Le 14 mai 1610, François Ravaillac confond Henri IV avec un steak et le découpe au couteau. Le roi est mort et l’accusé est un parfait inconnu. On crie au complot et on demande une exécution digne de Freddy Krueger.
Mais, quelle est la réalité ? Qui est François Ravaillac ? Pourquoi a-t-il tué Henri IV ? Comment va-t-on le torturer lors d’une exécution qui a duré 4h ? Tous ces détails arrivent dans la suite de l’article.
La vie de Ravaillac en vidéo !
Durée de la vidéo : 17 minutes
Qui était Ravaillac avant son désir de tuer le roi ?
Débutons comme le fait désormais tout tribunal français. Pour expliquer le crime, recherchons dans l’enfance du pauvre accusé tout ce qu’il a pu vivre dans sa vie qui justifie de sortir un couteau pour trucider quelqu’un d’autre. Lui a-t-on volé des billes à l’école ? Papa l’a-t-il confondu avec maman dans la pénombre de la chambre ?
En effet, Ravaillac n’est pas né dans un contexte d’amour et de bonheur.
Il naît en 1577 ou 1578. Sa famille est établie à Angoulême et dans ses environs depuis le XVIème.
Ses parents sont de petits notables. Papa Jean est tout d’abord greffier. C’est un beau métier, non ? Oui, mais papa est aussi un alcoolique violent qui dépense tout son argent. Jean rend tellement fier son propre père qu’il est déshérité au profit d’un frère plus jeune. Quelle honte !
Sa maman a le profil de la femme qui supporte en silence les bêtises de son mari. Issue d’une famille noble, elle est très pieuse.
J’ajoute une petite mention pour son frère Geoffroy. Une autre chance pour la France. Il a connu des problèmes avec la justice toute sa vie. Il est même été condamné en 1607 pour tentative de meurtre, et après la mort d’Henri IV, il sera condamné pour vol et assassinat.
Comme on peut le voir, Ravaillac a une vie de nordiste même s’il demeure dans le sud de la France et malheureusement, Pascal le Grand Frère n’existe pas encore pour le canaliser avec des cours de boxe thaï.
Sa jeunesse est très religieuse. Il reçoit de nombreuses leçons de ses oncles qui sont chanoines. Entre quelques cours de catéchisme, il apprend qu’il existe une race à détester plus que tout sur terre : les huguenots !
Or, en 1589, Henri IV est nommé roi de France. Ravaillac le vit comme une offense. En effet, Henri IV est un non-binaire chrétien. Certaines années, il se sent catholique, et d’autres, il se sent protestant. Et toujours, les autres le sentent… car il est connu pour sa mauvaise odeur légendaire !
C’est un résultat logique pour un roi de France né d’une mère qui se convertit à la Réforme et d’un père qui a pris la tête de l’armée catholique pour taper sur les vilains Anglais protestants.
Pour Ravaillac et les Français qui pensent comme lui, Henri IV est un huguenot et le restera. Sa conversion afin de devenir roi de France est un leurre. D’ailleurs, parmi les insultes fréquentes, Henri IV est appelé « le dragon roux de l’Apocalypse ».
Ravaillac : ses péripéties avant l’assassinat
De 1602 à 1606, Ravaillac quitte plusieurs fois Angoulême pour Paris. Il travaille alors comme coursier judiciaire dans la capitale pour le procureur d’Angoulême. Ne pensez qu’il est un champion dans un travail. Mais, les religieux lui ont appris à lire et à écrire, et sa famille évolue dans le domaine judiciaire. Un tel poste est donc logique pour son pedigree.
Comme tout idiot, il réalise que cet emploi confortable est au-dessus de son état naturel et ne lui correspond pas. Il le quitte et veut devenir religieux.
En 1606, il entre dans l’Ordre des Feuillants. Cet ordre religieux est strict. Les moines mènent une vie dont rêvent les bobos parisiens (mais qu’ils n’auront jamais le courage de vivre).
Les membres de l’Ordre dorment sur des planches, se nourrissent d’herbes et de pain, et portent des sandales. Pourtant, même pour eux, Ravaillac est trop taré. Il ne reste que quelques semaines avant d’être renvoyé. Le pauvre commence alors à balancer des saucisses. Il dit qu’il entend des voix et qu’il écoute le Jugement de Dieu.
Il revient alors à Angoulême. Il obtient un poste d’enseignant. Quelle bonne idée de mettre un fou devant des enfants ! Il leur apprend à lire, à écrire, à prier… Le job est généreusement payé, puisqu’il consiste en des dons.
Il contracte des dettes et fait un petit tour en prison en 1607 pour le non-remboursement de l’argent qu’il doit.
Il devient alors de plus en plus dans son monde et se convainc qu’il faut tuer l’Antéchrist : Henri IV.
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En janvier 1610, Ravaillac, qui rôde comme un pédophile devant une cour d’école, est arrêté devant le Louvre. Je précise qu’à l’époque, le Louvre n’est pas un musée, mais le palais du roi.
Le capitaine des gardes au nom aussi beau qu’un poème est Jacques Nompar de Caumont, marquis La Force. Il interroge Ravaillac. Il constate l’inévitable : le mec est un fou et son profil est inquiétant. Toutefois, sur ordre du roi, il se contente de le fouiller, de le menacer et de le renvoyer chez lui.
Plus tard, Ravaillac dira « Peut-être que si j’avais parlé au roi, j’aurais perdu ma tentation peu après ? ».
Dans ces premiers mois de 1610, il apprend qu’Henri IV entre dans un conflit européen. Si la guerre n’éclate pas, elle menace. Henri IV soutient les protestants allemands, contre l’Empereur du Saint Empire romain germanique et le roi d’Espagne, deux fervents catholiques.
Vous imaginez bien que quand Ravaillac l’apprend, il devient aussi fou que les antivax dans les commentaires YouTube. Le roi de France démontre qu’il privilégie des affreux protestants au profit de catholiques ! Quelle honte !
Il finit même par croire qu’une Saint-Barthélemy à l’envers va avoir lieu. Il imagine que le roi souhaite tuer les catholiques du Royaume.
Lui, le petit roux d’Angoulême, va solutionner cette situation.
Toujours à Paris en ce début de printemps 1610, Ravaillac dort où il peut. Il vole un couteau dans une auberge. Car, oui, un taré fait des trucs de taré. Il est partie avec l’idée de tuer le roi, mais il n’avait aucune arme sur lui avant le vol dans cette auberge.
Il parle de ses envies de meurtre sans gêne. Il le fait notamment auprès d’un jésuite qui lui conseille de « manger de bons potages, dire son chapelet et prier Dieu ». Déjà à l’époque, la réinsertion des dérangés est au top.
Ravaillac semble se calmer et envisage un nouveau retour à Angoulême. Il le débute même. Mais, à Étampes, il a de nouvelles visions en croisant un calvaire. Non, ce n’est pas possible de ne rien faire : il doit tuer Henri IV. Il fait demi-tour.
Il décide de le tuer une fois que Marie de Médicis sera couronnée reine. En effet, il ne veut pas que la mort d’Henri IV entraîne le chaos dans le pays.
Cette pensée qui semble trop intelligente pour lui fera naître beaucoup de rumeurs. Certains historiens et chroniqueurs imaginent Ravaillac comme l’idiot utile d’un complot pour tuer le roi. Il aurait été l’équivalent d’un Lee Harvey Oswald avec l’assassinat de Kennedy. Encore une fois, aucune preuve concrète existe. Donc, actuellement, le scénario le plus concret reste que Ravaillac ait agi seul.
14 mai 1610 : le meurtre d’Henri IV
Marie de Médicis est couronnée le 13 mai 1610. Ponctuel, Français Ravaillac est avec son couteau le 14 mai 1610 pour tuer le roi.
Le carrosse royal roule dans la rue de la Ferronnerie. Il s’agit d’une petite rue étroite proche du Louvre. C’est l’endroit rêvé !
En plus, la circulation est bloquée. Bon, on est en 1610. Ce n’est pas une racaille en double file qui est parti acheter des cigarettes, ou un vieux en pleine galère pour réussir un créneau. Là, c’est une charrette de foin et une charrette transportant des tonneaux de vin qui prennent tout leur temps pour décharger et bloquent la rue.
Quelques valets quittent le convoi royal pour aller jusqu’aux charrettes et pour trouver un autre chemin pour le passage du roi.
De son côté, le grand dadais d’Henri IV est alerte. Il parle avec le Duc d’Epernon, met son bras sur son épaule et se penche pour lire une lettre. Faites une pause, le scénario est trop beau pour être vrai. Même un nul comme Ravaillac peut réussir !
Il met son pied sur une roue du carrosse, s’appuie sur le montant et bim ! Trois coups de couteaux.
Le premier touche le roi au niveau des côtes. Le second est fatal. Il transperce le poumon gauche et atteint l’aorte. Le troisième est loupé et ne touche que le vêtement du roi. Mais, le mal est fait.
Selon ce que j’ai pu lire, le roi se contente de dire « Je suis blessé » ou « Ce n’est rien, ce n’est rien ». Désolé Henri, tu te trompes. Le marquis La Force qui l’a compris lui dit de « se souvenir de Dieu ». L’assassinat n’a duré que quelques secondes. Très apprécié de ses sujets et responsable d’un redressement spectaculaire de la France après les guerres de religion, Henri IV meurt à 57 ans.
Le bon François réagit comme un homme de son intelligence réagit. A sa place, vous auriez sprinté tout droit vers l’Espagne sans vous retourner. Lui, il est content. Il reste sur place. Il se prend quelques mandales. Le duc d’Epernon intervient. Il ne faut pas le tuer, il faut savoir ses motivations !
L’emprisonnement, l’interrogatoire et le jugement de Ravaillac
Ravaillac est emmené à l’hôtel de Retz pour être interrogé. Pour ses interrogateurs, il est inconcevable qu’un tel minable ait pu tuer seul le roi. Il faut trouver ses complices. Mais, Ravaillac le dit encore et encore : il a agi seul. Ce sont les sermons et ses révélations qui l’ont convaincu de tuer Henri IV. Son meurtre permet d’éviter la guerre avec le Pape et le meurtre des catholiques.
Il est persuadé que son acte sera apprécié par les Français.
Il lui faut cette conviction, car une anecdote amusante est que tout le monde peut entrer dans l’hôtel Retz. Chaque parisien peut donc venir le voir, lui parler, l’insulter… Imaginez quel plaisir cela aurait été si nous avions pu faire ça avec les terroristes du Bataclan !
Dans la nuit du 15 au 16 mai, Ravaillac est emmené à la conciergerie. Il est enfermé et gardé constamment. Il est sur une chaise, les fers aux pieds, les mains attachées dans le dos. Pas la situation idéale pour faire un pipi !
Heureusement, on vient vite lui changer les idées. On l’interroge pendant des jours. Son comportement change un peu. Il se vante moins et demande même que Dieu lui pardonne son meurtre. Il ressemble au petit brutal de l’école qui fait dans sa culotte une fois devant le directeur.
La pitié n’étant pas une croyance très répandue pour les tueurs de roi, la sentence approche. C’est le concours des plus belles idées de barbares. Catherine de Médicis veut qu’on l’écorche vivant. La soi-disant douceur des femmes se retrouve encore une fois contredite.
Il apprend sa condamnation à mort le 27 mai au matin. En attendant la liste des épreuves qu’il va affronter, ses testicules ont dû rentrer dans son ventre.
Pour ajouter un peu de piment, en plus de son exécution, sa maison natale est détruite et il est interdit de reconstruire quelque chose à son emplacement. Papa et maman doivent quitter la France et ne jamais revenir sous peine d’être pendus. Tous les membres de sa famille doivent changer de nom.
La torture horrible et l’exécution subies par Ravaillac
Il poursuit par la question préalable. Franchement, je crois que c’est l’équivalent de l’apéritif. Elle ne sert pas à grand-chose sauf à trouver le sourire avant le grand plat.
On lui demande encore et encore s’il a des complices. Il subit la torture des brodequins. En gros, ses bras sont sanglés et ses jambes sont entre des planches. Puis, on serre les planches de plus en plus fortement. Les coins s’enfoncent dans les genoux et les chevilles. Ravaillac hurle et finit par s’évanouir.
Rassurez-vous, la suite est encore pire.
On l’emmène sur son lieu d’exécution : la place de Grève à Paris. Il s’agit toujours de la même journée : le 27 mai 1610.
Je commence les détails capables de faire plaisir à tous les petits psychopathes qui m’écoutent.
Il est entièrement déshabillé et attaché. Le bourreau met dans sa main qui tenait le couteau pour tuer le roi, un autre couteau. Oui, on aime les fantaisies. Puis, cette main et tout l’avant-bras sont brûlés. On les plonge dans une cuve contenant du soufre et du poix. L’acte s’arrête qu’une fois que le membre est entièrement calciné. Puis, pour enlever cette viande trop grillée, on lui coupe la main et la jette dans un feu.
Le bourreau attrape une tenaille. On la rougit au feu, car sinon, ce ne serait pas drôle ! On utilise la tenaille sur ses cuisses, ses bras et son buste.
Pour la blague, on lui arrache les tétons. Sur les plaies, on ne met pas « Mercurochrome le pansement des héros », mais du plomb et du soufre. L’effet est immédiat. La peau laisse place à des plaies monstrueuses. Les témoins diront plus tard qu’on voyait presque ses os et que du sang jaillissait comme une petite fontaine. C’est bon ? Vous avez l’image en tête ?
Avant de terminer, je précise que l’on continue encore de lui demander s’il a des complices. Les gars ne sont quand même pas des génies. Le mec se fait torturer, il hurle, il sait qu’il est terminé et on se dit qu’un petit retrait de téton le convaincrait d’avouer un secret qu’il retient depuis des jours.
Le final débute. Restez accroché sur votre chaise.
Ravaillac a le droit à une petite pause. On respecte la sentence qui prévoyait que l’on « distille son âme goutte à goutte ».
Des chevaux arrivent. Ce n’est pas pour le Grand Prix de Vincennes. Ravaillac est allongé sur une planche de bois et attaché à des piquets. Les chevaux sont encordés et ils tirent. C’est un écartèlement en règle.
Le problème est que chaque cheval est essoufflé comme un gros après une montée d’escalier. Les os craquent, mais les membres ne se séparent pas.
Des gentlemen veulent participer. Des gars sortent de la foule pour tirer eux-mêmes sur la corde. Il y en a même quelques-uns qui montent sur des chevaux pour avoir plus de force.
Et, vous savez quoi ? Ce n’est pas suffisant ! Ravaillac est aussi dur à couper qu’une viande de cantine scolaire ! Le scénario dure 30 minutes. C’est un sketch !
Un assistant du bourreau décide de simplifier les choses. Il prend son couteau et découpe la chair des membres. Le gras en moins, la foule tirant les cordes, les chevaux fainéants remplacés par des bêtes de course, la récompense arrive.
Flop ! Ravaillac qui était un unique morceau se transforme en viande hachée. Ses membres se séparent et ses entrailles se vident.
Il est mort au terme d’un supplice de 4h. À Guantanamo, il aurait été la star des prisonniers. A Paris au XVIIème siècle, il est mort comme une fiente à 37 ans.
Si vous pensez que c’est la fin, vous ne connaissez pas encore la sagesse et le folklore de l’époque. La foule pousse les gardes et se jette sur les entrailles. Ils ont peut-être cru que Ravaillac était une pinata. À la place des bonbons, il y a des intestins et des organes.
La foule poignarde les restes. La pire folle est probablement la femme qui mord à pleine dents dedans. J’espère qu’elle s’est lavée les caries avant d’embrasser son mari en rentrant.
D’autres repartent avec des restes qu’ils sèment dans les rues avoisinantes.
Les gardes brûlent les quelques restes devant le Louvre. Dans leur esprit, c’est probablement un hommage pour le défunt roi de France.
Dans son esprit malade, Ravaillac a tué un hérétique qui œuvrait contre les Français.
En réalité, Henri IV était un roi aimé de son peuple. Il a montré une proximité avec les ouvriers et les paysans qu’aucun roi n’a montré avant ou après lui. Seul Napoléon aura cet amour deux siècles plus tard.
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).