Les JO de Paris sont l’occasion rêvée de mettre en valeur nos sportifs et sportives d’autrefois. Dans cet article, je vous ai sélectionné 10 hommes et femmes qui ont remporté au moins une médaille d’or durant des Jeux olympiques d’été s’étant déroulés avant l’édition de 1960.
Les JO modernes ont repris à Athènes en 1896. Entre cette édition et celle de Melbourne en 1956, la France a remporté une centaine de médailles d’or environ.
Il est donc fort possible qu’un homme ou qu’une femme que vous aimez ne soit pas présent dans ma liste.
Les médaillés d’or aux JO en vidéo !
Durée de la vidéo : 15 minutes
Alain Mimoun
Mon premier choix se porte par Alain Mimoun qui a été médaillé d’or sur marathon en 1956.
Je me sens obligé de mettre Alain Mimoun en premier dans ma liste. Je n’ai pas d’objectivité sur cet homme. Pourquoi ? Plus jeune, quand j’avais découvert son histoire et sa personnalité dans une émission sportive de France 2, je l’avais adoré tout de suite.
Alain Mimoun est né en Algérie en 1921. Cet ancien membre d’un régiment de tirailleurs algériens est un héros de la Seconde Guerre mondiale. Il a même été blessé lors de la célèbre bataille de Monte Cassino.
Il était alors à deux doigts de passer des jeux olympiques aux jeux paralympiques. Sa blessure est située à la jambe et il a échappé de peu à l’amputation. Si vous aimez voir des signes du destin, celui-là est clair !
Dès la fin de la guerre, sa carrière sportive prend son envol. Il intègre un club parisien et devient rapidement l’un des meilleurs coureurs de fond français.
Il remporte trois médailles d’argent aux JO de Londres en 1948 et d’Helsinki en 1952. Lors de ces éditions, il n’arrive pas à battre Emil Zátopek. Le Tchécoslovaque semble toujours courir sur la piste comme si un char soviétique le poursuivait !
Alain Mimoun entre définitivement dans la légende en 1956. À Melbourne, l’ancien combattant français court comme un lapin lors du marathon. Pourtant, les conditions climatiques de l’épreuve mériteraient désormais une « alerte rouge écarlate, planquez vos gosses » sur Météo France. Il fait 36 degrés à l’ombre !
Mais, pour un gars né dans une région chaude, qui a vécu dans la pauvreté et a combattu lors de la guerre, il s’agit d’un détail. Il en a vu d’autres ! Il finit les 42 km en 2h25 et bat enfin Zátopek.
Et comment pensez-vous que le Tchécoslovaque enfin battu réagit ? Comme un champion ! Alors qu’il a souffert comme un martyre à cause d’une blessure, Zátopek enlace et félicite Mimoun. Il n’y a pas à dire : les vrais champions se comportent différemment !
Les JO de Melbourne marquent ses derniers exploits. Quatre ans plus tard, à Rome, il termine 34e du marathon. Alain Mimoun est décédé en juin 2013.
Robert Charpentier
Le second nom de ma sélection est le cycliste Robert Charpentier.
Si le cyclisme est encore un sport apprécié par les Français, sa popularité n’a rien à voir avec celle d’antan. Les cyclistes d’autrefois étaient de véritables héros.
Robert Charpentier a laissé sa trace dans l’histoire aux JO de Berlin en 1936. Nos manuels scolaires d’histoire ont gardé la trace de Jesse Owens, le coureur américain noir. Mais, ils devraient aussi afficher un petit encart patriote pour nous rappeler que lors de ces JO, Charpentier a remporté 3 médailles d’or !
En effet, l’équipe de France de cyclisme a été magnifique lors de ces olympiades. Elle a remporté deux titres : championne olympique sur route par équipes et championne olympique de poursuite par équipes. Charpentier fait alors équipe avec Guy Lapébie et Jean Goujon.
Il gagne en plus un titre individuel sur route devant Lapébie et un Suisse à la douce sonorité germaine : Ernst Nievergelt.
La guerre débute 3 ans plus tard et l’empêche de participer à de nouveaux JO alors qu’il est dans ses meilleures années de cycliste. Il reprendra le sport professionnel quelques années après 1945, mais ne retrouvera jamais des moments de gloire.
Roger Ducret
Après Robert, je continue avec Roger : Roger Ducret !
Je ne peux pas parler de réussites sportives françaises en oubliant l’escrime. C’est notre sport ! En effet, la langue officielle de la discipline est l’escrime.
Nous avons tellement été des aficionados de l’épée, du fleuret et du sabre que nos politiques y ont joué. Vous ne me croyez pas ? Rappelez-vous Gaston Defferre. En 1967, l’inénarrable maire de Marseille participe au dernier duel officiel de France et fait couler le sang de son ennemi gaulliste, René Ribière, lors d’un duel plus pathétique que viril.
Mais, revenons à nos moutons et à nos vrais champions. Roger Ducret a obtenu 8 médailles olympiques. Ses olympiades de rêve sont celles de 1924. Lors de cette édition basée à Paris, il gagne 3 médailles d’or et 2 médailles d’argent. C’est le d’Artagnan de l’événement !
Il est le sportif français le plus médaillé de l’histoire des JO, en compagnie d’un autre escrimeur : Philippe Cattiau.
D’ailleurs, notons qu’à part le biathlète Martin Fourcade, le top 5 des sportifs les plus médaillés ne contient que des escrimeurs.
Quant à Philippe Cattiau, je suis maintenant obligé de le présenter. Comment pourrais-je faire autrement avec un tel palmarès ?
Philippe Cattiau
En plus de ses 8 médailles, dont 3 d’or, Cattiau est lié à un autre chiffre impressionnant : 5 ! Il a participé à 5 JO, débutant à Anvers en 1920 et finissant à Berlin en 1936.
Sa dernière médaille est obtenue en 1936 alors qu’il est dans sa quarantième année.
Après sa retraite sportive, Cattiau a entrainé l’équipe de France d’escrime pendant plusieurs années.
Son aisance en escrime est le fruit de la transmission familiale. Son père était sergent-chef d’escrime dans un régiment d’infanterie.
Et oui, aujourd’hui, lors de l’inutile JDC (Journée défense et citoyenneté), les instructeurs vérifient que les Françaises et Français savent écrire leurs prénoms sans faute d’orthographe. Un siècle plus tôt, l’armée vous apprenait à vous battre à l’épée, au fusil Lebel et à marcher au pas.
Suzanne Lenglen
Ma sélection n’est pas viriliste. Je n’oublie pas les femmes ! Même si les premières célébrités des JO sont principalement des hommes, il ne faut pas attendre Marie-Jo Pérec pour qu’une athlète obtienne une place particulière dans nos cœurs.
Un bon exemple est Suzanne Lenglen. Cette joueuse de tennis issue d’une famille aisée est une véritable championne de tennis. Elle détient plus d’une trentaine de titres et deux médailles d’or remportées lors des JO d’Anvers en 1920.
La première a été obtenue en individuel en battant l’Anglaise Holman 6-3, 6-0. La seconde est un titre en double mixte. Elle faisait alors équipe avec Max Decugis.
À 39 ans, elle meurt prématurément d’une leucémie. Parmi les nombreux hommages contemporains, le plus connu est le court de Rolland Garros qui porte son nom.
Pour les féministes présentes, rassurez-vous : elle n’est pas la seule femme de ma sélection.
Roger Michelot
Le prochain nom est un boxeur : Roger Michelot. Souhaitant mettre en avant un héros français du noble art des JO de Berlin 1936, j’ai retenu son nom. Mais, j’aurais aussi pu choisir Jean Despeaux.
Michelot a cependant réussi quelque chose d’unique : battre un Allemand à Berlin !
Le Français est arrivé revanchard. En 1932, il avait échoué aux portes de la finale et avait refusé le combat pour la troisième place. Un mec comme lui, ça visait le sommet, pas la médaille en chocolat.
Pendant les quelques années séparant les olympiades, Roger Michelot enchaîne les victoires. Il arrive à Berlin en étant imbattable. En finale, il décroche une droite dans la mâchoire de Richard Vogt. L’Allemand s’effondre, le Français exulte et rentre dans l’histoire.
Son exploit le fait aimer du public. Il a même été une source d’inspiration pour le film « L’As des As » avec Jean-Paul Belmondo.
Mais, je me confesse. J’affirme cela en croyant sur écrit un journal de Haute-Marne, le département dont est originaire Roger Michelot. Contrairement à mon père qui a dû le voir vingt fois, je n’ai jamais regardé l’As des As.
Joseph Guillemot
Le prochain athlète vainqueur d’une médaille d’or est Joseph Guillemot. Alors qu’il a à peine la vingtaine, Guillemot est déjà un homme qui a compris que la vie était courte. La raison est simple : il a combattu lors de la guerre 14-18.
Survivre au front est un exploit vite suivi d’un autre : battre Paavo Nurmi lors des JO d’Anvers en 1920. À moins d’être un incollable du sport, ce nom ne doit rien vous dire. Pourtant, le Finlandais est une légende de l’athlétisme. Il a battu 22 records du Monde et a remporté 12 médailles olympiques, dont 9 d’or.
Néanmoins, Guillemot est trop fort cette année-là. En 14 minutes et 55 secondes, il remporte le 5000 mètres.
Sur le 10 000 mètres, il est à deux doigts de pied et deux relents de réussir le même exploit ! En effet, en plus de courir avec des chaussures trop grandes pour lui puisque les siennes ont été volées, Guillemot vomit ses tripes. La course a été avancée de plusieurs heures et il n’a été prévenu qu’après avoir mangé…
Ces deux belles médailles en athlétisme seront les seules, puisqu’il n’a participé à aucune autre olympiade.
Paul Masson
Pour le suivant, les sources sont rares, car ses trois médailles d’or ont été gagnées lors des premiers JO modernes, à Athènes en 1896.
À 21 ans, le cycliste Paul Masson remporte ses trois épreuves sur des distances de 1 à 10 km. Sur l’une de ses victoires, il bat le grec Nikolopoulos qui pédale pourtant à domicile. Mais, le panache du Français est apprécié par le public puisque les Grecs applaudissent chaudement quand le drapeau français est hissé. On est loin des hymnes sifflés aujourd’hui au football !
Pour ceux qui aiment le cyclisme, il est fou de voir la différence morphologique de Masson avec les champions d’aujourd’hui. Si ses cuisses montrent une musculature fortement développée, le haut du corps est peu dessiné.
Quand il n’enfourche pas son vélo pour semer les autres, Masson est médecin et participera deux décennies plus tard à la Première Guerre mondiale en tant qu’officier médecin.
Micheline Ostermeyer
Mon 9e choix et dernier médaillé d’or, car oui je réserve une surprise pour le dernier, se tourne vers une femme, Micheline Ostermeyer.
Son profil est drôle, car elle cumule deux dons : le piano et le lancer d’objets lourds.
En gros, c’est le type de femme qui vous fait un air de Chopin et si elle se loupe, elle a la capacité de soulever son gros piano à queue pour le balancer par la fenêtre du salon.
Mais, contrairement à beaucoup de lanceuses aujourd’hui, Micheline Ostermeyer n’avait pas des bras de camionneuse et un physique à faire fuir le dandy. Elle était une sportive polyvalente capable de sauter en hauteur et de participer à des épreuves de sprint.
Lors des JO de 1948, elle obtient deux médailles d’or au lancer de disque et au lancer de poids, ainsi que pour compléter son cadre à souvenir, d’une petite médaille de bronze au saut en hauteur.
Elle mettra fin à sa carrière d’athlète trois ans plus tard à la suite de nombreuses blessures. Puis, elle se dédiera à ses passions musicales en faisant des concerts et en étant professeur de musique pendant plus de trente ans.
Jean Bouin
Je vais terminer mon article par le non-respect de mon titre. Oui, je sais, je suis un vrai rebelle. Je n’ai pas pu ne pas inclure dans ma liste, Jean Bouin. Cet athlète est resté dans les mémoires.
Né en 1888 à Marseille, il est peut-être le meilleur de sa génération. Il remporte 6 titres de champions de France et possède des records du Monde sur plusieurs distances de fond et demi-fond.
En 1908, sa participation aux JO de 1908 est entachée par des problèmes de comportement. Le jeune Jean Bouin semble trop apprécier la fête.
En 1912, il finit second aux JO de Stockholm sur le 5000 mètres. Durant cette période, son palmarès s’emballe et sa vitesse enflamme la presse sportive.
Dites-vous qu’entre novembre 1911 et juillet 1913, il fait tomber 7 records du Monde ! Mais, avez-vous entendu les dates ?
La guerre mondiale débute en 1914. Nous ne sommes pas dans une époque où l’exemption ou la désertion est un choix pour les hommes d’exception. Il intègre un régiment d’infanterie et refuse un poste d’instructeur pour aller au front, avec les autres Français courageux.
Malheureusement, il est tué le 29 septembre 1914 lors de la bataille de la Marne. Son nom est depuis dans la légende du sport français.
Il a même réussi un exploit unique à titre posthume : donner son nom à une tribune du stade Vélodrome et au stade collé au Parc des Princes. Être autant aimé des Marseillais et des Parisiens, c’est la preuve d’une vie unique !
Article écrit par Denis
Créateur de la Tête Haute Française, je partage mon amour de l’Histoire de France sans prétention, en essayant de la rendre amusante (même si je sais que cet humour ne sied pas à tout le monde).