Des rois comme Henri IV ou Saint-Louis sont toujours présentés comme des rois aimés. Mais, vous vous doutez bien : si le peuple français a fini par découper des têtes de roi, c’est parce qu’il n’aimait pas tous ses souverains.
Beaucoup de règnes ont été entachés par des scandales, des échecs politiques ou de la cruauté. Dans cet article, je vous propose une liste des 7 rois les plus détestés de France.
Je précise qu’afin que vous connaissiez tous les rois présentés, ma liste commence à partir des Valois.
Je sais déjà que certains choix, notamment le dernier, vous surprendront un peu. Mais, accrochez-vous, c’est parti !
Les rois de France détestés en vidéo !
Durée de la vidéo : 19 minutes
Charles X : le roi qui a tenté de restaurer l’Ancien Régime
Je débute par Charles X. C’est le dernier roi de la branche aînée des Bourbons. Son règne n’a duré que six ans de 1824 à 1830 et a été marqué par une tentative de retour à l’absolutisme monarchique.
Le gars n’est clairement pas un génie. 30 ans avant, les révolutionnaires ont guillotiné son frère Louis XVI. Mais, lui revient en imaginant que redonner à l’ancienne noblesse tous leurs privilèges est une bonne idée…
En plus, il multiplie les maladresses avec des décisions impopulaires. Par exemple, l’une de ses premières mesures est la loi du milliard aux émigrés. Elle indemnise les nobles qui ont perdu leurs biens vendus comme biens nationaux durant la Révolution. Quel gros malin !
Les Ordonnances de Saint-Cloud en juillet 1830 sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il ne veut pas un parlement de libéraux, mais d’ultraroyalistes. Il n’écoute donc pas le résultat des élections et demande de nouvelles élections. En complément, il suspend la liberté de la Presse, diminue le nombre de députés et modifie même la Charte constitutionnelle.
Quand tu fais ça à un peuple de révolutionnaires, il y a deux options : soit tu as des testicules de mammouth et tu es prêt à prendre n’importe quoi en un contre dix, soit tu es un noble tellement hautain que tu ne comprends rien à ton pays. Mais, est-ce étonnant ? Il a déjà plus de 70 ans et rêve probablement d’être Louis XIV alors que le peuple idolâtre encore Napoléon.
Le résultat ne se fait pas attendre : la révolution de Juillet débute. Elle est aussi appelée les « Trois Glorieuses ». Mais, contrairement aux « Trente Glorieuses », le chiffre fait référence au nombre de jours et pas d’années.
Trois journées de gilets jaunes du XIXe siècle suffisent pour renverser Charles X. Le plus célèbre symbole de cet événement est le mythique tableau d’Eugène Delacroix « La Liberté guidant le peuple ». Je sais que beaucoup de personnes pensent que ce tableau représente la Révolution de 1789, mais c’est une erreur : il traite de la Révolution de Juillet.
Les trois jours de boucherie font près de 1000 morts. Charles X finit par abdiquer le 2 août 1830. Cela met fin à la Restauration. Il s’exile et meurt quelques années plus tard du choléra.
Louis XV : le bien-aimé devenu le mal-aimé
Si Louis XV était un politique d’aujourd’hui, il serait l’équivalent de notre Président actuel. Il aurait été élu par un peuple qui adorait sa jeunesse, avant que son comportement ne révèle sa nullité et le fasse détester de tous.
Au départ, Louis XV est surnommé initialement « le Bien-Aimé ». Il monte sur le trône à 5 ans seulement. Son règne est long et s’étale de 1715 à 1774.
Peu de temps après la fin de la régence assurée par Philippe, le duc d’Orléans, Louis XV commet ses premières saucisses.
Pour rester sur le thème de saucisses, je peux évoquer tous ses scandales sexuels. Il se comporte comme un DSK dans un Sofitel. Il a plein de maîtresses, notamment la célèbre Madame de Pompadour. Pourtant, ce gros malin qui prend son pénis pour un aventurier qui doit se rendre dans chaque cavité se sent coupable de ses infidélités. Il finit par ne plus communier. C’est un peu dommage quand tous tes ancêtres ont travaillé pour que les rois de France soient considérés comme les élus de Dieu.
Mais, un roi qui joue trop avec son service 3 pièces reste un grand classique. Louis XV déçoit surtout dans sa politique étrangère désastreuse.
De 1740 à 1748, la France remporte de nombreuses victoires durant la guerre de Succession d’Autriche. Pourtant, lors de la signature du traité de paix, Louis XV rend quasiment tous les territoires conquis à l’Autriche et laisse une Prusse plus forte que jamais. Bravo grand Louis XV. L’avenir, avec les guerres de 1870, 1914 et 1939, dira que tu étais bel idiot de favoriser les Prussiens !
Puis 8 ans plus tard, rebelote. Son talent diplomatique s’exprime. Lors de la guerre de Sept Ans qui se déroule entre 1756 et 1763, la France perd face aux Britanniques et Louis XV cède le Canada et se contente de droits de pêche.
Ces guerres diminuent le territoire de la France et vident les coffres de l’État. Le royaume est au bord de la faillite. D’ailleurs, est-ce que Louis XVI aurait fini décapité s’il avait hérité d’un royaume pas maltraité par Louis XV ?
Louis XV a régné pendant près de 59 ans et son œuvre se résume à un affaiblissement progressif de la monarchie. À sa mort en 1774, le peuple accueille la nouvelle avec soulagement. Le Bien Aimé était devenu le Mal Aimé !
Henri III : le traître qui marque la fin des Valois
Henri III est le dernier roi de la dynastie des Valois. Il a régné pendant 15 ans.
Les guerres de religion qui ont déchiré la France marquent son règne. Le problème est qu’il se débrouille tellement bien qu’il réussit à se faire détester par les catholiques et par les protestants.
Le meilleur exemple est sa gestion de la Ligue catholique. Le fervent catholique Henri de Guise parvient à faire trembler des fesses le Roi de France. Avec ses hommes, il entre dans Paris et est soutenu par les Parisiens. Le résultat est terrible : le roi de France s’enfuit de sa capitale pour se réfugier à Chartres.
Mais, il recule pour mieux attaquer. Il signe un traité de paix de façade avec les catholiques et semble vouloir agir contre les protestants. Puis, il convoque les états généraux à Blois. C’est un piège. Le duc de Guise est lâchement assassiné dans le château et plusieurs rebelles importants finissent exécutés ou arrêtés. Cette duperie est-elle vraiment digne d’un roi de France ?
En plus, cet acte violent n’apaise pas le royaume. Au contraire, la Ligue catholique veut abattre ce tyran. Henri III décide alors de s’allier avec le protestant Henri de Navarre. La décision de s’allier avec le futur Henri IV est une bonne idée pour l’avenir de France, mais cela ne risque pas de calmer les ardeurs des catholiques.
Henri III finit de la seule façon possible : assassiné. Le 1er août 1589, un moine appelé Jacques Clément le poignarde et le tue. Sa mort signifie la fin de la dynastie des Valois, puisque le prochain roi débute celle des Bourbons.
Il faut aussi noter qu’en plus de sa mauvaise gestion des guerres de religion, Henri III a laissé une image de décadent dans l’histoire. Dans les écrits, il est fréquemment dépeint comme un pervers qui couche avec plein de femmes et d’hommes différents. Cette accusation n’est pas prouvée par les historiens, mais elle est peut-être promue par toutes les faveurs qu’il accordait à ses mignons. Il s’agissait d’hommes très proches de lui qui ont fini par faire fortune grâce à leurs positions. Mais, contrairement à ce que leur surnom laisse croire, ce n’étaient pas des gigolos !
Charles VI : le roi fou
Revenons un peu en arrière dans l’histoire de France avec Charles VI. C’est le roi le plus ancien de ma liste. Il a régné entre 1380 et 1422.
Lui aussi était au départ surnommé le « Bien Aimé ». Je crois que ce surnom est celui qu’il ne faut pas avoir quand on est roi de France. Son règne est une catastrophe pour le Royaume de France.
Ses futurs surnoms collent mieux à sa personnalité : « le Fou » ou « le Fol « . Ne croyez pas qu’on le dit « fou » uniquement pour le desservir politiquement. Il était clairement fou à lier.
Au XIVe siècle, s’il n’avait pas été roi, il aurait été tué ou enfermé à vie dans un asile. Et s’il vivait aujourd’hui, il serait terriblement déclaré… « non responsable » de ses meurtres !
Ses premières crises de démence débutent alors qu’il a 12 ans. En pleine forêt, il attaque ses propres hommes. Et le petit est fou et dangereux ! Il réussit à en buter quatre avant d’être maîtrisé.
Charles VI est capable d’être lucide pendant des semaines avant d’avoir une crise de folie pendant plusieurs jours. Ses proches, notamment sa femme Isabeau de Bavière, sont ceux qui dirigent quand il en est incapable.
Cette faiblesse du souverain favorise la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Encore pire, la voie est ouverte pour les Anglais. C’est sous son règne que se déroule la terrible bataille d’Azincourt en 1415. La chevalerie française prend une raclée face aux archers anglais. 6000 Français meurent, tandis que 600 rouquins seulement décèdent.
En 1419, le duc de Bourgogne Jean sans Peur termine en Jean sans Vie. Il est assassiné et les Bourguignons s’allient aux Anglais. Le royaume de France est aux abois et le roi fou se met à quatre pattes.
Il signe le traité de Troyes en 1420. Il déshérite son propre fils qui a participé à l’assassinat de Jean sans Peur. Puis, il accepte que sa fille se marie avec le roi d’Angleterre et que leur fils soit le prochain roi de France.
Heureusement, les Français ne se plient pas aux désirs d’un fou. Quand Charles VI meurt, la France ne devient pas une terre anglaise. C’est le bordel, mais ne vous inquiétez pas, nous nous relèverons bien vite.
Le vrai héritage de Charles VI est peut-être son sang. Son fils Charles VII sera celui qui rendra à la France ses territoires, mais il finira également zinzin. Il se laissera mourir de faim… car il craignait d’être empoisonné par son fils.
Quant au petit-fils, Louis XI, même s’il n’est pas le monstre souvent décrit, il n’est pas connu pour être le roi le plus sain d’esprit que l’on ait vu !
Louis XVI : le roi guillotiné
Je continue avec le plus célèbre décapité de France : Louis XVI.
Plus j’apprends de choses sur Louis XVI, plus j’ai de l’empathie pour ce petit gros. Mais, il est impossible de ne pas le mettre dans une sélection des rois de France détestés puisqu’il est le seul à avoir été condamné à mort dans son propre pays !
Ce dernier roi de l’Ancien Régime a régné de 1774 à 1792. Il hérite d’un royaume aux poches vides et dans lequel les bourgeois prennent de plus en plus de place.
Dans la tête de beaucoup de Français d’aujourd’hui, un roi qui a suscité la Révolution ne peut être qu’un sanguinaire horrible. En réalité, c’est l’inverse. C’était un Flamby. Son indécision chronique face aux crises politiques et économiques est criminelle.
Par la force, il aurait peut-être pu s’en sortir. Mais, il décide de n’amorcer aucun changement réel sans museler l’opposition. La prise de la Bastille ne marque pas la fin de son règne. Il endosse un rôle de roi constitutionnel. En gros, on lui laisse ses robes, une partie de son argent et il doit faire la potiche. C’est un peu comme le roi d’Angleterre actuel. Louis XVI finit même par signer sa propre fin en déclarant la guerre au Saint-Empire.
A-t-on vraiment besoin de ce gros qui se laisse manipuler pour abattre les autres monarchies d’Europe et créer un monde meilleur ? Pas réellement !
Il est tellement doué qu’il loupe sa fuite. En 1791, il essaie de s’enfuir du Palais des Tuileries avec sa famille pour rejoindre des royalistes. Il est arrêté à Varennes.
Cette tentative est vue comme trahison. On se dit aussi que s’il retrouve des alliés, il n’est finalement pas sans danger pour la poursuite de la Révolution. Sa fin est connue. Il est condamné pour haute trahison par la Convention nationale.
Il est guillotiné le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution qui correspond à l’actuelle place de la Concorde. Sa tête qui se sépare de son corps signifie la fin de plus de mille ans de monarchie absolue.
Charles IX : le roi responsable de la Saint-Barthélemy
Le prochain roi détesté est Charles IX. Un seul événement suffit pour le faire entrer dans ma liste : le massacre de la Saint-Barthélemy.
Son règne de 1560 à 1574 n’est pas simple. Martin Luther et Jean Calvin ont décidé de lâcher quelques bombes à retardement. Ils ont décidé que le catholicisme était vicié depuis des siècles et ont débuté la Réforme protestante.
Des rebelles qui font caca sur l’Église ne sont pas une nouveauté. Mais, leur succès est une nouveauté. Les royaumes d’Europe se déchirent. La France ne fait pas exception.
Aujourd’hui, nous pouvons vivre avec les protestants. Ils se moquent de notre rapport à la Vierge Marie et d’un bout de pain qui est réellement le corps. De notre côté, on rigole en disant qu’il existe plus de mouvements protestants que de protestants et on leur rappelle le legs de Jésus aux Papes : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »
Mais, il a fallu des siècles pour arriver à des joutes verbales sans violence. L’athéisme et la laïcité forcée nous ont fait oublier nos désaccords, car après tout, nous croyons tous en Jésus.
Au XVIe siècle, c’est différent. La naissance du protestantisme n’est pas un « truc qu’il faut relativiser ».
Charles IX, en partie manipulé par sa mère Catherine de Médicis, donne son aval au massacre des protestants à Paris. La consigne est même claire : « tuer tous les huguenots ». Il ne faut pas qu’il en reste un capable de lui reprocher sa décision.
Le massacre de la Saint-Barthélemy débute le 24 août 1572. Les chiffres sont moindres que le massacre des Tutsis au Rwanda, mais l’état d’esprit est le même. La grosse différence est qu’il ne débouche pas sur la naissance des chansons de Corneille.
Pour certains historiens, on est sur un souhait royal d’épuration religieuse.
Pour d’autres historiens, Charles IX voulait uniquement tuer tous les chefs du parti protestant. Ces derniers étaient tous présents à Paris pour célébrer le mariage de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, un protestant qui deviendra plus tard Henri IV.
Vous vous rendez compte de la vilénie du truc ? Catherine de Médicis organise un mariage mixte pour attirer tous les protestants importants dans la capitale. Cela semble une fête, une réconciliation, et on finit par tous les buter quelques jours plus tard. Je précise que je simplifie un peu, car il y a d’autres choses à prendre en compte comme la tentative d’assassinat sur Coligny, le talent des Guise pour foutre le bordel et la haine des Parisiens envers les protestants.
Qu’importe la demande initiale du roi, une fois que le peuple a compris que l’on avait le droit de tuer son voisin protestant, la foire commence. C’est un véritable bain de sang. Près de 30 000 protestants sont massacrés dans le royaume en moins d’une semaine.
Charles IX est donc un roi de France qui a participé activement à la mise à mort de milliers de ses sujets. Paradoxalement, cette décision l’a fait aimer d’une bonne partie des Français de son époque. Aujourd’hui, il est difficile de l’approuver et de l’enlever de ma liste de rois détestés !
Deux ans après, il subit un retour de karma. Sa santé décline rapidement et il meurt à seulement 24 ans. Sa seule descendance légitime, sa fille Marie-Élisabeth de France, le suit de près et meurt à 5 ans.
Louis XIV : le Roi-Soleil qui fait fondre l’argent
Je termine par celui que l’on nous fait adorer à l’école alors que tout Français devrait le détester : Louis XIV, le Roi-Soleil.
Alors, oui, le Roi-Soleil est l’homme derrière Versailles, le luxe et la réputation flatteuse de notre pays en matière d’art et d’élégance.
Mais, mettez-vous à la fois dans la peau de l’un de ses contemporains, puis réfléchissez à son incidence sur l’histoire de la monarchie française.
Louis XIV, c’est l’absolutisme royal poussé à son paroxysme. Il écrase toute opposition et souhaite qu’on le considère comme un Dieu. Dans le pays, il n’abaisse pas les tensions en décidant de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685.
Petit aparté, j’ai toujours trouvé étrange que nos collégiens apprennent par cœur la date de la promulgation de l’Édit de Nantes sans qu’on leur dise qu’il a été révoqué 90 ans après. Mais, bon, le conte historique raconté dans notre école républicaine est un sujet qui mériterait sa propre chaîne !
En tout cas, la décision pourrie de notre cher Louis XIV provoque l’exil de 200 000 protestants, notamment de grands industriels et intellectuels. Au lieu de servir la France, ils finissent chez nos voisins ou en Amérique et en Afrique du Sud.
C’est dommage, car le grand roi de France aurait bien eu besoin de leur capacité à faire de l’argent pour financer le faste de Versailles. En plus, Louis XIV ne doit pas être vu que comme le jouisseur hérétique qui vole l’argent du peuple. Il est aussi un créateur de guerres.
Or, la guerre coûte cher. Peu de gens savent que le Roi-Soleil que l’on associe à une richesse infinie est aussi un roi sous lequel les disettes ont fait mourir de faim des Français. Le mec préférait payer une fortune des artistes italiens qui le peignaient en beau gosse efféminé plutôt que de nourrir son peuple !
Quand il meurt en 1715, la France est au bord de la faillite avec une dette colossale estimée à 2 milliards de livres. On l’a vu avant, son successeur Louis XV continuera à creuser cette dette.
Faire le parallèle avec la France d’aujourd’hui est marrant. En effet, il est fou de voir nos dirigeants actuels ruiner le pays et parader à Versailles comme le Roi-Soleil. Leur manque de culture les empêche de comprendre qu’ils singent un homme qui n’était pas un modèle !
La meilleure preuve du mauvais règne de Louis XIV est qu’on peut considérer son règne comme un virage décisif vers la Révolution française.
Louis XIV récolte donc la première place et termine mon classement. Qu’en avez-vous pensé ? Quel roi détesté ai-je oublié ou quel roi ne méritait pas de figurer dans ma liste ?
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).