution de parfums, puis un groupe pharmaceutique.

Ce n’est qu’en 1979 que les sirènes de la justice retentissent et qu’il est inculpé pour crimes contre l’humanité pour son rôle dans l’organisation de la rafle du Vel d’HIV. Il l’est une autre fois en 1986 pour son rôle dans l’arrestation et ladéportation de juifs à Bordeaux.

La chasse aux pépés nazis est toujours un dilemme moral. Leur faute est énorme. Mais, est-ce logique de les condamner alors qu’ils sont au seuil de la mort ou est-ce que le faire aussi tard rend l’action ridicule ?

En tout cas, Jean Leguay ne sera jamais condamné… puisqu’il est mort dix ans après sa première inculpation, et aucun procès n’avait eu lieu !

Paul Touvier

Il intègre en 1940 le Service d’ordre légionnaire, le groupe paramilitaire du régime de Vichy créé par Darnand.

Entre la chasse aux résistants, aux juifs et la sensation de pouvoir, Touvier s’épanouit comme une hyène devant un cadavre sans surveillance. Son application au travail est récompensée puisqu’il devient chef régional.

Son antisémitisme ne se discute pas. Sur un couple juif fusillé, il aurait écrit « Le juif paie toujours. ».

Lors de la Libération, il fuit. Il est condamné à mort par contumace en 1946. Arrêté un an plus tard, il s’échappe juste avant d’être fusillé, puis entame une vie surprenante qui mériterait une vidéo entière.

Retenez qu’après une grâce présidentielle, et malgré le soutien d’ecclésiastiques importants, il finit par être condamné à la perpétuité en 1994. Il meurt en 1996 à 81 ans.

Marcel Déat

Je continue avec un ancien membre du Parti socialiste de Jean Jaurès : Marcel Déat.

Avant la guerre, Déat a été ministre et député. Il ne collabore pas pour goûter au pouvoir, mais pour le garder. En 1930, il était fier de dénoncer l’antisémitisme d’Hitler. Dix ans plus tard, il est partisan de l’Armistice signé par Pétain.

Puis, il entame sa carrière de collaborateur en fondant le Rassemblement National Populaire. Le RNP qui reprend de façon élégante (et évidemment, honteuse) la croix gammée dans son logo souhaite s’aligner sur la politique nazie.

En 1944, il parvient enfin à intégrer le régime de Vichy et devient ministre. Sa réussite ne dure pas longtemps puisque les Alliés arrivent en France pour botter les fesses des gars comme lui. Il s’enfuit en Allemagne. Puis, il s’installe en Suisse. Malgré une condamnation à mort par contumace, il ne sera jamais arrêté.

Il se serait converti au catholicisme peu de temps avant de mourir. Est-ce suffisant pour éviter de rôtir dans les flammes de l’enfer ? Ce n’est pas à nous de le décider…

Jacques Doriot

Il ne reste plus que 3 vilains pour terminer le top 10. Celui que je veux vous présenter maintenant est Jacques Doriot.

Comme Déat, il a fondé un parti : le Parti Populaire Français (PPF). Sur le papier, il a le bon profil de l’homme qui choisit ses idéologies selon les saisons.

Ainsi, il a été membre du parti communiste jusqu’en 1936. Puis, après son exclusion du PCF, il fonde le PPF. Ce dernier finit vite par avoir des relents fascistes et l’Armistice de 1940 le laisse espérer un poste plus important.

Quand l’Allemagne entre en guerre contre l’URSS en 1941, Doriot prend l’uniforme allemand (et quelques kilos !) et s’engage dans la Légion des volontaires français. Il y côtoie notamment Robert Brasillach qui aurait peut-être mérité une petite place dans mon top 10…

doriot
Les saucisses de Francfort, c’est bon, mais le Doriot en a un peu trop mangé !

Pour ses faits d’armes chez les nazis, il obtient la croix de fer. Quand les Alliés arrivent en Normandie, Doriot comprend que son avenir ne sent pas bon. Il part en Allemagne.

Mais, le 22 février 1945, sa voiture est mitraillée par un avion. Il est tué. Cette mort précoce a le mérite de faire économiser un peu d’argent à la justice !

Philippe Henriot

Pour justifier sa collaboration, Henriot ne peut pas avancer l’argument de la folie de la jeunesse. En 1940, il a déjà 51 ans et une belle carrière politique derrière lui.

On peut le qualifier de « La voix de la collaboration ». En effet, son timbre de voix particulier lui assure une place à la Radio Nationale de Vichy.

Pendant que de Gaulle appelle à la Résistance depuis Londres, Henriot fait l’inverse et soutient la collaboration.

henriot discours nazi
Une photo qui vaut tous les mots…

Il obtient un poste de secrétaire d’État à l’information et à la propagande. Mais, être sur le devant de la scène a des conséquences. Si d’autres collabos présents dans mon classement ont vécu plusieurs décennies tranquilles après 1945, lui n’a pas vu la fin de la guerre.

Les résistants ne peuvent plus tolérer un homme qui agite les foules. Le 28 juin 1944, un groupe d’hommes entre dans le Ministère, accède à sa chambre et l’abat sous les yeux de sa femme. Sa mémoire est saluée avec l’organisation d’obsèques nationales et la présence de nazis et de Laval à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Sa mort sera également vengée par des Miliciens avec l’assassinat de juifs et d’opposants à Vichy.

Maurice Papon

Il n’est pas le collaborationniste le plus zélé, mais son jugement tardif rend son destin spécial.

En effet, Maurice Papon est un Bousquet puissance 10. C’est l’exemple même du traître qui a longtemps été oublié des historiens.

Papon est nommé secrétaire générale de la Préfecture de Gironde en 1942. Le département compte beaucoup de juifs et quand les nazis exigent que les Français fournissent du combustible humain, Papon est évidemment dans la confidence et actif.

En 1997, il sera condamné à dix ans de prison pour sa participation à la déportation de centaines de juifs vers Auschwitz !

Et non, je ne me suis pas trompé. J’ai bien écrit « 1997 ». En effet, Papon n’a pas été inquiété pendant plus de cinquante ans.

proces de papon

Ses contacts avec des Résistants et son assistance à plusieurs réseaux l’ont enlevé des radars à la Libération. Il a pu occuper plein de rôles importants comme maire, préfet de police de Paris, député et même, ministre du Budget.

Son pedigree n’a rien à voir avec celui d’un Darnand, mais Papon est gravé dans la mémoire des Français, car son jugement juste avant les années 2000 avait ramené sur la place publique le sujet de la collaboration. Je n’avais que 9 ans à l’époque de son jugement et je me rappelle très bien l’importance qu’avait prise son procès.

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