Oui, je sais, mon site est davantage dans le « cocorico, sortons notre belle crête de coq gaulois » que dans la honte et la repentance. Mais, cela n’empêche pas de regarder avec honnêteté nos loupés.
En matière militaire, nous avons connu quelques défaites dignes de la remontada subie par le PSG face à Barcelone.
Dans cet article, je vous présente les 7 plus grandes débâcles militaires qui ont transformé l’espace d’un instant, l’armée française en armée ougandaise.
Les défaites militaires françaises en vidéo !
Durée de la vidéo : 19 minutes
La bataille d’Azincourt (1415) : l’humiliation totale face aux archers anglais
Je commence par la plus célèbre branlée du Moyen Âge : la bataille d’Azincourt qui s’est déroulée le 25 octobre 1415.
Cette défaite cuisante face aux Anglais est un tournant dans la guerre de Cent Ans. Malgré une supériorité numérique écrasante, l’armée française subit une déroute spectaculaire face aux redoutables archers anglais.
Pendant que nos vaillants chevaliers se lancent dans des assauts dignes des Mongols de Gengis Khan, les archers anglais s’amusent comme des chasseurs sur un mirador de battue. « Whoosh, whoosh, whoosh », les flèches partent toutes les trois secondes et les derrières français se trouent !
Nos chevaliers valeureux s’imaginaient un combat à la loyale, avec du découpage de trachées à l’épée et de fendages de crânes avec des masses, et ils se retrouvent face aux ancêtres des utilisateurs de drones militaires.
Quant à nos propres tueurs de loin, ils n’ont pas des arcs, mais des arbalètes plus lentes, et en plus, presque inefficaces à cause de l’humidité.
D’ailleurs, la stratégie française est aussi inadaptée que notre éducation nationale. Le terrain boueux entrave la cavalerie lourde. En même temps, quelle idée d’aller se battre dans le nord en plein mois d’octobre ! Les tonnes d’armures et de viandes chevalines s’enfoncent dans un sol rendu mou par les fortes pluies.
Aucun Bruno Le Maire n’est présent à Azincourt, et pourtant, nos pertes s’accumulent. 6 000 morts, plus de 2 000 prisonniers pour seulement 600 morts anglais. Des noms célèbres comme Charles d’Albret et Jean d’Alençon rejoignent leurs aînés au Paradis. Notre seul beau meurtre est celui du duc d’York.
Cette défaite inaugure une triste période pour la France. Notre roi est Charles VI, un gars complètement fou qui tuait déjà ses propres hommes à l’adolescence au lieu de courtiser la vierge comme se doit tout jeune noble. Ce roi zinzin signera même le traité de Troyes en 1420 pour déshériter son propre fils au profit de l’Angleterre.
La bataille de Crécy (1346) : la chevalerie française se fait démonter
Azincourt n’est pas la bataille la plus ancienne de ma sélection. Je ne peux évoquer les grandes défaites françaises sans mentionner la bataille de Crécy.
Le 26 août 1346, l’armée du roi Philippe VI de Valois prend une raclée face aux troupes anglaises d’Édouard III. La défaite est d’autant plus humiliante que les rois sont présents sur le terrain. Ils n’ont pas encouragé « celles et ceux » qui se battent, depuis le confort d’un palais sécurisé par trois cordons de policiers. Ils sont montés sur leur canasson pour montrer l’exemple : « Qui aime casser des os me suive ! ».
Cette bataille intervient dans les premières années de la guerre de Cent Ans. Les Anglais ont décidé de faire un petit tour en Normandie pour piller nos camemberts et boire du bon cidre normand. Cela les change de la gelée dégueulasse et de la Guinness chaude.
Bon, il faut aussi dire qu’Edouard III, le roi d’Angleterre, a quelques arguments pour affirmer que ce territoire devrait lui appartenir. Il est le fils d’Isabelle de France (le nom veut tout dire) et petit-fils de Philippe le Bel.
Toutes ces alliances entre les rois rendent la situation aussi compliquée qu’une généalogie de consanguins. Donc, restons simples comme un manuel écrit par un nationaliste : un vilain rouquin est venu pour nous voler notre terre. Notre roi légitime veut donc le raccourcir à coups de lame.
La bataille qui éclate à Crécy voit 25 000 Français s’opposer à 15 000 Anglais. Le problème est que les Français sont organisés comme un mouvement syndical. Ils n’en font qu’à leur tête. Philippe VI ne parvient pas à se faire respecter.
Dans une confusion digne d’un premier samedi des soldes, ils finissent tous par se dire que le courage (ou la débilité) est meilleur que n’importe quelle stratégie. Ils chargent des Anglais qui bénéficient d’une localisation avantageuse. Encore une fois, les Anglais se font plaisir avec leurs arcs.
Mon chouchou de la bataille est Jean de Luxembourg. Il charge encore et encore. Mais, il y a un souci : il est aveugle. Le bougre a décidé de s’attacher à quelques-uns de ses chevaliers pour attaquer avec eux et ces derniers lui indiquent où frapper avec son épée. Vous imaginez la scène ?
Vous avez un Gilbert Montagné en armure qui joue à la pinata géante en pleine bataille du Moyen Âge. C’est courageux, mais qu’est-ce que c’est bête ! On n’a pas les stats, mais combien d’adversaires a-t-il tués ? Et surtout, combien d’alliés a-t-il tués ?
Bizarrement, les héros aveugles comme Daredevil ne fonctionnent qu’au cinéma. Jean de Luxembourg meurt lors de la bataille, après quelques coups d’épée que son sixième sens d’aveugle n’a pas vus venir ! Mais, il a laissé son blase dans l’histoire de France. Mourir pour la postérité, il n’y a pas plus belle mort.
Vous l’aurez compris, quand tu te bats avec une organisation aussi structurée qu’un ballet de pingouins sur la banquise et que tes meilleurs éléments sont des tarés aveugles qui transforment tout le monde en rillettes, le résultat ne peut être que la défaite.
Blessé, le roi s’enfuit. Il ne voit donc pas la dizaine de milliers de morts dans ses rangs, dont plus de 1500 chevaliers.
En face, les Anglais n’ont perdu qu’entre quelques centaines d’hommes, pour les sources les plus économes, et 2 000 hommes, pour les sources les plus généreuses.
Débuter une guerre de Cent Ans comme ça, ce n’est pas de bon augure. On peut considérer Crécy comme l’équivalent de la défaite contre le Sénégal lors de la Coupe du Monde 2002.
La bataille de Pavie (1525) : la capture honteuse du roi François Ier
Quittons un peu le territoire ; il n’y a pas qu’en France qu’on peut perdre honteusement !
Connaissez-vous la bataille de Pavie ? Elle survient le 24 février 1525. Cette défaite est un véritable camouflet pour la monarchie française, car elle aboutit à la capture du roi François Ier par les troupes de Charles Quint.
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François Ier n’a jamais supporté que l’efféminé Charles Quint soit élu Empereur du Saint-Empire, alors que lui, à douze ans, défonçait déjà du sanglier après l’école.
Les deux ont passé leur temps à s’affronter. Pavie survient durant la sixième guerre d’Italie. Après avoir pris Milan, les Français veulent récupérer Pavie et un siège débute.
Quelques mois après le début du siège, l’armée impériale arrive. Charles Quint a une armée qui ressemble à une mission de l’ONU. Personne ne parle la même langue. Mais, tout le monde veut tuer du français.
Chaque camp se retranche. Puis, fin février, les hommes de Charles Quint réussissent une percée décisive. Les Français fatigués par la longue occupation en Italie n’ont plus les forces et la lucidité pour contrer l’infanterie adverse.
François Ier ne s’enfuit pas face au péril. Il est plus téméraire que courageux. Un roi capturé n’est pas juste une honte personnelle, c’est un danger et un coût terribles pour tout le royaume.
Mais, ce qui devait arriver arrive. Près de 10 000 Français meurent ou sont blessés, pour six fois moins d’adversaires. Le roi est fait prisonnier. Il ne sera libéré qu’un an plus tard contre une grosse rançon, quelques territoires et le prêt de ses gamins. Et oui, en 1525, on préfère donner ses enfants en otage pour quelques années plutôt que de rester prisonnier !
La bataille de Waterloo (1815) : la chute définitive de Napoléon
Sortez les mouchoirs. Je dois maintenant aborder le drame de nombreux français : la bataille de Waterloo qui s’est déroulée le 18 juin 1815.
Cette défaite est la fin définitive de l’épopée napoléonienne. Après un premier exil, Napoléon s’était dit qu’il était trop puissant et trop intelligent pour que les Français se passent de lui indéfiniment. Il était donc revenu en France et avait récupéré le pouvoir juste en tendant la main.
Les portes se sont ouvertes devant lui. À chaque passage en ville, le peuple lui cire le soulier et les militaires qui avaient retourné leur veste en 1814 la retournent une nouvelle fois. L’Empereur n’est pas dans la rancœur nationale. Il veut sauver le pays et restaurer la fierté dans le cœur de chaque français.
Sa tentative de retour en force est malheureusement compliquée. Nous sommes seuls contre tous. Personne ne souhaite voir l’homme capable de gagner à Austerlitz, Iéna et Wagram redevenir l’Empereur des Français. Ces coalisés préfèrent tous l’obèse Louis XVIII et ses traditions royalistes au petit nerveux corse qui veut dominer l’Europe entière !
Le sort de l’Empire se joue à Waterloo. Toutes nos forces ne suffisent pas contre le reste du Monde commandé par le duc de Wellington et le maréchal Blücher.
Quand la France gagne à Austerlitz, le soleil rayonne. Quand elle perd à Waterloo, le ciel pleure de grosses larmes de pluie.
La défaite est connue. Quand les titans s’affrontent, les détails font l’histoire. Waterloo, c’est Muhammad Ali contre Joe Frazier, mais Ali n’a personne dans son coin pour l’aider. Non prévenu, Grouchy reste planté comme un inutile et la Garde impériale qui ne se rend pas est insuffisante.
C’est la déroute. Le sort de l’Empire français est scellé. Napoléon part par la petite porte et se retrouve exilé sur son gros caillou à Sainte-Hélène.
La débâcle de 1940 : l’effondrement face à la Blitzkrieg allemande
Maintenant, je souhaite aborder la débâcle de 1940. Ce n’est pas une bataille rangée comme les autres batailles, mais comment ne pas l’aborder ? Comment pourrait-on ignorer et accepter que la meilleure armée du Monde en 1918 puisse se faire perforer en un mois vingt ans plus tard ?
En effet, en seulement six semaines, du 10 mai au 22 juin 1940, l’armée française s’effondre face à l’invasion nazie.
Les causes d’une telle raclée sont multiples. La culture populaire retient la ligne Maginot. Ces murs en béton de Portugais devaient faire barrage aux Allemands. En réalité, ils ont fait l’effet d’un placoplâtre face à la Blitzkrieg allemande.
Mais, il ne faut pas oublier d’accuser notre pacifisme à l’outrance. Était-on déjà l’époque du « ils n’auront pas ma haine » ? Les Allemands ont eu le temps de se torcher avec le Traité de Versailles comme le font actuellement les islamistes avec notre « Vivre Ensemble » et notre « socle constitutionnel démocratique et républicain ».
C’est seulement quand leurs bottes s’orientent vers notre hexagone que l’on réagit. Mais, notre réaction est trop tardive et mal organisée.
Le nombre le plus dingue de cette débâcle est le nombre de prisonniers : 1 800 000 hommes. Un épisode comme la bataille de Dunkerque ne suffit pas à redorer notre blason.
Il suffit de voir comment l’Américain moyen nous considère depuis cette invasion honteuse pour comprendre que notre belle image s’est évanouie lors de cette débâcle. Le Français, ce n’est plus Saint-Louis qui part en croisade, Napoléon qui conquiert l’Europe en faisant 1m60 ou le poilu qui fume sous les obus à Verdun. Le Français, c’est le loser battu sans combattre qui collabore ensuite sous le Régime de Vichy avant de retrouver un opportun désir de Résistance quand le vent souffle enfin dans son dos.
Pour avoir laissé une image aussi désastreuse de la France, la débâcle de 40 mérite de figurer dans ma liste !
La bataille de Sedan (1870) : la chute du Second Empire et la naissance d’un autre…
En mai 1940, le contournement de la Ligne Maginot dans les Ardennes a signifié le début de la défaite. Ce n’était pas la première fois que cette région de France était de mauvais augure.
Le 1er septembre 1870, les troupes de Napoléon III perdent la bataille de Sedan. 120 000 Français font face à près de 200 000 Prussiens.
Rien ne va. Les Prussiens sont plus nombreux, mieux commandés et disposent de meilleurs matériels. Nous sommes complètement encerclés dans la cuvette de Sedan.
Et la chasse d’eau est tirée ! La défaite est terrible. 70 ans avec la débâcle de 40, les nôtres se livrent déjà en masse aux mangeurs de Kartoffelsalat puisque 9 soldats sur 10 présents lors de la bataille sont faits prisonniers.
Cette défaite écrasante face à l’armée prussienne signifie la fin du Second Empire et précipite la chute de Napoléon III.
La France perd sa chance d’être un Empire. Le cirque républicain peut recommencer pendant que les Prussiens débutent une occupation violente de la France et récupèrent l’Alsace-Lorraine. Cela est un véritable traumatisme national qui servira opportunément notre propagande de guerre en 1914.
Et, pour nous faire enrager encore plus, en 1871, Otto von Bismarck crée lui-même un empire : l’Empire allemand qui a pour célèbre devise « Gott mit uns » (Dieu est avec nous). Oui, enfin pour 50 ans, le temps que Dieu voit quel type d’hommes vous êtes. Car, cet empire disparaîtra avec la défaite allemande en 1918.
La bataille de Diên Biên Phu (1954) : l’Indochine française se termine par un désastre
Je termine par la bataille la plus récente de ma liste : Diên Biên Phu. Il a fallu partir au Viêt Nam pour se faire casser les fesses comme jamais. En plus, ce coup-ci, nous n’avons pas pris une déculottée par de terribles Karl et Heinrich allemands, mais par des Asiatiques qui ont des noms de gentils médecins de famille comme Vo Nguyen.
La bataille de Diên Biên Phu est un long conflit puisqu’elle s’étale entre le 13 mars et le 7 mai 1954.
Au départ, nous sommes en infériorité numérique avec 10 000 Français contre 50 000 combattants du Viêt Minh. À la fin, nous sommes complètement submergés :14 000 Français contre 80 000 combattants du Viêt Minh. Je dis bien « combattants du Viêt Minh » et pas du Viêt Nam. Car, nous sommes en plein bordel.
Nous possédons encore la colonie de l’Indochine qui correspond aux territoires actuels du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge. Dans ces pays, nous avons des alliés. Et en face de nous, nous avons le parti communiste Viêt Minh dirigé par Hô Chi Minh. Son objectif est l’indépendance du territoire pour créer un petit paradis communiste, c’est-à-dire une terre où tous les citoyens seront égaux entre eux et presque aussi égaux que la cheville des leaders qui vivront comme des princes du Moyen-Orient. Bref, un véritable idéal de leader communiste !
Les politiques et le commandement français avaient sous-estimé la capacité du Viet Minh. Leurs hommes sont comme les ronces. Si tu coupes les bouts sans enlever la racine, tu as deux mètres supplémentaires qui poussent en trois jours.
En plus, la technique de l’armée française est aussi nulle que celle de Raymond Domenech. Nous avons voulu attirer l’adversaire dans la vallée pour une bataille décisive et on finit par se faire encercler.
Les troupes sont sur un terrain difficile, isolées et le soutien aérien est limité. Petit à petit, les positions françaises se réduisent.
Quant à nos prétendus alliés contre le communisme, nos soldats peuvent regarder le ciel en vain, aucun Américain ou Anglais ne va débarquer. Nous sommes dans la mouise et personne ne vient nous aider. Pourtant, nous avions envoyé des hommes lors de la Guerre de Corée. Mais, c’était encore la fameuse habitude française du « je donne sans recevoir ».
La défaite est totale. Durant la bataille, nos pertes sont limitées. Mais, les prisonniers découvrent les joies de l’esprit du communisme soviétique à la sauce « rigueur asiatique du sud-est ». C’est-à-dire que tous ces êtres ont une envie commune : mater toute représentation du capitaliste. Mais, quand le Russe est un alcoolique qui s’endort après deux patates dans votre face et une bouteille de vodka, l’homme du Viet Minh est un rude travailleur des champs capable de vous mettre des coups pendant cinquante kilomètres sans se fatiguer et sans boire un verre d’eau.
Le trajet jusqu’au camp de prisonniers est un jeu de survie et le camp n’est pas mieux. Près de 8 000 prisonniers français ne rentreront jamais de cet enfer.
Cette défaite est aussi la fin de la présence coloniale française en Indochine et annonce le début de la décolonisation.
Quant au territoire perdu, il se retrouve scindé en deux après les accords de Genève en juillet 1954. Il y a le Nord dirigé par le Viêt Minh et le Sud dirigé par le gouvernement pro-occidental de Ngô Đình Diệm. Cette situation qui ne solutionne rien débouchera plus tard sur la fameuse guerre du Viêt Nam dans laquelle les Américains perdront 60 000 hommes et des centaines de milliers d’autres seront traumatisés à vie.
Mais, rendons à César ce qui appartient à César, et laissons les défaites américaines qui à l’oncle Sam !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).