Marquis de Vauban : les plus grandes réussites d’un architecte militaire exceptionnel !

Aujourd’hui, parlons du plus grand architecte militaire de l’histoire : Sébastien Le Prestre de Vauban. Mais, pour vous et moi, ce sera plus simple : Vauban, voire le marquis de Vauban.

Sous Louis XIV, Vauban a révolutionné les défenses de la France. Il ne pouvait pas admirer une ville sans réfléchir aux façons d’en faire une forteresse imprenable. Il était encore meilleur que Didier Deschamps qui joue avec 7 défenseurs !

Dans cet article, je vous fais un court résumé de qui il était et vous présente ses plus grandes réussites, dont les témoignages sont encore visibles dans certaines villes françaises.

Qui était Vauban ?

Si vous lisez un site d’histoire, j’imagine que vous connaissez le nom de Vauban. Mais, qui était-il ? Entrons dans les détails.

Sébastien Le Prestre de Vauban naît le 1er mai 1633 dans un village bourguignon. Sa famille est issue de la noblesse, mais tous les nobles n’étaient pas riches et dans les sources, on qualifie souvent sa famille de « pauvre ».

Pour faire plus simple, si vous comparez son statut avec la hiérarchie contemporaine, vous êtes davantage dans le fils de maire que dans le fils de ministre.

Vauban n’avait pas cinquante chevaux pour son anniversaire, mais sa famille le fait tout de même étudier dans un collège où il constate qu’il n’est pas à plaindre.

À l’école, le futur Maréchal de France n’apprend pas la théorie du genre, mais des choses utiles comme la littérature, les mathématiques et le latin. Grâce à ces acquis, il pourra plus tard réaliser des miracles d’ingénieur plutôt que des sculptures obscènes.

Alors que la Fronde survient, Vauban est recruté par le prince de Condé. Et, oui les condés faisaient déjà régner l’ordre face aux rebelles !

Vauban se distingue durant cette variante des « gilets jaunes » du XVIIe siècle. Son courage et son intelligence sont repérés. Et puis, à chaque siège auquel il participe, il sait soit mieux défendre, soit mieux attaquer que les autres. Il s’affiche comme le maître de la poliorcétique.

Retenez ce mot : poliorcétique. Il vous permettra de frimer en société. La poliorcétique est l’art de mener un siège.

La Fronde terminée, Louis XIV le recrute à son tour. En 1678, il le nomme Commissaire général des fortifications. C’est un nom plus classe que « Chef de chantier » !

Il poursuit alors une carrière exceptionnelle. Il fait édifier des forteresses qui ont servi pendant plusieurs siècles aux armées françaises. Même Napoléon reconnaîtra les qualités indéniables de son travail.

marquis de vauban
Deux âges, deux photos.

 Il crée sa « Ceinture de fer ». Ce n’est pas un outil pour les papas qui veulent punir leurs enfants comme des sadiques. C’est un ensemble de fortifications construites aux frontières pour empêcher les invasions.

Nous, les Français, n’avons pas la chance de vivre sur une île comme nos ennemis britanniques. Exposés par toutes nos frontières, nous avions terriblement besoin d’un homme comme Vauban.

En complément, il développe aussi le concept de « pré carré ». Ce pré carré fait partie de la ceinture de fer, mais est situé dans la partie qui semble la plus stratégique à l’époque de Vauban : le nord de la France. Il y concentre des efforts défensifs considérables avec un ensemble de forteresses réparties en deux lignes de villes fortifiées.

Je précise que son travail de bâtisseur ne signifie pas une mission en télétravail et la posture d’un « Monsieur, je sais tout » depuis le confort d’un canapé. Il participe même à un dernier siège en 1703 lors de la guerre de Succession d’Espagne. Il a alors 70 ans !

Vauban est resté dans la légende grâce à ses innovations. Il a travaillé sur plus de 150 forteresses et adopte le système « Vauban ». Quand vous laissez votre nom à un système, c’est un bon signe de réussite.

Voilà, la partie biographie est finie.

Maintenant, je ne vais évidemment pas vous présenter ses dizaines de réalisations, car cela prendrait trop de temps. Mais, j’ai sélectionné pour vous les plus célèbres. Je suis sûr que vous en connaissez déjà certaines.

Les plus grandes réussites militaires de Vauban

La citadelle de Lille

lille vauban
La fameuse étoile, une stratégie de Vauban.

Débutons par le nord de la France.

L’une des premières grandes réalisations de Vauban est la citadelle de Lille. Elle est construite à partir de 1667. La ville est alors dans le giron français depuis peu de temps. Auparavant, elle appartenait aux Espagnols. Les « Gracias » avec l’accent du nord devaient être magnifiques !

Le rendu de la Citadelle est tellement bon que Vauban la surnomme la « Reine des citadelles ».  Cette citadelle fait partie de la première ligne de son « Pré Carré ».

Pour la construire, 3 millions de blocs de pierre et 60 millions de briques ont été utilisés. Et pourtant, il a fallu seulement 3 années pour la construire !

C’est fou de se dire qu’un tel ouvrage a pris seulement trois années alors que j’ai l’impression d’avoir vu l’autoroute A10 en travaux pendant dix ans au niveau de Tours…

La grande originalité est sa forme en étoile avec cinq bastions. Ne cherchez pas un lien avec une secte obscure comme le font les Américains sur leurs billets de banque. Cette forme particulière permet une défense plus facile.

Au sein de la citadelle, vous retrouvez l’essentiel pour faire la guerre : des casernes, des magasins et une chapelle. Vauban pense vraiment à tout !

Une preuve de l’efficacité de la citadelle est le siège de 1708. Les armées impériales y perdent 75 000 hommes avant de prendre la ville, alors que les défenseurs comptent 5 fois moins de victimes.

Aujourd’hui, la Citadelle garde un usage militaire puisqu’elle accueille le Corps de Réaction Rapide-France. Derrière ce nom qui claque se cache l’état-major opérationnel déployable de plus haut niveau dont dispose l’armée française. Cette qualification n’est pas moi. Je cite mot pour mot le site du ministère des Armées.

La place forte de Besançon

Une forteresse parfaitement placée, entre les reliefs et le Doubs.

J’enchaîne avec la place forte de Besançon.

Entre 1674 et 1688, Vauban transforme Besançon en une véritable forteresse. Pour y parvenir, il s’aide de la topographie naturelle de la ville. Entre la colline et la rivière le Doubs, Besançon est l’endroit rêvé pour une petite forteresse estampillée « Vauban ».

Sur les sites internet de la citadelle ou de Grand Besançon, vous retrouvez pas mal de détails sur la structure des fortifications. N’hésitez pas à les visiter.

Il est passionnant de voir comment Vauban s’est appuyé sur l’existant pour parfaire la défense de la ville. Il n’a pas tout rasé pour refaire du neuf. Monsieur savait limiter la dépense.

Ainsi, il s’est servi de la Tour Notre-Dame qui avait été construite par Charles Quint. Quant à la Tour de la Pelote qui avait vu le jour en 1475, elle intègre les remparts.

L’élément le plus remarquable est probablement la citadelle qui s’étend sur 11 hectares. Elle est gigantesque et dépasse la vieille ville de plus de 100 mètres.

Si vous visitez Besançon, retenez que tout n’est pas issu du travail de Vauban. Laissons uniquement à Vauban ce qui appartient à Vauban. Les fortifications ont été poursuivies, notamment sous la Révolution.

La forteresse de Mont-Dauphin

mont dauphin
Mont-Dauphin, une ville créée de zéro.

Descendons un peu dans le territoire pour arriver à la forteresse de Mont-Dauphin. Elle se trouve dans les Hautes-Alpes, à une trentaine de minutes en voiture de Briançon.

Durant le règne de Louis XIV, les Savoyards ne se battent pas pour savoir qui a inventé la fondue, mais pour détenir un territoire fort et indépendant.

Le Mont-Dauphin a donc pour objectif de se protéger face à des hommes qui sont capables de se taper à pied un dénivelé de 1000 mètres pour une balade digestive.

L’emplacement est choisi avec intelligence. Il permet de contrôler en partie les accès au Dauphiné et à la Provence. Le nom de Mont-Dauphin est une petite dédicace de premier de la classe, puisqu’il est choisi pour rendre hommage au fil du roi.

Les travaux débutent en 1693 et se prolongent pendant plusieurs années. L’ambition de Vauban est grande. Il prévoit d’accueillir 2000 habitants à cet endroit.

L’ensemble comprend trois bastions, deux casernes, des maisons pour les civils, un arsenal… Mais, les guerres ont réduit le budget du royaume et Vauban ne peut aller au bout de son projet. Une église monumentale et un autre bastion ne voient pas le jour.

Le plus cocasse est qu’en 1713, la France signe le traité d’Utrecht. Ce traité met fin à la guerre de succession entre la France, l’Espagne et l’Angleterre. Les négociations permettent de repousser les frontières et Mont-Dauphin ne se retrouve plus situé proche de la frontière. Son intérêt est donc fortement réduit.

Les dépenses massives pour sa construction ne seront jamais rentabilisées puisqu’il n’y a pas eu de réels sièges à Mont-Dauphin. Les seuls incidents notables sont en 1815 contre des troupes austro-sardes.

Aujourd’hui, Mont-Dauphin est une jolie exception. La ville ne compte qu’une centaine d’habitants. Mais, quelle classe de vivre dans un tel endroit ! Les photos actuelles de Mont-Dauphin donnent envie de la visiter. Même si j’ai vécu quatre ans en Savoie, je n’ai jamais eu cette opportunité.

Les fortifications de Saint-Malo

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La Conchée est un miracle technique.

Quand j’entends Saint-Malo, j’ai tout de suite en tête des images de corsaires. Mais, c’est presque faire offense au marquis de Vauban.

Son travail à Saint-Malo débute en 1689. L’emplacement de la ville en fait une première ligne de défense contre les Anglais.

Pour préparer ses travaux, Vauban n’a pas eu autant de temps qu’un doctorant préparant une thèse. La guerre est là, il doit bosser vite. En une semaine, les plans sont faits. Pour aller vite et bien, il s’aide largement des défenses médiévales existantes.

Toutefois, le résultat n’est pas à la hauteur de ses espérances. Évidemment, la faute ne revient pas à Vauban. Un mec carré comme lui ne se plante pas. Le problème vient des habitants. Il a fait face à l’équivalent de nos comités de quartier qui pètent un câble dès que la ville envisage un plan d’urbanisation.

Il revoit son projet à la baisse. Son désir de construction d’un grand port de guerre est abandonné. Plusieurs forts sont néanmoins restaurés ou construits : comme le fort Royal (désormais appelé « fort National »), le Petit Bé ou la Conchée.

Ce dernier est considéré comme une prouesse technique exceptionnelle. Il a fallu plus de 30 ans pour concevoir le fort.

Aujourd’hui, les remparts de Saint-Malo et le travail de Vauban s’admirent toujours. Retenez cependant qu’ils ont été fortement restaurés après 1945. Et oui, les alliés ont été obligés de casser quelques trucs pour venir casser de la tête de nazi…

La citadelle de Blaye

citadelle blaye vauban
Une citadelle et deux forts pour former le Verrou de l’Estuaire.

Je termine la vidéo par la Gironde avec la citadelle de Blaye. Vauban n’était pas dans un esprit JO Paris 2024. Toute la France a profité du budget royal et de ses grandes œuvres.

Blaye n’est pas au bord de l’océan Atlantique, mais dans l’estuaire de Gironde. Le rôle de la forteresse est clair : protéger Bordeaux. Sa construction débute en 1685 et dure 4 ans. Durant cette période, Blaye change complètement de visage. Une basilique datant du IVe siècle disparaît pour laisser la place aux défenses.

Mais, ce n’est pas suffisant. À cet endroit, la Gironde est très large. Les canons à l’époque ne permettent pas de couvrir toute la zone. En cas d’attaque, les Français se sentiraient un peu bêtes s’il suffisait aux Anglais de naviguer, pour une fois à droite, pour éviter les tirs.

En complément, deux forts sont donc érigés. Le premier a un nom de charcuterie ; le fort Paté est au milieu de l’eau. Le second est le fort Médoc qui est construit sur l’autre rive. L’ensemble forme le Verrou de l’Estuaire.

Aujourd’hui, la citadelle fait officiellement partie de ce que l’on appelle « les fortifications Vauban ».

Les fortifications de Vauban

Les fortifications de Vauban est un ensemble de 12 sites imaginés par Vauban inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Ces sites sont censés représenter au mieux le travail génial du marquis de Vauban.

En plus de Blaye, ou de Besançon et Mont Dauphin que j’ai présenté avant, cette liste comprend :

  • La citadelle d’Arras qui fait partie de la seconde ligne de défense du fameux « pré carré » de Vauban ;
  • L’enceinte de Briançon, ainsi que les forts des Salettes, des Trois-Têtes et du Randouillet, et le pont d’Asfeld ;
  • La tour Dorée qui est une tour polygonale de défense se trouvant à Camaret-sur-Mer, dans le Finistère ;
  • La ville neuve de Longwy dans la Meurthe-et-Moselle. Malheureusement, ce lieu a subi de nombreux bombardements lors des deux guerres mondiales ;
  • La citadelle et l’enceinte de Mont-Louis qui sont l’équivalent d’un Mont-Dauphin dans les Pyrénées ;
  • La ville de Neuf-Brisach qui a été construite de zéro par Vauban après la signature du traité de Ryswick en 1697. C’est pour cela que vous retrouvez le mot « neuf » dans le nom.
  • L’enceinte et la citadelle de Saint-Martin-de-Ré qui, comme son nom l’indique, se trouvent sur l’île de Ré ;
  • Les forts et leurs tours d’observation de Saint-Vaast-la-Hougue & Île Tatihou (ou Tatiou, je ne sais pas si le h est muet !) dans le département de la Manche ;
  • L’enceinte, le fort Libéria et la grotte de Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées orientales.

Dites-vous que cette petite liste ne forme qu’une mince partie de l’œuvre phénoménale de Sébastien Le Prestre de Vauban. Merci à lui d’avoir tant protégé la France et les Français, et de nous avoir offert, à nous hommes et femmes du 21e siècle, des lieux exceptionnels à visiter !

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