Richelieu surnommé « C_l pourri » par ses ennemis : pourquoi ce surnom ?

Homme importantissime du XVIIe siècle, le Cardinal de Richelieu a laissé des traces dans l’histoire. La première trace, c’est son sens politique hors du commun. Dans cet article, je vais l’effleurer rapidement et me concentrer davantage sur sa seconde trace : sa légende d’homme aux mille maladies.

Avant même ses 40 ans, cet homme de Dieu faisait de la peine à voir et ses ennemis, ou tout du moins ceux qui ne pouvaient pas le blairer, lui ont trouvé un joli surnom : cul pourri.

Je vous explique qui l’a trouvé et pourquoi ce surnom était si vrai dans la suite de l’article.

Un rapide résumé de Richelieu et de son parcours

J’imagine que le « cul pourri » est ce qui vous a donné envie de lire mon article. N’ayez pas honte, j’aurai probablement agi de la même façon. Toutefois, prenons quelques secondes pour replacer le cardinal dans son contexte.

Né en 1585, Armand Jean du Plessis de Richelieu s’imagine très jeune comme un brave, un téméraire, un homme de la trempe des grands héros de récits chevaleresques. Il s’initie aux armes et souhaite en faire son métier.

Mais, son gros malin de frère qui devait finir évêque pour conserver dans la famille les avantages financiers de l’évêché de Luçon décide de se faire moine et de vivre dans la pauvreté.

En même temps, c’est un mal pour un bien, Richelieu aurait probablement eu beaucoup de mal à rester longtemps sur une selle de cheval avec son fessier plein d’hémorroïdes…

Du jour au lendemain, Richelieu apprend qu’il doit prendre la robe. Il le fait de belle manière. Son intelligence et son goût du travail en font vite un homme important. À 20 ans, il endosse officiellement le rôle d’évêque.

Cela ne lui suffit pas. Il doit devenir plus. Toute sa vie, il manigancera pour se rapprocher du pouvoir, du roi Louis XIII, et y rester. Quand son anus douloureux lui permet, il se prosterne devant lui et lui cire les pompes.

Je ne vais pas étaler dans cet article ses différents états de service, ses choix politiques ou tous ses adversaires, notamment les jeunes hommes qui maintenaient une proximité ambiguë avec Louis XIII et qui parait-il, en échange de quelques prouesses sexuelles au lit, récoltaient des récompenses.

Retenez juste que le cardinal est tellement bon qu’il finit par devenir Premier ministre en 1624 et le restera jusqu’en 1642. Une telle longévité est remarquable. L’homme qu’Alexandre Dumas qualifiera de « Sphinx rouge » est le numéro deux du royaume de France sur près de deux décennies. Chapeau, mon cul pourri !

Dans une biographie, une telle réussite est magnifique. Pourtant, tout ne s’est pas déroulé dans une ambiance d’amour et de paix.

Le Cardinal de Richelieu a de nombreux ennemis

Être ministre n’est pas un travail facile, car son roi bienaimé, Louis XIII, est entouré de personnes qui l’influencent, et je ne parle pas des amants en disant cela. Dans la cour du roi, beaucoup n’ont de cesse de critiquer son cardinal Richelieu et veulent son éviction. Ce dernier a beau caresser tout le monde dans le sens du poil, il ne peut s’éviter des inimitiés.

Parmi elles, vous retrouvez même la propre mère du roi : Marie de Médicis. Il faut dire que la veuve d’Henri IV est un sacré numéro. Après le décès de son mari, le Vert Galant mi-protestant, mi-catholique, et surtout, champion de culbutage de tout ce qui bouge devant lui, elle assure la régence du royaume.

Alors que Louis XIII est un jeune enfant, elle prend goût au pouvoir et décide de tout, notamment sous l’influence du célèbre italien Concini qui finira assassiné et dont le corps sera déterré par le peuple pour être profané comme on savait si bien le faire à l’époque !

Comme autres adversaires, je pourrais citer le duc de Luynes, Gaston de France, Anne d’Autriche, tous les protestants de France… Bref, beaucoup de gens !

Quand les ennemis ne tentent pas une embuscade pour tuer Richelieu, ils le critiquent et se moquent de lui. L’une des plus fortes pour faire cela est Anne d’Autriche.  C’est elle qui passe son temps à le surnommer « Cul pourri ».

Mais, pourquoi la femme du roi a-t-elle choisi ce surnom ?

Les raisons du surnom de l’insulte trouvée par Anne d’Autriche

Anne d’Autriche aime se moquer du Cardinal. De son côté, Richelieu lutte pour ne pas être troublé par sa formidable beauté, puisqu’il est censé garder le célibat et le zizi sous sa robe. Anne est souvent accompagnée de sa grande amie, la duchesse de Chevreuse. Les deux participent à plusieurs complots pour faire tomber Richelieu. Ils échouent tous lamentablement.

Cette noblesse était étrange. Elle passait sa vie à organiser des assassinats, à vouloir faire entrer des pays en guerre les uns avec les autres et à se condamner à l’exil dans d’autres châteaux… On dirait presque que le sort des peuples était un jeu entre eux. Vous et moi jouons au Monopoly en famille, eux jouaient avec le devenir de millions de personnes.

Et quand Anne n’intègre pas un gros complot, elle appelle donc Richelieu « Cul pourri ». L’insulte n’aurait pas été si douloureuse pour le cardinal si elle n’avait pas une part de vrai. Le pauvre avait réellement l’arrière-train dans un état proche d’une guerre de tranchées.

Je précise que je dis « pauvre » d’un point de vue humain et pas financier. Un cardinal n’était pas un frère d’ordre mendiant, et Richelieu savait trouver les sous là où ils étaient. Il a accumulé des richesses au point de devenir l’homme le plus riche de France et de mourir en possédant un patrimoine de 20 millions de livres.

Mais, revenons au cucul de Richelieu, car je ne suis pas là pour un article de gestion de patrimoine.

Toute sa vie, Richelieu qui était un grand anxieux a connu des problèmes de santé. Lui qui craignait toujours d’être malade… finissait toujours par l’être ! C’est quand même un comble pour un hypocondriaque.

Ses premiers maux étaient des fièvres récurrentes capables de le clouer au lit pendant des jours. Elles se couplaient avec des moments de profonde dépression où il avait l’impression de louper sa vie.

Puis, au fil des années, il est devenu un cauchemar pour Sécurité Sociale. Il avait la goutte et de jolis problèmes intestinaux. Son corps était une exposition de belles grosses fistules.

On aime dépeindre les moyenâgeux avec des boutons pleins de pus partout sur le corps. Richelieu arrive 150 ans après le Moyen-Age et pourtant, il avait le profil pour être leur emblème, l’équivalent de la Marianne du peuple purulent de France !

Son plus gros problème de santé : les hémorroïdes

Son souci le plus honteux est au niveau de l’anus. Les hémorroïdes sont ses compagnons de vie. Ilen a toujours un qui traîne. Il éprouve des difficultés à aller à la selle et même pour se déplacer. Ses adversaires qui le voyaient arriver le dos voûté au Conseil du Roi devaient lutter pour ne pas rire en le voyant faire un rictus dès qu’il posait son fessier plein d’hémorroïdes.

Quand on vous annonce une tumeur au cerveau, vous pouvez la cacher aux gens jusqu’au jour où votre état se dégrade. En revanche, votre popotin veineux comme des biceps d’hommes sous stéroïdes, il vous trahit au moindre mouvement. La douleur est trop forte !

Donc, pendant que le cardinal de Richelieu se montre mielleux auprès des autres puissants pour garder sa place de privilégié, et qu’il admire secrètement les courbes de la jolie et interdite Anne d’Autriche, cette dernière profite de sa condition dégradante pour lui trouver le terrible de surnom de « cul pourri ». Et moi, comme un vilain, je m’assure qu’il soit connu de nos générations !

Pour compléter les histoires de proctologie du cardinal, sachez qu’il ne restait pas sans rien faire pour se guérir. Le souci est qu’un médecin du XVIIe ressemble plus souvent à un boucher qu’à un docteur de la série Grey’s Anatomy.

Si je vais sur le site de ma pharmacie Jean Coutu, je vois que, pour soulager ses hémorroïdes, Richelieu aurait dû manger différemment, prendre des bains de siège, faire de l’exercice… Bref, il aurait dû faire que des choses qu’un cardinal de son époque n’aurait jamais eu l’idée de tenter ! Riche comme il était, il n’allait pas manger des légumes de gueux et faire un travail physique.

À la place, on le saignait. À la fin de sa vie, le cardinal avait tellement été saigné qu’il avait la tête d’une viande halal.

Son calvaire se termine le 4 décembre 1642. Il meurt et laisse derrière lui… probablement un peu de pus, et des heureux ingrats ! Ses adversaires exultent, le roi semble presque soulagé de perdre un homme qui avait fini par avoir une trop forte emprise sur lui et le peuple fait la fête. Les hommes et les femmes du royaume avaient fini par détester ce cardinal qui leur demandait des impôts pendant qu’il se dotait d’un patrimoine digne de la famille Rothschild.

Sa dernière réussite aura été de promouvoir son remplaçant. L’italien né Giulo Raimondo Mazzarino n’est pas un attaquant de l’équipe du Milan AC. C’est celui que l’on connait tous sous le nom de « Cardinal Mazarin ». Grâce à son apprentissage auprès de Richelieu et de ses propres talents, il sera ministre pendant 18 ans.

Donc, d’après mon article, que retient-on de Richelieu ? C’était un grand dirigeant ambitieux, controversé, parfois loué, parfois critiqué par ses contemporains et les générations suivantes. Ses adversaires l’appelaient « cul pourri » en référence à ses problèmes récurrents d’arrière-train et le jour de sa mort, la France a fait la fête !

La Tête Haute Française, le site officiel de la chaîne YouTube dédiée à l'Histoire de France.

Où me trouver ?

La Tête Haute Française est présente sur Twitter, YouTube et Instagram.