Alain Mimoun : de l’Algérie française à la gloire olympique !

Médaillé olympique sur marathon en 1956, Alain Mimoun a une place particulière dans le cœur de beaucoup de Français. Cet amour n’est pas dû qu’à ses réussites sportives. Son histoire et sa personnalité l’ont rendu attachant.

Dans cet article, je vous propose de connaître l’essentiel de sa vie en une vingtaine de minutes. De sa naissance en Algérie à sa mort en 2013, plongez avec moi dans l’univers d’un sportif hors norme.

La jeunesse d’Alain Mimoun

Alain Mimoun est né le 1er janvier 1921. Au départ, Alain ne s’appelle pas Alain, mais O’Kacha. Alain est le prénom qu’il choisira lui-même plus tard.  Toutefois, par souci de compréhension et parce que ma prononciation de l’arabe doit faire hurler tout arabophone, je ne vais utiliser que « Alain » dans l’article.

Alain passe sa jeunesse au Telagh en Algérie. La vie n’est pas simple, même si comme tous les enfants insouciants, il ne s’en rend pas compte.

Ses parents sont de modestes paysans. L’amour est présent et remplace parfois la nourriture absente des assiettes.

Son père s’appelle Mohammed. Il bosse en tant que travailleur saisonnier comme cantonnier. Pour résumer le métier, Alain le résumera plus tard en « Il casse des cailloux et entretient les routes ». Quand il ne fait pas ce travail, il gagne son pain comme il le peut, notamment auprès de vignerons.

Sa maman s’appelle Alimia et s’occupe des enfants et du foyer. Je sais que l’on trouve souvent le prénom d’Halima, notamment sur Wikipédia, mais c’est une erreur. Elle s’appelait bien Alimia.

Selon Alain, sa mère est une femme petite, fragile, mais dotée d’une force mentale exceptionnelle. Tiens, tiens, pas grand et mental d’acier, je crois savoir qui tenait Mimoun !

L’Algérie étant française à l’époque, Alain va à l’école française. Gratuite, elle permet à ce petit gamin qui ne parle que berbère à la maison d’apprendre le français. Il ne se contente pas d’apprendre « Maman est en haut qui fait du gâteau, Papa est en bas qui fait du chocolat. » Il est un excellent élève. Il obtient son certificat d’études à 12 ans avec la mention « Bien ».

classe ecole algerie francaise
Photo d’une classe d’école en Algérie française (mais ne cherchez pas Alain, ce n’est pas la sienne !).

Quand l’institutrice est bonne et que les autres élèves ne sont pas des indisciplinés, toutes les classes sont presque sur un pied d’égalité. Alain le prouve.

Puis, il se confronte durement à la réalité de l’injustice administrative dans l’Algérie française. Il rêve de devenir instituteur. Pour y parvenir, il doit quitter le Telagh. Avec les maigres revenus familiaux, il ne peut pas demander à papa le paiement de la voiture et de l’appartement… Il fait une demande de bourse auprès de l’académie. Elle est refusée : pas parce qu’il n’a pas le niveau suffisant, mais parce que les enfants de colons sont privilégiés.

La nouvelle est affreuse. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, il travaille comme apprenti maçon pour gagner un peu d’argent et assure à ses parents que sa seule chance est de partir un jour pour la France. Il dit que l’Algérie a beau être un département français, elle est en réalité une colonie. Il veut être un Français comme les autres et partira donc un jour pour la métropole.

L’injustice qu’il a vécue ne se transforme pas en une haine de la France. Au contraire, il aime son pays comme un véritable patriote. D’ailleurs, il revit ce sentiment à chaque fois qu’il passe devant le monument aux morts de sa ville et qu’il se souvient de son oncle mort gazé à Verdun durant la guerre 14-18.

En janvier 1939, cet amour se concrétise par un engagement dans l’armée française. Il n’a alors que 18 ans et signe pour 4 ans. Il ne sait pas encore que la guerre approche et que cet engagement durera presque 7 ans !

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Alain Mimoun : sa bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale

Alain Mimoun fait partie du 19e régiment du génie d’Afrique. Il arrive en France pour la première fois de sa vie en octobre 1939.

Très vite, la France signe l’armistice. Même si les combats s’arrêtent, la vie continue plus ou moins normalement.

Son régiment finit à Bourg-en-Bresse. C’est dans cette petite ville qu’une grande partie de son destin se joue. Il découvre l’athlétisme dans le club local. Ses performances sont bonnes puisqu’il devient champion départemental sur 1500 mètres.

Peu de temps après, il doit retourner en Algérie. Il espère un sursaut militaire français, tout en continuant à s’entraîner. Quand il court, il est heureux. Et quand il est heureux, il court vite ! C’est un cercle vertueux de champion. En 1941, il est déjà champion régional sur 5000 et 10000 mètres.

Un petit interlude positif avant le retour des combats. Les Japonais ayant décidé de faire un 11 septembre avant l’heure à Pearl Harbor, l’Oncle Sam s’engage enfin dans la guerre mondiale. Ils débarquent en novembre 1942 en Algérie lors de l’opération Torch.

Quelques jours plus tard, son régiment marche vers la Tunisie pour se débarrasser des Allemands. Alain est au milieu de 50 000 courageux du Maghreb. L’adversaire fait peur : l’Afrikakorps d’Erwin Rommel. Il participe notamment à la bataille d’El-Guettar.

En décembre 1943, il est de retour sur le territoire européen. Son unité est engagée dès janvier 1944 dans la célèbre bataille de Monte Cassino. Jamais il n’oubliera les cris, la terreur et la mort. Profitant du terrain avantageux, les nazis font un carnage. Près de 55 000 alliés meurent.

Il survit, mais est durement blessé. Alors qu’il voit un officier jouer aux kamikazes, il court vers lui pour lui dire se mettre à couvert. L’idée était bonne, mais trop tardive. Un obus éclate. Le futur champion olympique s’écroule.

Sa jambe est sévèrement touchée. Le premier remède proposé est l’amputation. Heureusement, un médecin, le Dr Grasset, lui sauve la jambe. La convalescence dure longtemps. Mimoun a quand même le temps de se remettre en selle pour le dernier tour d’honneur.

Il passe de la saucisse de Morteau à la choucroute, soit du Jura à l’Alsace. Il survit à de nouveaux combats et fait partie de ceux qui prennent Stuttgart le 22 avril 1945. Il reste alors en Allemagne avec les troupes d’occupation, puis une maladie l’oblige à être rapatrié. Il est démobilisé en août 1945.

Le bilan de sa guerre ? Un héros comme beaucoup d’autres qui a évité de peu l’amputation. Il en ressort avec un sentiment de fierté présent pour le reste de sa vie. Il dira plus tard : « Ce dont je suis le plus fier dans ma vie, c’est bien d’avoir mérité mon titre de citoyen français sur les champs de bataille ».

Jusqu’à sa mort, lui, le petit enfant du Telagh, devenu la fierté des Français, installera le drapeau tricolore sur son balcon pour célébrer le 8 mai, le 14 juillet et le 11 novembre. Quand je pense que des malades mentaux voient désormais l’affichage d’un drapeau comme un signe presque raciste, je ris… ou je pleure, cela dépend des jours !

Sa montée en puissance dans l’athlétisme

La guerre terminée, les deux jambes toujours au bout du corps, Mimoun peut reprendre sa passion : la course. Pour financer sa carrière, il devient serveur. Après une petite polémique et une suspension pour être revenu sur un accord avec le Stade Français, il intègre le club du Racing.

Il obtient ses premiers titres de champions de France en 1947. Je précise que je n’énumérerai pas tous ces titres dans l’article tellement ils sont nombreux. Retenez juste que ce grand Monsieur a été 32 fois champion de France dans sa vie !

mimoun court
Très vite, Alain Mimoun s’impose comme le meilleur coureur de fond français.

Les JO de Londres en 1948 se profilent.

À cette époque, il y avait des événements passionnants en athlétisme : des matchs entre pays. Quand je l’ai découvert, je me suis dit que recréer de tels événements permettrait un renouveau de l’engouement pour ce sport. Lors d’un match contre la Tchécoslovaquie, Mimoun découvre à Prague, Emil Zatopek. Ce nom reviendra plusieurs fois dans la suite de l’article.

Et il revient dès maintenant. En 1948, lors des JO de Londres, leur route se recroise. Contre toute attente, Mimoun finit second et obtient une médaille d’argent derrière le Tchécoslovaque.

À vrai dire, les courses avec Zatopek ressemblaient au championnat de football actuel avec le PSG. Le suspense n’était pas de savoir qui allait gagner, mais qui allait finir second.

Au départ, modeste ouvrier, Zatopek est devenu la fierté des communistes. Comme Alain, ils aiment la course à pied jusqu’à en souffrir.

Devenu un grand espoir du sport français, Mimoun voit sa situation évoluer. Il devient moniteur à l’Institut National des Sports. Le travail est plus pratique que serveur quand on souhaite remporter une médaille d’or !

Je vous brosse un portrait quasiment parfait d’Alain Mimoun dans cet article, mais il avait évidemment quelques défauts. L’un d’eux fait presque sourire. Qu’importe son âge, quand il entraînait et courait avec ses sportifs, il ne supportait pas que l’un d’entre eux tente de le doubler. Cela l’enrageait. J’espère qu’il n’était pas pareil avec les passants quand il allait chercher le pain à 90 ans !

En 1952, il arrive aux JO d’Helsinki gonflé à bloc. Il vient de remporter deux nouveaux titres de champion de France, et a même battu le record national sur 10 000 mètres.

Mais, Zatopek qui est à la fois son concurrent, son ami et son idole remporte les deux épreuves : le 5000 et le 10000. Mimoun finit second à chaque fois. Ce n’est pas l’or, mais tout de même deux magnifiques médailles d’argent. Qui peut faire la fine bouche devant ces breloques ?

La réaction de Mimoun n’est d’ailleurs pas la déception. Il dit qu’il ne peut pas être humilié de finir derrière Zatopek et que son plus grand bonheur est de pouvoir regarder le drapeau français monter au mât lors de la remise des médailles.

Il est à noter qu’Emil Zatopek réussit un véritable exploit quelques jours après. Il remporte aussi le marathon ! Bravo, Emile, pour ce triplé historique ! En plus, tu viens peut-être de donner des idées à Mimoun : s’aligner un jour sur marathon.

Pour la petite anecdote, sa proximité avec Zatopek sera parfois critiquée. Des contemporains lui reprochent sa proximité avec un communiste. Mais, il s’en moque. En plus, des critiques comparables existent en Tchécoslovaquie, sauf que l’URSS n’est pas la France et le pauvre Emil subira une surveillance effrayante au point d’être mis à l’écart des autres dans les camps d’athlètes aux JO. Quelques années après, il finira même à un poste d’ouvrier très difficile pour avoir signé une pétition en faveur de plus de liberté dans son pays.

Une fois sa situation apaisée, il gardera toujours des contacts avec Alain Mimoun et les deux se reverront régulièrement à Paris.

Mais, revenons à Alain Mimoun et l’athlétisme. Quoique, parlons un peu de cœur, car derrière chaque grand homme se trouve une grande femme. Il rencontre après ces JO Germaine qui deviendra sa femme et l’amour de sa vie.

Malgré cette lueur, il n’est pas dans une période facile. Il souffre physiquement et on peut même dire qu’il connaît une dépression.

Il est proche du catholicisme depuis son enfance. Les frères blancs qui ne sont pas ses demi-frères cachés, mais des missionnaires en Afrique, lui ont donné la foi en Jésus durant sa jeunesse au Telagh.

Le simple croyant devient toutefois un catholique fervent après un pèlerinage à Lisieux. Il entre dans la basilique, s’agenouille devant la relique de Sainte-Thérèse de Lisieux et un miracle s’accomplit. Il tremble, la grâce est en lui. Dès lors, il gardera toujours sur lui une image de la sainte et fera un pèlerinage annuel à Lisieux.

Si vous êtes un collectionneur d’autographes et que vous voyez une signature d’Alain Mimoun avec « EED » à la fin, ne criez pas à l’erreur. En effet, sur toutes les signatures non officielles, il l’ajoutait pour signifier « Alain Mimoun Espère en Dieu ».

Le cœur amoureux, l’esprit tourné vers Dieu, Mimoun revient en feu. La dépression est passée, il retrouve l’ambition. En plus, il se marie et obtient les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur.

Sa médaille d’or aux Jeux olympiques de Melbourne en 1956

Il arrive à Melbourne en mode Sylvester Stallone dans Rocky. À chaque escale entre Paris et Melbourne, il s’entraîne, y compris en plein aéroport ou dans les couloirs d’hôtel. Si vous voyez sur Booking.com un avis deux étoiles disant qu’un malade faisait du bruit toute la nuit en courant, ne paniquez pas, il s’agit peut-être juste d’un Mimoun motivé !

Alain réserve une surprise lors de ces JO. Seules quelques rares personnes sont dans la confidence : son objectif est le marathon. D’ailleurs, il court tranquillement sur l’épreuve du 10 000 m et termine 12e.

Une bonne nouvelle le motive encore plus. Sa femme accouche d’une petite fille qui se prénommera Pascale-Olympe. Oui, les JO se retrouvent même dans le prénom de sa fille.

Le 1er décembre 1956, 15h, le marathon débute. Zatopek est présent sur la ligne. Mais, dès le 15e kilomètre, le Tchécoslovaque est en difficulté. Même courir 40 km par jour ne permet pas de battre des records indéfiniment.

Mimoun est dans le bon groupe. Ils sont cinq en tête. Au 20e kilomètre, l’Américain John Shelley souhaite attaquer. Il tape sur l’épaule d’Alain pour qu’ils fassent une échappée à deux. Ils se sont entraînés ensemble quelques jours avant l’épreuve et chacun sait qu’à deux, l’exploit est possible.

Le hic est que Shelley a fait une américaine. Son attaque termine comme une campagne marketing bâclée. Il a surestimé ses capacités et la cadence est trop rapide pour lui. Mimoun se retrouve seul. Il souffre le martyre. La chaleur est horrible.

En plus, le marathon est encore une épreuve obscure et les marathoniens se la jouent plus Terminator que tacticien. Il ne boit aucune goutte d’eau pendant toute l’épreuve qui dure 42 km avec 36 degrés à l’ombre.

mimoun melbourne jo 1956
Au bout de l’effort, le titre olympique !

Pour tenir, il se motive comme il peut. Il s’insulte, il pense aux êtres aimés, il essaie tout pour résister. Le public australien crie avec leur accent bizarre : « Vive la France » et même les motards de la police qui sont devant lui l’encouragent en criant « Very good ». Mimoun court, mais il n’est pas seul.

La délivrance arrive quand il voit le stade qui se profile. 120 000 personnes l’acclament pendant qu’il réalise le dernier tour de piste. En 2h25 et 4 kilos en moins sur la balance, il termine premier et devient champion olympique de marathon. Quel exploit !

Au retour de Melbourne, il réalise la portée de ce titre. Des milliers de personnes sont venus l’accueillir à l’aéroport.

« Mimoun ! Mimoun ! Mimoun ! » Son nom est scandé.

La fin de sa carrière sportive

Après Melbourne, sa vie change inévitablement. Un champion olympique n’est pas une personne comme les autres.

J’attaque brièvement le dossier sportif. Il continue de courir. Il obtient de multiples titres de champions de France jusqu’en 1959 sur 5000 et 10000 mètres, et jusqu’à 1966 sur marathon. Oui, son dernier titre de champion national est obtenu à 45 ans !

Ses vieilles jambes, comme il les appelle, le poussent même à participer à d’autres JO, à Rome en 1960. Comme il le dit : « Je suis revenu vivant de Monte Cassino. Pourquoi aurais-je peur d’un marathon ? ».

Il termine 34e sur 69. Il n’arrive plus à suivre l’allure des premiers. Les marathoniens sont en pleine progression et l’on pourrait même dire en « pleine professionnalisation ». Le premier termine avec dix minutes de moins sur le chronomètre, que lui, quatre ans avant.

Approchant les 40 ans, son classement et son chronomètre de 2h31 restent plus qu’honorables. Sa performance mérite tout notre respect.

Même après sa carrière, il continuera toujours à courir. Il veut le faire jusqu’à la fin de ses jours. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Dites-vous qu’en 1979, à 58 ans, il court le marathon de Paris qui vient d’être remis aux goûts du jour avec un nouveau tracé.

mimoun court 60 ans
Même à 58 ans, Alain Mimoun gardait un bon rythme sur marathon.

Coutumier des footings, il n’a pas tout perdu de ses qualités de coureur. Il réalise le parcours en 3 heures et 33 secondes.

Même à 80 ans, il courra ou marchera presque une dizaine de kilomètres par jour à son rythme et au grand dam de sa femme qui craint qu’il finisse par avoir un accident. Mais après tout, Mimoun qui meurt en courant, ne serait-ce pas l’équivalent de Molière qui meurt sur scène ?

En parallèle, il entame un projet de plusieurs années qui débouchera sur la création d’un centre sportif exceptionnel en Corrèze. Il s’agit du centre « Mille Sources » situé à Bugeat. De nombreuses sélections ont depuis réalisé des stages. Pour le financement, Alain Mimoun a pu compter sur le soutien de Jacques Chirac.

La vie de Mimoun à côté du sport

Je souhaitais un article complet sur Mimoun. Je me dois donc de parler de sa vie en dehors des pistes.

Un homme comme lui, à son époque, vit évidemment un traumatisme au moment de la guerre d’Algérie. Il a rarement évoqué le sujet, sauf pour dire qu’il était français et fier. D’ailleurs, il demande et obtient la nationalité française en 1963. Peut-on dire que c’est seulement à ce moment qu’il accomplit son rêve de jeunesse « devenir un Français à part entière » ?

Il n’a pas eu de liens avec le FLN, ou alors il l’a toujours caché. En effet, si le FLN a contacté tous les joueurs de foot algériens pour les pousser à clamer leur souhait d’indépendance, il est difficile d’imaginer que lui, légende du sport, n’ait pas été contacté.

Son patriotisme français affiché les avait peut-être refroidis. Il faut aussi dire qu’il n’a pas fait l’inverse : il n’a pas milité pour l’Algérie française.

En tout cas, même s’il a toujours envoyé un chèque à sa mère pour qu’elle ne manque de rien, il ne retournera en Algérie que bien tard, dans les années 80.

Enfin, il serait inconvenant de parler d’Alain Mimoun en omettant de Gaulle. Il est gaulliste depuis l’Appel du général en juin 1940.

 L’un de ses plus beaux moments est sa première rencontre avec lui dans les années 60. Il lui fait le salut et dit énergiquement : « Alain Mimoun, né en Algérie, mais toujours français ! Vous savez, j’ai été blessé à la guerre. ». Charles de Gaulle lui sourit et répond : « Je sais tout, monsieur Mimoun. Et vous comme moi, nous durons. ». Quelle fierté, le général le connaît.

Pour être précis, Mimoun n’aime pas seulement de Gaulle, il le vénère. Il a deux pèlerinages annuels : celui de Lisieux et un autre à Colombey-les-Deux-Églises. Après la mort du général et jusqu’à la sienne, il ira fleurir une fois par an la tombe de celui qui est, selon ses propres dires, « son guide et son maître pour toujours ».

C’est beau, non ? Que celui qui a le même amour pour Marine, Jean-Luc ou Emmanuel se prononce !

Ne croyez pas qu’Alain Mimoun fait partie des hommes qui annoncent blanc et font noir. Il refusera toujours les invitations de Mitterrand. Il le considère comme un mauvais homme. Il n’oublie ni son rôle à Vichy ni sa sévérité en tant que garde des Sceaux contre les nationalistes algériens condamnés à mort.

Même quand Danielle Mitterrand et Jack Lang ont essayé de jouer les entremetteurs, il s’est montré clair. Il ne veut rien savoir de François Mitterrand. Cet imposteur ne méritera jamais de trôner dans son musée personnel où ses coupes et ses médailles figurent à côté de portraits de de Gaulle, Chirac, de papes et d’autres hommes qu’il respecte.

Les dernières années d’Alain Mimoun

Pour sa dernière ligne droite dans la vie, Alain Mimoun retrouve davantage la simplicité que l’anonymat.

alain mimoun age

Beaucoup d’événements veulent avoir l’honneur de sa présence. Il est même invité aux JO de Pékin en 2008 à 87 ans, par Nicolas Sarkozy. Alain Mimoun est très heureux de cette reconnaissance, même si cela fait déjà de nombreuses années qu’il déplore le sport professionnel.

Comme beaucoup d’anciens, il regrette le manque d’authenticité et les montants financiers énormes en jeu. Toutefois, déjà à son époque, certains n’ont pas hésité à lui faire le même reproche, car il gagnait bien sa vie et réclamait très souvent une petite récompense financière pour ses apparitions, alors que d’autres galéraient pour financer leur carrière.

Début 2013, il vit le drame de sa vie. Sa femme qu’il a tant aimée meurt. Sa santé décline peu de temps après et il décède le 27 juin 2013, à 92 ans.

Évidemment, l’annonce de son décès s’accompagne d’une pluie d’hommages. Un hommage national lui est même rendu dans la cour d’honneur des Invalides. Il est prononcé par François Hollande. Corrézien, Hollande connaissait Mimoun et a ressenti une vraie émotion au moment de prononcer son discours.

Son corps repose désormais dans une chapelle qu’il avait construite, car il ne souhaitait pas être enterré.

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