Incroyable mais vrai ! La tête d’Henri IV est introuvable. Vous croyez que je plaisante ? Pas du tout ! Découvrez la véritable histoire de sa disparition.
Le mystère de la perte de la tête d’Henri IV en vidéo !
Durée de la vidéo : 7 minutes
Le 14 mai 1610, Henri IV est tué par Ravaillac. Sa dépouille suit le cérémonial traditionnel. Elle se retrouve dans la crypte de l’abbaye de Saint-Denis.
Le cadre est tout simplement fantastique. Il est solennel, chargé d’histoire. C’est comme une exposition du tombeau premium. Dans chaque recoin, on trouve quelque chose qui vaut une fortune. Un roi, une reine, un chevalier… En monnaie de l’époque, chaque cercueil vaut cent mille mendiants.
L’endroit devrait rendre tous les Français fiers de leurs ancêtres. Mais vient la Révolution de 1789, et la volonté d’éliminer toute la classe royale pour un avenir meilleur.
Les révolutionnaires veulent supprimer tous les souvenirs de la Monarchie
En août 1793, les révolutionnaires ne se contentent pas d’abattre la monarchie française, ils s’attaquent aussi à ses symboles. Les portes de l’abbaye sont forcées, les tombeaux des rois et des nobles sont attaqués.
À Saint-Denis, les révolutionnaires se sont comportés comme des talibans. Ils cassent tout, parce qu’ils sont eux-mêmes incapables de créer de si belles œuvres. Ils profanent les corps comme des hyènes.
Dès juillet 1793, Barère fixe l’objectif. Il faut, dit-il, « effacer impitoyablement ces superbes épitaphes et démolir ces mausolées qui rappellent l’effrayante mémoire des rois ».
Ce type est le sosie des wokes d’aujourd’hui. Vous ne trouvez pas ? Le grand-père de Barrère était notaire royal, son père, procureur général et premier consul, et lui-même conseiller royal. Mais quand souffle le vent de la Révolution, il se transforme soudain en rebelle de toujours et déclare vouloir anoblir les privilèges qui l’ont mené là où il est… Un classique !
Mais ne croyez pas que son idée ne soit pas partagée.
La Convention nationale vote le sac de Saint-Denis et rédige un décret. La décision n’est pas contestée par le peuple, et les volontaires arrivent en masse. Ils sont heureux de venir ouvrir les tombes des nobles. C’est encore plus amusant que la loterie !
Il y a même une raison légitime de le faire. Les tombes sont recyclées selon des méthodes professionnelles. Le bronze récupéré sert à fabriquer des canons et le plomb des balles. Ces armes sont ensuite utilisées dans les guerres contre les autres monarchies européennes.
Les Français de la Révolution recréent le paradoxe typique de notre nation. N’oublions pas que nous sommes capables de cuisiner du magret de canard, de construire la Tour Eiffel, de créer des sacs Chanel, et en même temps de brûler Paris parce que le prix de l’essence a augmenté.
Il y a donc dans ce saccage un mélange de bassesse et de barbarie, et de génie. En pratique, cela veut dire : on ouvre des tombes comme des barbares, on recycle astucieusement des matériaux pour tuer avec d’autres.
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La destruction des tombeaux de Saint-Denis
La destruction méthodique a commencé le 6 août. Tout n’est pas cassé en même temps. Par exemple, les tombes des Bourbons et des Valois ne sont pas ouvertes et pillées les mêmes jours.
Parmi les corps reposant en paix, on trouve des rois, des reines, des princes, des princesses et d’autres personnages importants.
Des mendiants fanatiques profanent les tombes de chevaliers mémorables et de rois comme Philippe le Hardi et Charles VII.
Même le tombeau de Saint-Louis est profané. Ils n’ont honte de rien !
Les différences entre les corps momifiés sont amusantes. Enfin, cela vous amuserait si vous étiez un homme du XVIe siècle qui aimait ouvrir des tombes vieilles de plusieurs siècles !
La moustache de Louis XIII est encore jolie, Louis XIV est tout noir et Henri IV a une tête magnifique.
Le révolutionnaire pilleur de tombes ne réfléchit pas beaucoup. Il voit, il aime, il prend. Le cadavre d’Henri IV est donc décapité. L’idée de départ était de faire un moulage de sa tête bien conservée.
Le problème, c’est que la tête a depuis disparu.
La tête disparaît… puis, un homme croit l’avoir retrouvée !
Lors de la restauration de la Basilique de Saint-Denis sous Louis XVIII, elle n’a jamais été retrouvée. Les fouilles sont infructueuses. On avait beau chercher sous les pierres, dans les toiles d’araignée ou dans le trou des toilettes, impossible de la trouver. C’est pire qu’une télécommande de télévision !
Et puis, tout d’un coup, elle semble être de retour en 1919 ! Oui, le saut dans le temps est impressionnant.
En 1919, une tête momifiée est mise en vente aux enchères. Joseph-Emile Bourdais l’achète avec deux autres crânes pour 3 francs. Quelle affaire ! Ne me demandez pas quelle idée décorative a eu Joseph-Emile, je n’en sais rien !
Une tête momifiée est pratique pour faire rire les amis, mais pas assez pour entretenir de bonnes relations. Pour s’en servir réellement, Bourdais entreprend donc de retracer son histoire.
Au fil de ses recherches, il est convaincu de posséder la fameuse tête d’Henri IV. Il se paye même des radiographies et des moulages. Il affirme que la tête a été récupérée par un gardien de la Basilique Saint-Denis qui l’a vendue au comte Erbach.
Bourdais exhibe la tête comme un chasseur exhibe une tête de cerf dans son salon.
Il est fier. Il a un tête-à-tête avec Henri IV quand il veut. Il offre son trésor au Louvre qui le refuse car l’authenticité n’est pas garantie.
Pourtant, pour lui, c’est la tête d’Henri IV. Il en est tellement convaincu qu’en 1946, il se fait enterrer dans un tombeau où figure… un autoportrait de lui avec son crâne préféré !
Joseph-Emile était-il sain d’esprit ? Pour le dire poliment, la thérapie ne fait de mal à personne.
La polémique reprend en 2009 : est-ce la tête d’Henri IV ?
L’histoire se poursuit pendant plusieurs décennies. En 2009, des historiens et des journalistes français ont mené une enquête approfondie. Ils ont retracé le crâne qui a été vendu par la sœur de Bourdais après sa mort. Il appartient aujourd’hui à un retraité.
Lorsque j’ai lu cette information pour la première fois, ma réaction a été la suivante : Combien de fous collectionnent des crânes momifiés ?
Des études sont en cours sur ce crâne et l’histoire devient folle !
La première étude est formelle. La tête est à 99,99% celle d’Henri IV. J’imagine que si Bourdais a entendu cela du ciel, il a dû lâcher un grand « je le savais ! ».
Une seconde étude a même comparé l’ADN du crâne à celui de Louis XVI, son descendant. Elle a confirmé qu’il y avait bien un lien de parenté.
Malheureusement, il serait trop facile de s’arrêter là. La controverse n’a pas tardé. Historiens et scientifiques remettent en cause les techniques utilisées dans les études.
Je pourrais faire un exposé de 20 minutes sur les preuves et leurs contradictions. Mais entre vous et moi, ce sera tellement ennuyeux que vous finirez par vous endormir.
Rappelez-vous simplement que rien ne prouve qu’il s’agit du crâne d’Henri IV, et que les « 99,99% » mentionnés ci-dessus sont aussi crédibles que les résultats d’une élection présidentielle en Afrique. Il y a des arguments cohérents. Mais pas plus.
En fait, les doutes sont si grands que le président français Sarkozy, qui prévoyait une cérémonie officielle en 2012 pour ramener la tête d’Henri IV dans sa tombe, a abandonné l’idée.
Le fait que Nicolas Sarkozy ait refusé de montrer sa tête à la télévision lors d’un événement solennel est peut-être la meilleure preuve que l’histoire de ce crâne est bancale…
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).